Nous sommes le produit d'une évolution qui a débuté il y a quelque six millions d'années en Afrique, avec des Australopithèques et autres hominidés comme Toumaï et Lucy. Elle s'est poursuivie sur tous les continents.
C'est ainsi qu'au Paléolithique inférieur (Âge de la pierre taillée), des Homo erectus, espèce voisine de l'Australopithèque, ont migré de l'Afrique vers l'Eurasie il y a environ 500 000 ans. Au Paléolithique moyen, ils ont donné naissance à Néandertal, suite à différentes mutations génétiques.
Leurs homologues, restés en Afrique, ont quant à eux évolué vers Homo sapiens, l'homme moderne, c'est-à-dire nous-mêmes. L'expression, qui signifie en latin « homme qui sait », est due au naturaliste suédois Carl von Linné. Homo sapiens arrive en Europe sous le nom de Cro-Magnon vers 40 000 BP, après un détour par le Moyen-Orient. Cette arrivée coïncide avec les dernières glaciations et marque le début du Paléolithique supérieur.
Un ou plusieurs ancêtres ?
Il y a 30 000 ans, Homo sapiens se retrouve la seule espèce humaine à bord de la planète Terre (mis à part quelques populations résiduelles comme l'homme de Flores, en Indonésie, ultime représentant de l'Homo erectus). Mais grâce à la génétique, on a aujourd'hui la certitude qu'au Moyen-Orient et en Asie, vers 80 000 à 50 000 BP (Before Present, avant 1950), il s'est mélangé à des populations plus anciennes (Néandertal, Denisova) qui lui ont transmis une partie de leurs gènes.
Les paléontologues et anthropologues débattent aujourd'hui sur le point de savoir si l'Homo sapiens est apparu en Afrique vers 150 000 ans avant de coloniser le reste de la planète (hypothèse monogénique ou monocentriste, dite « théorie de l'arche de Noé ») ou s'il est apparu simultanément en plusieurs endroits de la planète à partir d'un ancêtre commun qui remonterait à deux millions d'années (hypothèse polygénique ou pluricentriste, dite « théorie de l'arbre de Noël » ou « théorie du candélabre »).
Les Chinois voudraient en particulier se convaincre qu'eux-mêmes et les populations d'Extrême-Orient ne sont pas issus de la deuxième sortie d'Afrique par Homo sapiens, vers 80 000 BP, mais plutôt de la première, par Homo ergaster ou Homo erectus, il y a 1,8 millions d'années. Ils fondent leur hypothèse sur la découverte en 1978, à Dali, au coeur du Shaanxi, d'un crâne vieux de 260 000 ans, intermédiaire entre Homo erectus et Homo sapiens !
Une hypothèse intermédiaire plausible voudrait que les hominidés du genre Homo en voie d'évolution se soient régulièrement mélangés au gré de leurs migrations respectives, évitant ainsi l'apparition d'espèces distinctes.
Une âme d'artiste
En Europe, les représentants d'Homo sapiens ont été baptisés Cro-Magnon d'après le nom d'une grotte, en Dordogne, où l'on a découvert en 1868 ses premiers ossements. Ils s'épanouissent au début des premières glaciations.
À Brassempouy, près des Pyrénées, Cro-Magnon nous a laissé le plus ancien visage féminin connu sous la forme d'une petite statuette en ivoire : la Vénus de Brassempouy ou Dame à la capuche. Elle aurait 25 000 ans. Presque aussi ancienne est la Vénus de Willendorf (Autriche).
Par ses peintures pariétales, dont nous restent les témoignages d'Altamira et Lascaux (environ 18 000 ans), de Chauvet-Pont d'Arc (32 000 ans)... Cro-Magnon confirme un remarquable sens artistique sans que l'on sache si l'art était le domaine réservé de l'homme, de la femme ou une activité partagée.
