Que serait Napoléon Ier sans l’exil à Sainte-Hélène ? Un conquérant et un dictateur défait après quinze années de campagnes militaires.
Cet exil et la manière dont l’Empereur a su le magnifier à travers les confidences à ses proches ont élevé sa courte vie à la dimension d’une épopée incomparable, la « Légende des Siècles » (Victor Hugo).
Jean Tulard, grand historien de Napoléon et membre de l'Institut, nous raconte ci-dessous cette transfiguration romanesque, dans un entretien exclusif avec Richard Fremder.
Si lointaine Sainte-Hélène
C’est au soir de Waterloo que le règne finit et la légende commence.
L’Empereur prend à cheval la route de Paris. Épuisé, il arrive le 21 juin au palais de l’Élysée, où l’attend sa deuxième défaite. Sous la pression des deux Chambres, il abdique en faveur de son fils le roi de Rome, âgé de 4 ans.
Il propose alors de redevenir simple général pour protéger la France de l’invasion, mais le gouvernement provisoire s’y refuse et Joseph Fouché lui suggère de quitter Paris pour Rochefort, un port de l'Atlantique, en l'entretenant dans l'espoir d'une fuite aux États-Unis. L'ancien ministre de la Police veut surtout qu'il libère la place au plus vite.
Une petite suite d’une soixantaine de personnes se constitue en hâte autour de lui. Vêtements, vaisselle, argenterie sont empaquetés au hasard des trouvailles.
Après un crochet par la Malmaison où plane encore le souvenir de Joséphine, son amour de jeunesse, morte un an plus tôt, le 29 mai 1814, des suites d'un refroidissement sur l'étang de Saint-Cucufa, Napoléon arrive à Rochefort le 2 juillet 1815.
Il s'aperçoit alors qu’un navire anglais, le Bellérophon, bloque le port.
Un ordre de Paris, sans doute émis par Fouché, lui interdit qui plus est de faire marche arrière. Le voilà à la merci des Anglais, qui ne cachent pas leur haine de « Bony », surnom donné à Bonaparte.
Le 8 juillet, il remonte jusqu’à la presqu’île de Fouras et de là passe sur l’île d’Aix où il s’installe dans la maison du commandant. Il espère encore que les Anglais le laisseront gagner l’autre bord de l’Atlantique.
Dans ce but, le général Savary, son dernier ministre de la Police, se rend sur le Bellérophon en compagnie d'Emmanuel de Las Cases, un conseiller d’État qui a l’avantage de parler anglais.
Mais les deux émissaires se heurtent à un refus du capitaine Frederick Maitland.
Au congrès de Vienne, les représentants des nations européennes ont été échaudés par la fuite de l’île d’Elbe et ne sont pas le moins du monde disposés à des concessions. Ils confient la surveillance de l’ex-Empereur aux Anglais.
Il n’y a plus d’autre issue que de se rendre.
Napoléon transmet au capitaine Maitland une lettre destinée au Prince Régent, le futur George IV :
« Altesse Royale,
En butte aux factions qui divisent mon pays et à l'inimitié des plus grandes nations de l'Europe, j'ai terminé ma carrière politique et viens, comme Thémistocle, m'asseoir sur le foyer du peuple britannique. Je me mets sous la protection de ses lois, que je réclame de Votre Altesse Royale, comme du plus puissant, du plus constant et du plus généreux de mes ennemis.
Napoléon Ier ».
Le 15 juillet, il monte sur le Bellérophon avec le dernier carré de fidèles et arrive à Plymouth dix jours plus tard, où sa présence suscite une incroyable vague de curiosité.
On se garde bien de le laisser mettre le pied sur le sol anglais. C'est qu'il pourrait dans ce cas bénéficier des garanties juridiques de l'Habeas Corpus.
Alors, d’innombrables badauds montent sur des barques et entourent le Bellérophon pour tenter d’apercevoir « l’Ogre ».
Celui-ci, soucieux de soigner son aura, se prête au jeu comme on le voit sur la toile ci-contre.
Il se montre sur le pont du bateau, en haut de la passerelle, dans son uniforme favori, celui de colonel du régiment de chasseurs à cheval de la Garde impériale, la main dans son gilet et le bicorne de travers selon l’image que la postérité a conservé de lui.
