Pays méditerranéen, le Liban présente une étroite plaine côtière dominée par le Mont Liban (environ 3000 mètres), séparé de l'Anti-Liban par une haute plaine, la Bekaa (aux environs de 900 mètres). La frontière avec la Syrie correspond à la ligne de crête de l'Anti-Liban.
Une densité exceptionnelle
Avec 10 452 km2, le Liban est un État un peu moins grand que le département français de la Gironde. Sur ce territoire vivent entre 3,5 et 4,5 millions d'habitants, ce qui représente une densité exceptionnelle, comprise entre 350 et 450 habitants/km2, soit aux environs de 400 habitants/km2, donc la 14e densité du monde. Mais, si on ne compte que les États de plus de 10000 km2, le Liban a la 4e densité du monde après le Bangladesh, Taiwan et la Corée du Sud, et devant les Pays-Bas (395) et la Belgique (340).
Cette densité s'explique par l'histoire migratoire du pays, lieu d'accueil, au long de l'histoire, de minorités menacées, cherchant refuge dans des territoires assurant une certaine sécurité grâce à leur topographie.
Le poids démographique du Liban est modeste puisque, quelles que soient les sources, sa population varie entre 3,5 et 4,35 millions d'habitants. On peut être étonné par l'ampleur de cette fourchette, mais il convient de préciser qu'aucun recensement général n'a été effectué depuis 1932, sous le mandat français (1920-1946). Un fait qui s'explique peut-être par les implications éventuelles qu'auraient pu avoir ses résultats sur le partage politique du pouvoir.
Le nombre d'habitants fait donc l'objet d'estimations différentes selon les sources. Le chiffre le plus bas est celui de la Division de la population des Nations unies, qui, dans le cadre de ses travaux, indique 3,577 millions d'habitants en 2005, la projection du Census bureau étant légèrement supérieure : 3,826 millions d'habitants. Mais ces chiffres sont nettement inférieurs à ceux qu'indique pour l'année précédente le Population Reference Bureau (PRB), soit 4,5 millions d'habitants. Quant à l'Administration centrale de la statistique du Liban, elle ne fait figurer aucun chiffre sur son site web.
Gérard-François Dumont, Les populations du monde (Armand Colin)
Un pays pluriconfessionnel
Le Liban est composé de multiples confessions, dont dix-sept sont reconnues dans les institutions. Les douze confessions chrétiennes, dont la plus nombreuse regroupe les Maronites, sont des églises orientales dont certaines sont rattachées à Rome (Maronites, Grecs catholiques, Arméniens catholiques, Syriaques catholiques, Chaldéens catholiques), d'autres ne reconnaissant pas l'autorité du pape (Grecs orthodoxes, Arméniens orthodoxes, Chaldéens orthodoxes, Syriaques monophysites). S'y ajoutent les catholiques latins et les protestants.
Les musulmans, plus nombreux depuis l'installation des Palestiniens, se partagent en sunnites et chiites, auxquels s'ajoutent des communautés syncrétiques, les Alaouites et les Druzes. Enfin, il faut compter une très petite minorité juive.
Reconstruire sa souveraineté
La diversité explique la solution institutionnelle mise en place en 1943 avec un pacte national fondant l'État libanais. Il en résulte que le président de la république est un Maronite, le chef du gouvernement un musulman sunnite et le président de la Chambre des députés un musulman chiite. Malgré diverses tensions - car la vie d'un pays n'est jamais un long fleuve tranquille - cette «Suisse du Moyen-Orient» a vécu de 1943 à 1975 ses «Trente Glorieuses».
Malheureusement, le contexte géopolitique du Moyen-Orient l'a ensuite emporté dans des conflits civils armés, attisés de l'extérieur, qui ont duré quinze ans et se sont terminés par une pax syriana depuis 1990. L'avenir du Liban passe désormais par la reconstruction d'une souveraineté dont la réussite suppose, d'une part, de marier le caractère pluriconfessionnel du pays avec certains éléments de laïcité et, d'autre part, un véritable soutien international.
Ce texte de Gérard-François Dumont a paru comme éditorial dans la revue Population & Avenir, n° 673, mai-juin 2005.
L'encadré est extrait de l'ouvrage Les populations du monde (Gérard-François Dumont, Armand Colin,2e édition, 2004).
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