Immigration

La «préférence nationale» depuis 1974

Jusqu'en 1974, de jeunes travailleurs d'Afrique du Nord, de Turquie ou d'Afrique noire venaient travailler légalement quelques années en Europe avant de retourner chez eux jouir de leurs économies, laissant la place à de plus jeunes. Mais avec l'augmentation rapide du chômage consécutive à la guerre du Kippour, l'opinion publique et les responsables de droite comme de gauche se rallient à une politique de « préférence nationale » en matière d'emploi. C'est ainsi que le 3 juillet 1974, en France, une directive suspend l'immigration légale de jeunes travailleurs du tiers monde.

La nouvelle réglementation met fin à la « noria » entre pays de départ et pays de travail. Les travailleurs étrangers réclament de pouvoir s'établir définitivement en France avec leur famille. Le gouvernement cède à leur pression. Dès le 1er juillet 1975, Paul Dijoud, secrétaire d'État à l'immigration dans le gouvernement Chirac, sous la présidence de Valéry Giscard d'Estaing, encourage l'immigration familiale en l'accompagnant de primes et d'aides à l'installation.

C'est le début d'un enchaînement absurde : l'État multiplie les encouragements financiers à l'entrée de non-travailleurs dans le pays (femmes, enfants...) et en même temps gémit de ne pouvoir correctement assimiler les nouveaux immigrants.

L'économie quant à elle ne trouve plus dans l'immigration légale les travailleurs motivés dont elle aurait besoin. Les employeurs en manque de main d'oeuvre, dans la confection, le bâtiment, les travaux agricoles,… bafouent la loi et le code de travail en multipliant les embauches d'étrangers en situation irrégulière.

Il s'ensuit de la part de tous les gouvernements successifs des rodomontades sans fin contre l'immigration clandestine, avec des propos excessifs et des mesures impopulaires, aussi fermes sur le papier qu'inopérantes dans la réalité.

La nouvelle réglementation se révèle également néfaste pour le tiers monde. Elle entraîne une diminution des transferts financiers vers les pays d'origine des immigrants, ces derniers n'ayant plus le souci de nourrir leur famille restée au village.

Au bilan, en contradiction avec le « bon sens » commun, les restrictions à l'emploi légal de travailleurs étrangers, en France et dans le reste de l'Europe, ont eu pour conséquence de favoriser l'immigration familiale et d'intensifier les flux migratoires sans pour autant réduire le chômage. Elles ont aussi provoqué l'ouverture de nombreuses filières d'immigration clandestine et l'apparition de nouvelles formes d'esclavage. Elles ont enfin aggravé la situation sociale des pays de départ, en Afrique notamment.

Publié ou mis à jour le : 2023-02-08 08:56:45

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