Dans les secrets de la police

 (L'Iconoclaste,  2008)

Voici un ouvrage qui sort de l'ordinaire et n'en est pas moins passionnant : Dans les secrets de la police, quatre siècles d'histoire, de crimes et de faits divers dans les archives de la Préfecture de police de Paris (éditions L'Iconoclaste, octobre 2008, 69 euros)...

Collectez dans les archives de la police nationale les documents relatifs aux plus sordides faits divers des quatre derniers siècles ; confiez-les à des historiens reconnus et des conteurs de talent et vous obtiendrez ce beau livre plein de surprises et d'agréments.

Rien de morbide. Rien de mesquin. Mais une redécouverte de l'Histoire de France à travers une entrée insolite : les coulisses de la police et des basses oeuvres.

Dans les secrets de la police constitue assurément l'une des plus belles réussites éditoriales de l'année, au moins dans le domaine que nous connaissons : l'Histoire.

Le mérite en revient aux éditions L'iconoclaste et à la Fondation de la Poste, qui a pris le risque de soutenir l'initiative.

Ces courts récits relatent aussi bien la grande Histoire, de l'assassinat d'Henri IV à Mai 68, que les moeurs de la truanderie au fil des siècles. L'Histoire revit à travers eux : Ravaillac, l'«affaire des Poisons» (à l'époque de Louis XIV et de la marquise de Montespan), Cartouche, Voltaire à la Bastille, l'affaire du collier de la reine, la Grande Terreur, le courrier de Lyon, Cadoudal etc.

Abondamment illustrés par des photos, gravures, lettres et documents de police, ils se lisent avec plaisir et n'en sont pas moins instructifs. Ils nous éclairent en particulier sur les moments les plus troubles de l'Histoire, qu'il s'agisse de la Commune et de la répression qui l'a suivie, de la Grande Guerre et de la chasse aux présumés traîtres ou encore de la Collaboration, de la Résistance et de l'épuration en 1940-1945.

Outre les récits d'histoire, l'ouvrage livre la transcription de plusieurs documents et rapports officiels. Certains ne manquent pas de piquant comme l'ordonnance d'exécution de Ravaillac, l'assassin du roi Henri IV. Extrait (âmes sensibles s'abstenir) : «Condamné à faire amende honorable devant la principale porte de l'église de Paris où il sera mené et conduit dans un tombereau ; là, nu, en chemise, tenant une torche ardente du poids de deux livres, il dira et déclarera que malheureusement et prémonitoirement il a commis ledit très méchant, très abominable et très détestable parricide et tué le dit seigneur Roi de deux coups de couteau dans le corps, dont il se repent, demande pardon à Dieu, au Roi et à Justice ; de là conduit en place de Grève et sur un échafaud qui y sera dressé, il sera tenaillé aux mamelles, bras, cuisses et gras des jambes, sa main droite, qui tenait le couteau avec lequel il a commis ledit parricide, sera brûlée de feu de soufre, et sur les endroits tenaillés, il sera jeté du plomb fondu, de l'huile bouillante, de la poix, de la résine brûlante, de la cire et soufre fondus ensemble...» (27 mai 1610).

Publié ou mis à jour le : 10/06/2016 09:42:47