Aspirant en 1910 dans un régiment d'infanterie wurtembourgeois, le jeune Erwin Rommel entre à l'école militaire de Dantzig et devient deux ans plus tard lieutenant.
C'est lors de la Première Guerre mondiale que Rommel montre pour la première fois ses talents de meneur d'hommes. Le futur maréchal révèle durant ce conflit son sens du commandement, mais également une certaine égocentricité, reflétée par la correspondance très fournie qu'il entretient avec sa femme.
Sur le front italien, à la tête de sa compagnie de chasseurs alpins, il remporte de nombreuses batailles par son impétuosité et son courage. Sa bravoure lui vaut la plus haute distinction militaire allemande, l'ordre Pour le Mérite. Il est adulé par ses hommes et certains disent de lui : « Le front se trouve là où est Rommel » !
Pendant l'entre deux guerres, il devient directeur d'une école militaire. À ce poste, il se montre compétent et pédagogue auprès des futurs jeunes officiers de la Wehrmacht. Engagé très tôt dans les SA, groupes paramilitaires nazis, Rommel se montre particulièrement enthousiaste lorsque la dictature hitlérienne se met en place en 1933. Il accède alors au grade de major, devient colonel d'un régiment puis directeur d'une école militaire.
Une admiration réciproque entre Rommel et le Führer naît au cours de la campagne de France, en 1940, lorsque Rommel, à la tête de la 7e division de Panzers du 15e corps perce les lignes françaises et contribue à la victoire finale. La rapidité de ses manœuvres et la vitesse de ses blindés amènent les Français à surnommer sa division : « La division fantôme ». Par ces actions d'éclat, il devient l'officier favori de Hitler.
Goebbels met alors sa machine de propagande en action afin d'en faire une idole populaire et l'incarnation même du soldat idéal du IIIe Reich. Cette notoriété, Rommel l'entretient et y prend goût. Il se montre par ailleurs obsédé par son avancement dans la hiérarchie militaire.
En février 1941, Hitler confie à Rommel un commandement en Afrique du Nord afin de soutenir les Italiens aux prises avec les Britanniques en Lybie. C'est à la tête de l'Afrikakorps que va se créer sa légende et cette formidable popularité auprès du peuple allemand. D'une mission d'assistance militaire, Rommel va donner à cette campagne peu ordinaire une dimension glorieuse et épique, marquée par la grande victoire de Tobrouk (Libye).
Les combats se déroulent dans le désert, soldat contre soldat, sans la présence de civils, limitant ainsi les bavures et les exactions habituelles dans les territoires occupés par les armées allemandes. La guerre retrouve sur ce champ de bataille les valeurs chevaleresques où des guerriers se respectent et s'affrontent dans les règles.
Churchill lui même reconnaît les qualités du chef de l'Afrikakorps : « Nous avons contre nous un adversaire très audacieux et très habile, et, puis-je ajouter en dépit des horreurs de la guerre, un très grand général ». Ses talents militaires ne peuvent pas tout. Le corps expéditionnaire allemand est submergé par la supériorité numérique des Alliés : la victoire britannique d'El-Alamein et le débarquement américain en novembre 1942 au Maroc marquent le début de la fin de la présence germano-italienne en Afrique.
Bien qu'inéluctable, la retraite de Rommel et des armées allemandes vers la Tunisie est intolérable pour Hitler qui souhaite contenir en Afrique les armées alliées le plus longtemps possible, afin de retarder tout débarquement en Europe. Le chef de l'Afrikakorps passe alors aux yeux du Führer et de l'état-major général comme un défaitiste.
Afin de maintenir son aura et sa popularité, bénéfiques au moral des Allemands, Hitler décide de lui retirer son commandement. Rappelé dès mars 1943, Rommel n'aura pas à subir la responsabilité de la défaite allemande en Afrique du Nord et son prestige demeurera intact.
Le chef du IIIe Reich se détourne néanmoins de son général favori, refusant même pendant un moment de lui attribuer une nouvelle affectation. Après un commandement en Italie du nord, il le désigne finalement en novembre 1943 comme organisateur des défenses du « Mur de l'Atlantique ».
Chargé de défendre le Reich face à un éventuel débarquement allié, Rommel fait preuve dans cette tâche de beaucoup de zèle mais s'oppose sur des questions stratégiques avec son supérieur direct, le maréchal Von Rundstedt, commandant en chef des forces à l'ouest.
Son commandement à la tête des armées du groupe B, entre la Hollande et la Loire, n'empêche pas les Alliés de réussir le débarquement de Normandie.
Le 17 juillet 1944, le feld-maréchal est grièvement blessé sur une petite route normande par une attaque aérienne. Il est en convalescence en Allemagne lors de l'attentat manqué contre Hitler, acte déclencheur de l'opération Walkyrie, trois jours plus tard.
L'enquête menée par son biographe Benoît Lemay sur l'engagement de Rommel aboutit à un jugement sans équivoque : Rommel n'a pas été partie prenante du complot ! Il ne fut jamais, de près ou de loin, membre de cette conjuration. Il garda jusqu'au bout un grand respect pour le Führer, même s'il reconnaissait la nature criminelle du régime et n'adhérait pas à l'ensemble des décisions stratégiques prises par le haut commandement. Mais certains conjurés s'appuyèrent sur cette attitude ambigüe pour l'impliquer et tenter de minimiser leurs actions afin d'éviter la pendaison.
Convaincu de son implication, Hitler donna alors le choix au feld-maréchal : un procès, la condamnation à mort et la déportation de sa famille, ou un suicide et des obsèques nationales. Rommel choisit de se donner la mort par le poison et de préserver ainsi son honneur.
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