Le 31 juillet 1815, Napoléon apprend qu’il va être envoyé à Sainte-Hélène, à 7 000 kilomètres au sud de l’Angleterre et à 1200 kilomètres de l’Afrique, au milieu de l’Atlantique. Âgé de seulement 45 ans mais déjà usé par les épreuves, il comprend qu’il risque d’y mourir.
L’île est la propriété de l’East India Company britannique. Pour le temps de la captivité de Napoléon, Londres renforce ses défenses avec deux régiments qui s'ajoutent à celui qui stationne déjà sur l'île et une escadre qui patrouille en permanence dans ses eaux !
Le gouvernement de l'île est confié à un lieutenant général aux ordres directs du ministre de la Guerre et des Colonies. L’amiral Cockburn va remplir cet office jusqu’à l’arrivée du général Hudson Lowe.
Une Cour de bric et de broc
Le proscrit se voit autorisé à emmener avec lui trois officiers, douze serviteurs et son chirurgien.
Ce dernier, le docteur Maingault, peu désireux de s’enterrer à Sainte-Hélène, déclare forfait. Aussitôt, le chirurgien du Bellérophon, le jeune docteur irlandais Barry Edward O’Meara (29 ans), tombé sous le charme de Napoléon, se propose pour le remplacer.
Parmi les fidèles qui accompagnent l’Empereur vers son dernier voyage figurent trois généraux d’Empire.
Le premier est le comte d’Empire Henri Gatien Bertrand (42 ans), qui est également grand-maréchal du Palais. Il emmène avec lui sa femme Fanny et leurs trois enfants.
Le deuxième, le marquis Charles-Tristan de Montholon (31 ans), tire son nom d’une famille de très ancienne noblesse.
Amoureux en 1809 d’une femme mariée et déjà divorcée, de quatre ans plus âgée que lui, il sollicite de l’Empereur l’autorisation de l’épouser mais se voit opposé un refus. Qu’à cela ne tienne, trois ans plus tard, à Moscou, il lui arrache son consentement en lui cachant le statut de la promise. Colère de Napoléon et disgrâce de l’insolent !
Montholon sert Louis XVIII pendant la première Restauration et obtient le grade de général avant de regagner les bonnes grâces de l’Empereur pendant les Cent-Jours. Le voilà embarqué prêt à tenter l'aventure de Sainte-Hélène avec son épouse Albine.
Le troisième général est le baron Gaspard Gourgaud (31 ans), une véritable groupie. Ce polytechnicien et officier d’artillerie, ancien aide de camp, voue une affection jalouse à l’Empereur. Il a insisté auprès de lui pour remplacer le général La Faye… Napoléon se repentira d’avoir cédé à sa crise de larmes.
Figure aussi le marquis et comte d’Empire Emmanuel de Las Cases (49 ans). Ancien émigré, il s’est rallié à Bonaparte sous le Consulat. À Rochefort, il a participé aux négociations avec le capitaine Maitland et convaincu Napoléon de se rendre. Il va jouer auprès de lui la fonction de secrétaire. Il est accompagné de son fils de quinze ans.
Les principaux serviteurs sont Louis-Joseph Marchand (25 ans), premier valet de chambre, qui va servir Napoléon avec un dévouement total (« Les services qu'il m'a rendus sont ceux d'un ami » dira de lui Napoléon), et Louis-Étienne Saint-Denis (27 ans), second valet de chambre, qui a remplacé le mamelouk Ali auprès de l’Empereur en 1811 et a adopté son nom ! Ajoutons le maître d'hôtel Cipriani et quelques autres domestiques. Au total près de cinquante personnes.
Le 7 août 1815, Napoléon quitte le Bellérophon et fait ses adieux au capitaine Maitland. Il est transféré sur le Northumberland, sous la surveillance de l’amiral George Cockburn. Adieu l’Europe.
Le 15 octobre 1815, après 70 jours de navigation, le Northumberland accoste à Jamestown, le port de Sainte-Hélène, une petite île montagneuse de 122 km2 que Mme Bertrand aurait décrite comme « chiée par le diable ». Près du tropique du Capricorne, elle a un climat subtropical similaire à celui des Canaries.
Quoique très isolée au milieu de l’Atlantique sud, l’île est une étape incontournable pour les bateaux anglais qui contournent l’Afrique et se rendent aux Indes. Ils y accostent très régulièrement pour faire le plein d’eau, de légumes et de citrons (un remède préventif contre le scorbut). C’est au total un millier d’escales par an !
