El Greco

Le plus espagnol des peintres

Le Greco est le peintre fondateur de l'école espagnole et l'un des artistes les plus originaux qui soient. Contemporain de Cervantès, il reflète dans ses œuvres austères et maniérées l'Espagne de Don Quichotte. Pourtant, c'est dans les montagnes arides de la Crète qu'il a puisé son inspiration, ainsi que le traduit son surnom castillan (El Greco signifie Le Grec).

L'artiste est né en effet à Candie, aujourd'hui Héraklion, capitale de la Crète, vers 1541, sous le nom de Domínikos Theotokópoulos. L'île était alors une possession vénitienne. Là s'étaient réfugiés de nombreux artistes et lettrés grecs chassés par la conquête turque. Après s'être initié à l'art byzantin de l'icône, le jeune Domínikos est « monté » à Venise où il a découvert la Renaissance italienne, Véronèse et Le Titien.

L'enterrement du comte d'Orgaz (El Greco, 1586, église San Tomé, Tolède)

Après un bref séjour à Rome, au palais Farnèse, le voilà à Tolède où il reçoit de nombreuses commandes essentiellement religieuses. C'est là, pour l'église Santo Tomé, qu'il réalise en 1586 l'un de ses chefs-d’œuvre, L'enterrement du comte d'Orgaz.

Cette toile géante (480x360 cm) fait référence à une légende selon laquelle un bienfaiteur de l'église, trois siècles plus tôt, aurait bénéficié de l'assistance de Saint Augustin et Saint Stéphane à ses funérailles... Il s'agit par là d'encourager les donations à l'église !

Assomption de la Vierge, détail : signature du Greco (musée Santa Cruz, Tolède) (photo : Herodote.net, 2016)Avec cette œuvre, pour la première fois, le peintre maniériste rompt avec les conventions de son époque et témoigne d'un style résolument personnel : il fait abstraction du paysage et privilégie l'expression de la spiritualité à travers les formes torturées des personnages.

Le nom du Greco est depuis lors attaché à Tolède, première capitale de l'Espagne. Bien que déchue de son titre au profit de Madrid, elle conserve une allure aristocratique qui plaît au peintre et lui permet de jouir d'un train de vie luxueux.

Malentendu royal

El Greco (autoportrait, Metroolitan Museum of Art,Washington)L'artiste attire aussi, non sans mal, l'attention du roi Philippe II d'Espagne qui fait construire à proximité de Madrid son palais de l'Escurial et cherche, pour le décorer, des artistes de talent.

Mais Philippe II est rebuté par son Martyre de Saint Maurice et la Légion thébaine, une toile trop maniérée à son goût qu'il refuse d'accrocher au-dessus d'un autel, considérant que « les saints doivent être peints de telle sorte qu'ils n'ôtent pas l'envie de leur adresser nos prières ».

Aussi le roi, qui a deviné chez Domínikos une résonance particulière avec l'âme de la Castille, va-t-il finalement renoncer à lui confier la décoration de l'Escurial et laisser celle-ci à un artiste de second rang.

Son œuvre abondante, redécouverte par les romantiques du XIXe siècle, fait du Greco, mort le 7 avril 1614 à Tolède, non seulement un artiste majeur du Siècle d'Or espagnol mais aussi un peintre étonnamment moderne par sa profondeur psychologique et le caractère abstrait de son trait.

Camille Vignolle
Le martyre de Saint-Maurice et la Légion thébaine (Le Greco, huile sur toile, 448 x 301, chapelle royale, monastère de San Lorenzo, El Escorial)
Publié ou mis à jour le : 2020-01-28 14:28:57
Éli (17-04-2014 10:29:29)

J'ai très hâte de voir El Greco à l'exposition de Tolede. J'aurais aimé lire et voir davantage sur lui. Votre chroniue est courte.

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