Situé à une vingtaine de kilomètres au sud de Bruxelles, le site de la bataille de Waterloo a attiré dès le lendemain du 18 juin 1815 des foules de curieux (et de pillards), inaugurant ainsi le « tourisme de mémoire ».
Il est encore aujourd'hui protégé de l'urbanisation galopante de l'agglomération bruxelloise, ce qui en fait le seul site napoléonien à avoir conservé son aspect d'origine. Les visiteurs peuvent sans trop de mal imaginer les mouvements des troupes d'il y a deux siècles et les passionnés ne se privent pas de les reconstituer, pacifiquement et pour le seul plaisir des sens.
Les samedi 22 et dimanche 23 juin 2019, à l'occasion du 250e anniversaire de la naissance de Wellington et de Napoléon, auront lieu différentes animations : bivouacs, animations et reconstitutions de la bataille, avec canonnades, spectacles et participation de centaines de « reconstitueurs ».
C'est bien entendu aussi l'occasion pour les visiteurs de visiter les différents lieux de la bataille et les évocations muséographiques.
« Le champ de Waterloo aujourd'hui a le calme qui appartient à la terre, supportimpassible de l’homme, et il ressemble à toutes les plaines. La nuit pourtant une espèce de brume visionnaire s’en dégage, et si quelque voyageur s’y promène, s’il regarde, s’il écoute, s’il rêve comme Virgile devant les funestes plaines de Philippes, l’hallucination de la catastrophe le saisit. L’effrayant 18 juin revit ; la fausse colline-monument s’efface, ce lion quelconque se dissipe, le champ de bataille reprend sa réalité ; des lignes d’infanterie ondulent dans la plaine, des galops furieux traversent l’horizon ! le songeur effaré voit l’éclair des sabres, l’étincelle des bayonnettes, le flamboiement des bombes, l’entre-croisement monstrueux des tonnerres ; il entend, comme un râle au fond d’une tombe, la clameur vague de la bataille fantôme ; ces ombres, ce sont les grenadiers ; ces lueurs, ce sont les cuirassiers ; ce squelette, c’est Napoléon ; ce squelette, c’est Wellington ; tout cela n’est plus et se heurte et combat encore ; et les ravins s’empourprent, et les arbres frissonnent, et il y a de la furie jusque dans les nuées, et, dans les ténèbres, toutes ces hauteurs farouches, Mont-Saint-Jean, Hougomont, Frischemont, Papelotte, Plancenoit, apparaissent confusément couronnées de tourbillons de spectres s’exterminant... »
Victor Hugo, Les Misérables, Livre I, Waterloo, chapitre XVI Quot libras in duce ?1862.
Immersion dans la bataille
Le site de Waterloo est dominé par un tumulus artificiel de 40 mètres, la Butte du Lion, érigé entre 1823 et 1826 par le roi des Pays-Bas Guillaume Ier à l'endroit présumé où son fils et héritier le prince Guillaume a été blessé. Du haut du tertre se découvre l'ensemble du champ de bataille, resté intact.
Au sommet des 226 marches est juché un lion en fonte, symbole de la victoire alliée. Il « annonce le repos que l'Europe a conquis dans les plaines de Waterloo »... et il est vrai que la défaite de Napoléon a assuré un demi-siècle de paix quasi-totale à l'Europe.
Au pied de la butte, un mémorial circulaire de style néo-classique abrite depuis 1912 une grande toile circulaire de 110 mètres de tour et 12 mètres de haut qui raconte la bataille avec force bruitages, à la manière des « Panoramas » autrefois à la mode. En souterrain, une scénographie multimédia et immersive inaugurée en 2015 évoque les batailles de la Révolution et de l'Empire et les forces en présence à Waterloo. Passionnant et pédagogique.
À quelques centaines de mètres, les vestiges très bien conservés de la ferme-château d'Hougoumont rappellent l'héroïsme des alliés.
Ils sont encore visités avec ferveur par de nombreux Britanniques et l'on peut assister à l'intérieur de la grange à une magnifique scénographie autour des combats d'une extrême violence qui se sont déroulés à cet endroit.
Ici, cinq cents combattants, Gardes écossaises, Coldstream, soldats de Nassau et de Hanovre, ont résisté à près de huit mille Français, tandis que flambait le château et qu'une pluie de boulets et de balles s'abattait sur eux. Cinq mille assaillants sont tombés au cours de la journée sans parvenir à prendre la ferme-château. Autant dire que les Britanniques sont encore étreints d'émotion quand ils viennent à Hougoumont.
Parmi les autres lieux mémoriels du champ de bataille, citons le dernier quartier général de Napoléon, dans la ferme du Caillou, et la ferme de Mont-Saint-Jean, où un musée rappelle l'hôpital anglais qui y avait été installé pendant la bataille.
Deux musées peuvent compléter la visite du site :
• le musée de la bataille de Ligny (16 juin 1815), dernière victoire de Napoléon Ier.
• le musée Wellington : il est installé au centre de Waterloo, aujourd'hui une ville prospère de quelques dizaines de milliers d'habitants, dans la maison où le général anglais installa son quartier-général et passa les nuits des 17 et 18 juin.
On peut voir dans ce modeste musée la chambre où le général anglais veilla son aide de camp, mortellement blessé, ainsi que le bureau où il rédigea le compte-rendu de la bataille. C'est à cela que la bataille doit d'être désignée sous le nom de Waterloo. Elle s'est en fait déroulée sur le territoire des communes de Lasne, Braine-l'Alleud et Genappe, et dans les premiers temps, elle fut appelée en France « bataille de Mont-Saint-Jean ».
Tous les ans, des milliers de passionnés d'Histoire et de nostalgiques de l'Empereur se réunissent sur le champ de bataille de Waterloo pour des spectacles et une reconstitution de la bataille.
Les manifestations du bicentenaire ont accueilli 200 000 visiteurs les 19 et 20 juin 2015... soit davantage de visiteurs que de soldats deux siècles plus tôt (les reconstituants en uniforme ne furent quant à eux que 6 000).
Archéologie sous-marine
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Coussement (22-02-2024 08:03:10)
Une balade variée