On peut dire de l’île qu’elle était, il y a deux siècles, moins enclavée qu’aujourd’hui, seulement reliée au reste du monde par bateau (cinq jours de navigation au départ du Cap), avec le projet d’un petit aéroport dont on espère la mise en service en cette année 2016, pour accueillir les fans de l’Empereur.
L’amiral Cockburn héberge dans un premier temps son illustre prisonnier dans la ferme des Briars, exploitée par William Balcombe.
Betsy, l’une des deux filles du fermier, espiègle et enjouée, va se prendre d’affection pour Napoléon et éclairer d’un rayon de soleil les débuts de sa captivité.
L'Empereur se lie aussi avec un vieil esclave malais du nom de Toby qu'il demande en vain à racheter et libérer.
Mais le séjour chez les Balcombe ne saurait s’éterniser. Et comme le gouverneur n’entend pas partager sa belle résidence de Plantation House avec son prisonnier, il l’installe le 10 décembre 1815 à Longwood House.
Cette maison de maître est située dans la partie de l’île la moins engageante, sans vue sur la mer, infectée de multiples insectes, soumise tantôt à une chaleur torride, tantôt aux pluies, sans oublier le brouillard et une humidité persistante. Elle va devenir, de toutes les résidences impériales, celle où Napoléon aura passé le plus de nuits !
Même le gouverneur sir Hudson Lowe reconnaît l’état vétuste des logements : « Ni le mobilier, ni l’aspect général ne correspondent à ce qui pourrait être fourni à un officier de grade de général dans tout autre endroit, car le tout est d’une qualité très en deçà de ce qui équipe ma maison », écrit-il dans un rapport à son ministre de tutelle.
Il fait venir à Longwood des éléments préfabriqués et un mobilier de qualité en vue de construire une nouvelle maison à côté de l’ancienne et ainsi améliorer l’ordinaire de leur prisonnier. Mais celui-ci, trop tôt atteint par la maladie, n’aura pas le temps de l’occuper.
À Longwood, sur une surface habitable de 1000 m2, l’Empereur en occupe 180, dont une salle de billard qui lui sert jusqu’en 1819 pour recevoir ses invités, soit des lords anglais avides de profiter de l’escale pour faire la connaissance de l’Ogre, soit des fidèles venus s’enquérir de sa santé et lui apporter des nouvelles du Continent.
Selon son habitude, acquise sur les champs de bataille, il dort sur un lit de camp et prend généralement ses repas en vitesse dans sa chambre ou son cabinet de travail. Il réserve la salle à manger aux dîners protocolaires. Dans sa chambre, il conserve avec piété l’épée d’apparat qu’il portait à Austerlitz, souvenir des jours glorieux.
Napoléon veille à laisser closes les fenêtres car il est indisposé par la lumière du soleil et ne veut pas être vu par les soldats anglais qui casernent à quelques centaines de mètres de là seulement. Mais il passe de longs moments à espionner les mouvements des soldats à travers les persiennes, avec une lunette !
Pour tromper son ennui, il lit beaucoup, joue aux cartes ou aux échecs avec Las Cases, Gourgaud ou Montholon. Dans les deux premières années, il dicte aussi ses mémoires à ses compagnons. Au besoin, il étale des cartes sur le billard afin de leur expliquer ses batailles.
C’est avec Las Cases, intelligent, cultivé et doué d’une belle écriture, qu’il a le plus de plaisir à se livrer. Le secrétaire est convoqué à toute heure du jour et de la nuit pour coucher sur le papier les gloires passées de l’Empereur mais aussi les tribulations de ses dernières années.
Au témoignage de son valet de chambre, Napoléon se livre également à quelques exercices sexuels avec la jeune et fringante Albine de Montholon, laquelle reviendra en Europe en 1819 pour accoucher d’une petite fille, vite décédée. Son mari, en bon courtisan d’Ancien Régime, ne s’offusque pas de l’honneur que lui fait l’Empereur. Le couple espère surtout qu’il ne les oubliera pas dans son testament.
De façon plus inattendue, Napoléon se prend de passion pour les fleurs et de nombreuses gravures montrent le quadragénaire bedonnant en tenue de paysan, une fourche à la main. À vrai dire, ses travaux de jardinage consistent le plus souvent à tracer des plans sur le papier et en commander l’exécution aux domestiques, avec un résultat dont les visiteurs apprécient encore la qualité.
La suite du prisonnier occupe les autres bâtiments de la ferme, à l’exception de Bertrand qui a choisi pour sa famille une petite maison à l’écart.
