Courrier international

14-18, la guerre des autres

Hors-série, N° , Juillet - Août 2014, 8,50€

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Cet hors-série de Courrier international apporte un éclairage inédit et passionnant, très bien documenté, sur la vision de la Grande Guerre de 1914-1918 dans les différentes régions du monde. C'est l'occasion de recenser les préjugés et les erreurs concernant l'Histoire du conflit et de ses causes.

Ainsi un magazine berlinois avance-t-il l'idée que les dirigeants allemands portent le poids écrasant de la guerre, selon la théorie fumeuse de Fritz Fischer (1908-1999), sans avancer pour autant des faits et des arguments pour démontrer cette assertion tissée de généralités. Les recherches autrement plus sérieuses de Christopher Clark démontrent que les responsabilités sont beaucoup plus diffuses.

Les Allemands s'étonnent de l'obsession passionnée des Français pour cette guerre... Il est vrai que celle-ci fut pour eux une défaite et signifia aussi la fin de l'autocratie impériale et les débuts de la démocratie parlementaire. En France, elle se solda par une victoire chèrement payée et surtout contribua à souder les citoyens autour de la Nation et de la République.

En Grande-Bretagne, où la Grande Guerre demeure une cause nationale très respectée comme en France, on s'interroge sur la qualité du commandement militaire. Il est vrai que celui-ci se révéla singulièrement défectueux dans l'armée anglaise comme dans les autres armées.

En Autriche, le magazine Profil évoque les exactions bien réelles mais méconnues commises par les armées austro-hongroises en Serbie lors de l'invasion de ce pays ainsi qu'en Galicie et en Ruthénie, des provinces autrichiennes envahies par les Russes durant l'été 1914 et dont les habitants sont accusés de faire cause avec l'ennemi. Dès juillet 1914, une ordonnance impériale a soumis les populations civiles aux tribunaux militaires. Trente mille sujets de la monarchie auraient été ainsi pendus dès les deux premiers mois de la guerre. À quoi s'ajoutent les exactions commis par les Autrichiens en Serbie lors de l'invasion de celle-ci. Ces crimes de guerre sont dénoncés dès 1917, au Reichsrat, le Parlement de Vienne, par les députés eux-mêmes.

Mais le magazine Profll brouille aussi les esprits en présentant le comte Istvan Tisza, Premier ministre hongrois, comme un pacifiste. En vérité, il voulait seulement éviter toute annexion de populations slaves qui eut déséquilibré l'empire au détriment des Hongrois et, pour cette raison, retarda de plusieurs semaines l'attaque punitive contre la Serbie, laissant aux Russes le temps d'organiser une riposte.

Notons un article très critique du Soir de Bruxelles sur la représentation caricaturale de la guerre par les nationalistes flamands, illustrée par la série télévisée In Vlaamse Velden. Contrairement aux assertions de ces nationalistes, les soldats flamands n'ont pas été désavantagés par leur méconnaissance du français. Leurs officiers, en général francophones car issus de la bourgeoisie, donnaient leurs ordres en flamand quand ils le pouvaient ou dans des termes convenus avec leurs soldats et compréhensibles par tous. Le problème était le même avec les soldats wallons dont le dialecte n'avait pas grand-chose à voir avec le français de la bourgeoisie. On pourrait ajouter que ce problème linguistique se retrouvait un peu partout, y compris dans les troupes françaises constituées de paysans bretons, corses, basques, languedociens ou autres, ignorants du français.

Courrier international ne s'en tient pas aux puissances du front et passe en revue les intervenants de la planète entière, comme le Canada où l'on s'afflige de l'absence de toute commémoration du Centenaire, ou les Indes où l'on se rappelle des premiers appels à l'autonomie interne, en lien avec l'engagement des indigènes dans la Grande Guerre.

André Larané


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