11 août 2024. Que n'a-t-on dit des Jeux Olympiques de Paris 2024! Un défi au-dessus des forces d'un pays surendetté et désindustrialisé, en proie au terrorisme, à la violence de rue et aux grèves. Qui plus est plongé dans une instabilité politique sans précédent depuis un demi-siècle et confronté à une nouvelle poussée de l'extrême-droite et un effondrement des partis modérés.
Tout cela est sans doute vrai. Mais tout cela ne nous a pas empêché d'offrir au monde une fête olympique à nulle autre pareille. N'en soyons pas surpris. Les Français démontrent depuis mille ans des ressources exceptionnelles...
C’est le 13 septembre 2017, à Lima (Pérou), que Paris a été choisie par le Comité Olympique International (CIO) pour accueillir la XXXIIIe Olympiade. Los Angeles, seule rivale en lice, s’est vue attribuer les Jeux suivants, ceux de 2028.
La France sortait alors d’une période électorale compliquée avec le renoncement du président Hollande à se représenter et l’élection surprise d’Emmanuel Macron face à la candidate du Front national.
L’opinion publique ne croyait pas à la capacité du pays à relever le défi des Jeux, d’autant qu’ensuite sont survenues l’épidémie de covid-19, la révolte des Gilets jaunes, des agressions terroristes en série et la guerre en Ukraine, dans un contexte socio-économique très dégradé (déficit commercial et dette publique plus élevés que jamais). L’incendie de la cathédrale Notre-Dame de Paris le 15 avril 2019 est venu ajouter au trouble.
Sept ans plus tard, le contexte national ne s’est pas amélioré, à preuve les élections européennes et législatives du 9 juin et du 30 juin-7 juillet 2024 qui ont vu la déroute des partis de gouvernement (PS, LR, centre) et la montée des extrêmes, LFI et surtout à droite le Rassemblement national.
Autant dire que jusqu’à l’ouverture des Jeux, chacun se demandait quelle catastrophe allait pouvoir survenir. Quelques jours avant, il se trouva quelques excités se revendiquant d’extrême-gauche pour tenter de paralyser le réseau ferroviaire mais l’incident fit long feu.
Si contestée qu’elle fut (1,75% des suffrages aux élections présidentielles de 2022 !), la maire de Paris Anne Hidalgo réussit son pari de se baigner dans la Seine et la cérémonie d’ouverture, le 26 juillet, put se dérouler sans anicroche, mettant en scène pour la première fois non plus un stade mais toute une ville et quelle ville ! La pluie s’invita au rendez-vous sans arriver à ternir la fête et pour mieux souligner la détermination et la ferveur des participants.
Comme pour honorer une réputation d’éternels rouspéteurs, on se querella brièvement à propos d’une parodie présumée de la Cène (le dernier repas du Christ) avant de passer aux Jeux proprement dits au Stade de France (Saint-Denis), à Paris, Versailles, Lille, Lyon, Marseille… et même Tahiti (en attendant les Jeux paralympiques (28 août-8 septembre 2024).
Laissons aux spécialistes le soin de commenter les compétitions. Tout en savourant le marathon, sur le parcours mythique de l’Hôtel de Ville au château de Versailles par lequel les Parisiennes firent basculer la Révolution les 5-6 octobre 1789.
Nous garderons de ces Jeux le souvenir d’une capitale méconnaissable. Un Paris de carte postale. Sans marteaux-piqueurs, sans papiers gras et quasiment sans voitures, klaxons et chauffards. Le cœur historique de la ville, Champs-Élysées, Tuileries, Invalides, etc., est occupé par une foule aimable et joyeuse, élégamment vêtue, de tous âges et de toutes les langues du monde.
D’aucuns se sont étonnés de cette incontestable réussite après des élections qui ont conduit près d’un tiers des votants à glisser dans l’urne un bulletin du Rassemblement national (extrême-droite). Ces électeurs ont participé autant que les autres Français à la préparation et à l’organisation des Jeux, sur les chantiers ainsi que dans l’accueil des visiteurs. Ils ont applaudi avec le même enthousiasme les exploits de leurs champions et des autres concurrents, sans regarder à leur origine ou leur couleur de peau.
La France, mille ans de passion et de générosité
La réussite des JO… tout comme la reconstruction exemplaire de Notre-Dame de Paris reflètent la capacité des Français à mener de grandes et belles actions collectives.
Dans le livre Notre Héritage, Ce que la France a apporté au monde (2022), j’ai recensé tout ce que doit l’humanité au peuple français, de l’émancipation des femmes, amorcée il y a mille ans, au combat contre les préjugés de couleur ! Nombre de lecteurs m’ont fait part du plaisir procuré par cette lecture...
Plus près de nous, portée par le savoir-faire pluriséculaire de ses administrations et de l’État, la France a continué d’innover, souvent avec ses partenaires européens : lancement de la construction européenne, industrie nucléaire, autonomie stratégique, Airbus et Arianespace, programme Erasmus, etc.
Tout cela était possible parce que les fonctionnaires et dirigeants français agissaient en pleine indépendance. Ils ne se demandaient pas comment agiraient les Allemands ou ce qu’en penseraient les Américains. Ils ne se soumettaient pas à l’avis des commis bruxellois ou aux injonctions des magistrats azéris, syldaves, bordures ou moldaves de la CEDH. Ils ne demandaient pas conseil au cabinet McKinsey ! Mais ils faisaient en toutes choses confiance à leurs concitoyens et à leurs institutions.
Les choses ont changé à la fin du XXe siècle quand la classe politique, droite et gauche confondues, a renoncé à son autonomie d’action en prétextant la nécessité de se placer sous la tutelle bruxelloise.
Il s’en est suivi des orientations hasardeuses : ouverture commerciale y compris à des pays déloyaux comme la Chine, acceptation de l’extraterritorialité du droit américain, alignement stratégique sur le Pentagone, mise en cause des choix nucléaires de la France, transition énergétique suicidaire, etc. Autant d’orientations jamais validées par le vote démocratique.
De là une sécession des élites métropolitaines et des classes laborieuses. Et bien que celles-ci aient toujours témoigné d’une ouverture généreuse sur le monde ainsi qu’en témoignent le grand nombre d’unions mixtes et l’absence d’émeutes anti-immigrés (rien à voir avec le Royaume-Uni, les Pays-Bas ou l’Allemagne), on se plut à les dépeindre sous un jour méprisant et à ne voir dans les réussites de notre pays que l’apport du monde extérieur !
La réussite des JO de Paris 2024 tout comme la restauration de Notre-Dame viennent nous rappeler que la France et les Français sont encore capables d’émerveiller le monde. Simplement à la condition de n’être pas bridés par des bureaucraties supranationales.
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Voir les 23 commentaires sur cet article
sdlC (17-08-2024 18:12:10)
je suis d'accord avec le commentaire "M Larané, cessez de passez la brosse à reluire au régime, [...] la cérémonie d'ouverture à été "magistralement" caviardé [...] sous le patronage d'un ade... Lire la suite
Michèle (13-08-2024 10:03:31)
Exact M. Larané. Un vrai festival ces jeux . J'y étais, j'ai vu , j'ai apprécié, j'ai côtoyé le monde entier et même entendu le silence dans Paris . Un miracle, une réconciliation avec la Vie ... Lire la suite
Philippe LAUWICK (12-08-2024 15:24:25)
Merci à André Larané pour ses commentaires que je partage et apprécie la plupart du temps. Sauf sur l'Europe ... La France a un poids mondial sans aucune mesure avec sa population et elle l'a enc... Lire la suite