« Général Buonaparte »
Les Anglais de Sainte-Hélène n’appellent pas autrement leur prisonnier que « le général Buonaparte ».
À une demande de Bertrand, le gouverneur Cockburn répond : « Vous me forcez de vous déclarer officiellement que j’ignore qu’il y ait actuellement un empereur dans cette île, ou que quelque personne possédant ce rang y soit venue avec moi sur le Northumberland ainsi que vous me le rapportez. »
Les instructions reçues de Londres par l’amiral sont comminatoires : « Lorsqu’il arrivera des vaisseaux à Sainte-Hélène, Buonaparte ne pourra sortir d’une enceinte où il sera gardé, ni communiquer avec les habitants. Ses lettres seront remises à l’amiral. »
Aussi le gouverneur impose-t-il à son hôte d’être escorté par un officier anglais à l’extérieur du jardin de Longwood, ce à quoi Napoléon se refuse.
Il rejette également toutes les invitations aux soirées du gouverneur, faute de pouvoir être reconnu à son juste rang. Quant aux courses de chevaux, grande distraction de l’île, il les regarde de loin, à la lunette.
Il restreint volontairement sa liberté de déplacement pour ne pas s’abaisser face à ses geôliers et laisse autour de lui l’espace se resserrer comme un étau.
Sir Hudson Lowe, qui remplace le 14 avril 1816 l’amiral Cockburn, va appliquer les consignes avec une rigueur maniaque, dans la crainte obsessionnelle que son prisonnier ne s’enfuit de Sainte-Hélène comme de l’île d’Elbe, une crainte qui n'est pas sans fondement car nombreux sont les Français qui échafaudent des plans pour son évasion.
Ses rares rencontres avec l’Empereur se passent très mal. C'est peu dire que ce dernier le déteste : « Une figure de Hyène prise au piège (...). J'ai vu des Tartares, des Cosaques et des Kalmouks, et je n'ai jamais vu une figure aussi sinistre et repoussante ».
Le gouverneur se montre inflexible et s’applique à faire le vide autour du prisonnier. Il expulse le 25 novembre 1816 Las Cases et son fils sous prétexte que le secrétaire aurait tenté de communiquer avec Lucien Bonaparte, le frère du conscrit.
Il semble que Las Cases ait lui-même aidé le sort. Jugeant avoir tiré assez de notes de ses entretiens avec l’Empereur, il voulait rentrer au plus vite en France pour les publier. Pas de chance. Les Anglais séquestrent au passage ses manuscrits et ne les lui rendront qu’après la mort de Napoléon.
Le gouverneur expulse aussi en mars 1818 William Balcombe et sa famille, coupables de sympathie pour le proscrit, ainsi qu’en juillet 1819 le chirurgien O’Meara. Celui-ci, en bon médecin, a diagnostiqué dès octobre 1817 une hépatite chez son patient et s’est permis de réclamer un aménagement de sa détention.
O’Meara sera remplacé auprès de l’Empereur par le docteur Francesco Antommarchi, un Corse envoyé à Sainte-Hélène en compagnie de deux prêtres à l’initiative de Letizia Bonaparte, Madame Mère. Napoléon ne l'aime pas et l'appelle « l'impudent carabin ».
Sainte-Hélène vue d’Europe
La mort, le 27 février 1818, du maître d’hôtel Cipriani va nourrir, longtemps après, la rumeur fantaisiste d’une tentative d’empoisonnement de l’Empereur. Mais il ne fait aujourd’hui guère de doute que Napoléon est mort prématurément, comme son père, d’un ulcère d’estomac qui a évolué en cancer. Les conditions de détention, ajoutées à l’inactivité et au stress, n’ont certainement pas arrangé son cas.
Le spectacle de sa petite cour n’améliore pas son moral. Les mesquineries et les disputes entre les officiers et leurs épouses, de notoriété publique, font même la risée de l’Europe. Ainsi l’irascible Gourgaud, jaloux de Montholon, n’est pas loin de le provoquer en duel. Il se résigne à partir en février 1818.
De ses conditions de détention, Napoléon ne manque pas d’en informer ses invités de passage de sorte que va se diffuser en Europe l’image d’un Empereur déchu mais digne, résistant héroïquement à la maltraitance de ses geôliers et en premier lieu de Sir Hudson Lowe !
