Napoléon Ier a vécu ses dernières années, de 1815 à 1821, à Longwood, sur l’île anglaise de Sainte-Hélène, au milieu de l’Atlantique sud.
Un fâcheux désintérêt de l'État français, un patrimoine bien loin des ministères, un déficit chronique des finances publiques... Longwood est aujourd’hui dans un tel état de délabrement qu’un appel aux dons des particuliers a été lancé en 2010 afin de procéder à un sauvetage de dernière heure.
À Longwood, le bâtiment concerné par le sauvetage n’est pas à proprement parler le logement de l’Empereur mais l'aile des Généraux, à savoir la partie de la résidence où habitait la suite de Napoléon Ier, le mémorialiste Las Casas, les généraux Gourgaud et Montholon...
Il s’agit d’une succession de petites pièces mal conçues dans lesquelles les militaires et parfois leur compagne ou leur famille tentaient de donner le change d'une cour impériale auprès du conquérant déchu. Il faut savoir que cet ensemble disparate dans lequel les Français se sont installés tenait plus de l’étable et d’une maison spartiate que d’un palais…
Les fidèles sont tombés de haut. «Ce n’est pas un joli séjour, reconnaît Napoléon en découvrant l’île. J’aurais mieux fait de rester en Égypte, je serai à présent empereur de tout l’Orient…»
Même le gouverneur britannique de l’île, le «geôlier» Hudson Lowe, reconnaissait l’état vétuste des logements : «Ni le mobilier, ni l’aspect général ne correspondent à ce qui pourrait être fourni à un officier de grade de général dans tout autre endroit, car le tout est d’une qualité très en deçà de ce qui équipe ma maison, écrit-il dans un rapport à son ministre de tutelle Henry Bathurst. Cette habitation relève davantage d’une maison ordinaire et rurale en Angleterre». On ne saurait mieux dire, et l’on sait pourtant que Hudson Lowe n’était pas du genre à s’apitoyer aisément.
Les bâtiments étaient déjà délabrés à l’arrivée de Napoléon Ier en 1815 – il en prendra possession en décembre, le temps que tout soit prêt. Le bâtiment principal, qui sera le logement de l’Empereur, est une ancienne vacherie. Les annexes, notamment l’aile des Généraux, sont construits à la va-vite en planches avec une toiture faite de papier goudronné. Puis d’autres constructions suivront au fur et à mesure des aménagements et des besoins. Le tout est soumis à une météo très changeante, où les alizés soufflent constamment.
Cette partie de l’île, peu engageante, infectée de multiples insectes, est soumise tantôt à une chaleur torride, tantôt aux pluies, sans oublier le brouillard et une humidité persistante. «Le diable a chié cette île, en volant d’un monde à l’autre !», s’exclame en arrivant l’épouse du général Bertrand, qui n’en croyait pas ses yeux. Les toitures fuient, la moisissure couvre très vite les murs, les cloisons pourrissent à tel point qu’un jour, le plancher de la chambre de Napoléon s’effondre pour laisser passer «un flot d’eau fétide». Sans parler des rats, un véritable fléau.
La cinquantaine de personnes qui s’entasse à Longwood se bat quotidiennement contre eux : ils dévorent le poulailler, hantent les cuisines, courent sur les murs, mangent les nappes, s’invitent carrément au dîner dans la salle à manger… Un jour, le maréchal Bertrand sera même grièvement mordu pendant son sommeil. Bref, météo, bâtiment, moral, tout est à l’avenant.
L'ensemble de Longwood, qui n'était déjà pas reluisant au temps de l'Empereur, est aujourd’hui, au XXIe siècle, dans un état déplorable suite à des rénovations incomplètes et mal conçues : structures abîmées, toitures hors d'usage, murs fragilisés, matériaux inadaptés au rude climat.
Le ministère français des Affaires étrangères, dont dépend ce bout d'île depuis 1858, a décidé de lancer enfin la restauration, en s'appuyant sur le rapport d'un architecte en chef des Monuments historiques, pour un coût global de 1,5 millions d'euros, dont pour moitié sous forme de souscription publique, sous l'autorité de la Fondation Napoléon, soit 750.000 euros dépendant du bon cœur des Français.
La rénovation de l'aile des Généraux entend restituer «des volumes correspondant à ce qui pouvaient être les lieux de vie en 1821» (date de la mort de Napoléon Ier) plutôt que de simplement réparer un existant passablement éloigné des premières constructions. Il s’agit, entre autre, de stopper les phénomènes de corrosion, de mettre un bardage extérieur en tôle d’aluminium teinté, de créer une aile de service qui protègera une partie des façades, d’ajouter une guérite d’entrée comme celle que l’on voit sur divers dessins et mettre en place un parcours pour faciliter l'accueil du public sur les lieux (plus de 7000 touristes chaque année font le pèlerinage).
L’appel aux dons est bien engagé : sur les 750.000 euros nécessaires, déjà la moitié est assurée par la générosité bien réelle du public et le soutien financier de la Fondation Napoléon (reconnue d’utilité publique) et du Souvenir napoléonien. Mais l’effort doit continuer !
Toute souscription peut faire l'objet d'une défiscalisation, d'un diplôme, d'une inscription sur un registre officiel pour la postérité (qui sera déposé aux Affaires étrangères), et, pour les plus généreux, de la remise d'une médaille commémorative spécialement gravée. De quoi entrer dans la Légende.
Pour souscrire : Fondation Napoléon, 148 bd Haussmann, 75008 Paris, ou téléchargement du bulletin de souscription sur le site de la Fondation.
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Publié ou mis à jour le : 2016-06-30 14:08:57
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