Le Paléolithique supérieur, durant lequel il a vécu, se découpe approximativement comme suit :
- Aurignacien (d'après Aurignac, Haute-Garonne) : environ 38 000 à 29 000 BP (premiers outils en silex, grotte Chauvet).
- Gravettien (d'après la Gravette, Dordogne) : environ 29 000 à 22 000 BP (Vénus de Brassempouy, grotte de Gargas, grotte Cosquer).
- Solutréen (d'après la roche de Solutré, Saône-et-Loire) : environ 22 000 à 18 000 BP (premiers propulseurs).
- Magdalénien (d'après la Madeleine, Dordogne) : environ 18 000 à 12 000 BP (grottes de Lascaux, Niaux, Altamira...).
Mésolithique et Néolithique
Le Paléolithique s'achève avec le recul des glaciers. Le réchauffement climatique inaugure une période charnière appelée Mésolithique, du mot grec mesos qui signifie milieu.
Le Mésolithique se caractérise par l'apparition des premiers villages permanents et la sédentarisation, notamment au Proche-Orient. Ainsi que le montrent des préhistoriens tel Jacques Cauvin, les hommes se sédentarisent pour des raisons de confort et, du coup, intensifient leurs méthodes de cueillette et de chasse.
Les outils en silex diminuent en taille (outillage « microlithique ») cependant que l'art figuratif recule et disparaît au profit de motifs abstraits plus simples.
La période préhistorique suivante, comprise entre 12 500 et 7 500 av. J.-C., est l'Âge nouveau de la pierre polie ou Néolithique. Elle est caractérisé par l'agriculture et l'élevage ainsi que la mise au point de techniques raffinées pour la taille des outils en pierre.
Aujourd'hui, il ne reste plus que cinq espèces d'hominidés : le gorille, l'orang-outan, le chimpanzé, le bonobo (un petit singe du Congo ressemblant au chimpanzé)... et l'homme moderne. Les cinq espèces ont en commun la station debout, une longue période de croissance et la capacité à employer des outils, capacité plus évoluée en ce qui nous concerne.
La lignée des orangs-outans en Indonésie a été la première à diverger de celles des hommes, il y a 12 millions d’années environ. Puis, la lignée des gorilles a suivi son propre chemin en Afrique vers 8 millions d’années. Les chimpanzés et bonobos actuels, qui vivent également en Afrique, sont nos plus proches cousins : nous avons des ancêtres communs avec eux qui vivaient il y a seulement 5 à 6 millions d’années.
Il est malheureusement vraisemblable que ces quatre hominidés disparaîtront avant le milieu du XXIe siècle, du fait de la folie prédatrice des hommes qui se disent sapiens !
Bibliographie
La Guerre du Feu, célèbre roman de Rosny l'Aîné illustre de façon spectaculaire et très fantaisiste l'époque paléolithique. Son adaptation au cinéma par Jean-Jacques Annaud n'est pas moins fantaisiste et invraisemblable.
Rien à voir avec le merveilleux petit livre de l'Anglais Roy Lewis : Pourquoi j'ai mangé mon père (Pocket). Cette fable préhistorique témoigne de la lente humanisation de nos très lointains ancêtres et des questions qui devaient se poser à eux.
Je recommande L'homme premier, préhistoire, évolution, culture (Odile Jacob), par Henry de Lumley, découvreur de la grotte de Tautavel, directeur du Muséum national d'histoire naturelle et du musée de l'Homme. Ce petit ouvrage accessible à tous les publics est une excellente initiation aux méandres de la paléontologie.
Sur Neanderthal et ses secrets, il vaut la peine de lire bien évidemment le travail remarquable et très complet de Marylène Patou-Mathis : Neanderthal, une autre humanité (Perrin).
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L’apprenti (15-12-2022 19:32:39)
Comment explique t’on l’évolution lente du savoir humain des temps anciens en rapport de celui d’aujourd’hui qui évolue à la vitesse grand V ou l’esprit humain est en progression menaça... Lire la suite