Très affaibli par la maladie dès 1819, Napoléon Ier s'éteint le 5 mai 1821. Son corps est autopsié, mis en bière dans un quadruple cercueil et inhumé dans la vallée du géranium, un lieu dont il avait lui-même noté le charme.
Le pauvre gouverneur en subira les conséquences quand il rentrera en Angleterre en 1823. Au lieu de l’accueil triomphal qu’il espérait, il se verra honni par ses propres compatriotes au point de devoir fuir son pays pour une affectation dans une colonie lointaine.
La légende napoléonienne va naître avec les récits des compagnons de la dernière heure, qualifiés d’« évangélistes ». Le premier à paraître, en 1822, est signé du chirurgien O’Meara, Napoleon in exile.
S’étant réconciliés, Gourgaud et Montholon publient de volumineux Mémoires pour servir à l’Histoire de France sous Napoléon. Montholon publie aussi des Récits de la captivité en 1846 seulement, après avoir partagé avec Louis-Napoléon, futur Napoléon III, une autre captivité au fort de Ham !
Le général Bertrand n'a pas manqué non plus de recueillir les faits et gestes de Napoléon mais il les conservera sous une forme cryptée dans ses Cahiers de Saintes-Hélène, qui ne seront publiés qu'en 1951. Le témoignage qui aura la plus grande vogue est sans conteste le Mémorial de Sainte-Hélène (pas moins de 2000 pages). Il est publié par le comte de Las Cases en 1823, après qu’il a pu récupérer ses notes auprès des Anglais.
Ainsi la « bataille de Sainte-Hélène » va-t-elle contribuer au moins autant que les précédentes à la légende napoléonienne. Napoléon en a bien compris l’enjeu quand il soufflait à Montholon : « Si Jésus-Christ n’était pas mort sur la croix, il ne serait pas Dieu. »
Dans son testament, l'Empereur a légué à ses proches le mobilier et les objets qu'il avait amenés à Longwood. Les habitants de l'île ont de leur côté récupéré les objets que les gens de Longwood leur avaient achetés de sorte que la maison a été vidée de son contenu après la mort du reclus.
Beaucoup plus tard, en 1858, le gouvernement britannique a fait don à la France de la résidence de Longwood et de la vallée du Tombeau. Les conservateurs français qui se sont succédé à Sainte-Hélène ont eu dès lors à cœur de remeubler Longwood avec les meubles d'origine ou des copies.
Le domaine, auquel s'est ajouté en 1959 la ferme des Briars, est aujourd’hui sous la garde d’un consul français. Il est ouvert à la visite des rares touristes qui ont le courage d’affronter le voyage maritime, tel Jean-Paul Kauffmann, ex-otage au Liban et auteur de La chambre noire de Longwood (1997), récit intimiste de son pèlerinage à Sainte-Hélène.
L'État français, avec le concours de nombreux mécènes, a engagé dans les années 2011 des travaux de restauration de Longwood. Londres a de son côté dépensé plus de 300 millions d'euros dans l'ouverture d'un aéroport en vue de désenclaver l'île et ses 4 000 habitants ainsi que l'ouvrir au tourisme de masse. Mais en septembre 2016, les tests d'homologation de l'aéroport ont échoué en raison des vents violents qui balaient le site.
L'île continuera donc de n'être reliée au monde extérieur que par une liaison maritime hebdomadaire. Rien à voir avec les escales quotidiennes des navires reliant Londres aux Indes, à l'époque de Napoléon. Faut-il le déplorer ou s'en réjouir ?...
À défaut de nous rendre nous-mêmes à Sainte-Hélène, nous pouvons suivre son dernier voyage sur la très belle vidéo ci-dessous. Elle a été réalisée par des admirateurs britanniques dont nous avons respecté le sous-titrage en anglais :
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Voir les 6 commentaires sur cet article
Pierre Marie (06-10-2017 04:26:40)
Certes Hérodote est un excellent site consacré à l'histoire EN FRANÇAIS ... Mais pourquoi exclure l'usage occasionnel d'autres langues ! Ouvrons notre hexagone au lieu de le rétrécir !
Majoli (28-08-2017 13:18:52)
J'aurais aimé identifier les portraits de l'article ! Un simple nom sous chacun de ces portraits éliminerait tout doute quant à leur appartenance. Jouer à la devinette dans cette science qu'est l'... Lire la suite
Mirave (11-07-2017 06:22:50)
Dommage que le document ne soit qu'en anglais, c'est humiliant !