Mousse à 12 ans sur la Raisonnable, le jeune Horace Nelson est promu capitaine sur la frégate Hinchinbrooke à 20 ans. Ce grand marin, sans doute le plus grand qu'ait eue l'Angleterre, va révéler ses talents de stratège et son audace dans la guerre contre la France de la Révolution et de l'Empire
De l'énergie à revendre
Après le siège de Calvi où il perd un oeil le 12 juillet 1794, il participe à la bataille du cap Saint-Vincent, à la pointe sud du Portugal, le 14 février 1797, contre les Espagnols alliés de la France. Enfreignant les ordres de l'amiral de la flotte, il se lance lui-même à l'abordage des vaisseaux ennemis et en capture deux.
Encouragé par son succès, il tente du 22 au 25 juillet 1797 de s'emparer de Santa-Cruz-de-Tenerife, aux Canaries, mais subit un échec aggravé par la perte de son bras droit. Cette blessure le fait douter de lui-même et va l'insupporter pendant de longs mois. Mais elle lui vaut une immense popularité auprès de ses concitoyens et le grade de contre-amiral.
Impatient de reprendre le combat, Nelson obtient de l'Amirauté qu'elle lui confie le commandement de la flotte de la Méditerranée avec l'objectif d'intercepter le général Bonaparte dont on vient d'apprendre qu'il a quitté Toulon en direction de l'Orient.
Au soir du 1er août 1798, il surprend la flotte française du Levant en rade d'Aboukir. Les navires français se sont ancrés en ligne au plus près du rivage, en vue d'empêcher tout navire ennemi de les prendre à revers.
Jouant d'audace, Nelson, à la tête de sa flotte, voit d'un coup d'oeil la possibilité de se faufiler malgré tout entre le rivage et les navires ennemis. Il s'engage dans l'étroit conduit. Les canonniers français, déboussolés, n'ont pas le temps de retourner leurs canons vers la côte. Les navires français sont l'un après l'autre réduits à merci. Seuls les trois vaisseaux de l'extrémité ont le temps de lever l'ancre et s'enfuir, sous le commandement du contre-amiral de Villeneuve.
Par cette victoire d'Aboukir, Nelson voue à l'échec l'expédition d'Égypte de Bonaparte.
L'heure de gloire
Se dirigeant ensuite vers Naples, Nelson y arrive alors que les Bourbons viennent d'entrer en guerre contre la France mais doivent affronter un soulèvement révolutionnaire pro-français.
Nelson noue une liaison tumultueuse avec Lady Hamilton, épouse de l'ambassadeur britannique, et dans le même temps, dénonce l'armistice conclu par le cardinal Ruffo avec les révolutionnaires. Il contraint ceux-ci à la reddition sans condition et fait pendre l'amiral Caracciolo.
Nommé vice-amiral, baron du Nil, duc de Brontë et pair de Grande-Bretagne, il se dirige avec sa flotte vers Copenhague en vue de rallier de force les Scandinaves au blocus contre la France. À nouveau, son audace fait merveille. La capitale danoise est située sur l'île de Seeland et séparée de la péninsule scandinave par le détroit d'Oresund. Des batteries aux entrées de ce détroit protègent Copenhague contre toute attaque navale. Du moins les Danois le croient-ils...
Arrivé le soir du 1er avril 1801 à l'entrée du détroit, Nelson monte dans une chaloupe et, sous couvert de l'obscurité, entreprend un « piquetage » : avec ses marins, il délimite avec des piquets les bords du chenal navigable. De retour sur le navire-amiral, il guide sa flotte dans le chenal, tous feux éteints, de sorte qu'à l'aube du 2 avril 1801, les habitants de Copenhague ont la surprise désagréable d'être bombardés par la Royal Navy. La ville et la flotte danoise n'ont d'autre ressource que de se rendre.
À Paris, cependant, le Premier Consul Bonaparte s'est laissé convaincre par l'amiral de Latouche-Tréville de tenter la traversée de la Manche et l'invasion de l'Angleterre.
Dans cette perspective, l'amiral se voit confier la flotte de la Manche. Les 5 et 15 août 1801, devant Boulogne, il repousse avec succès la flotte de Nelson, infligeant à celui-ci les seules défaites de sa vie ! Mais la paix d'Amiens, le 25 mars 1802, va différer la traversée de la Manche...
Quand l'Angleterre noue une troisième coalition contre la France, Nelson reprend du service à la tête de l'escadre de la Méditerranée. C'est ainsi qu'il impose le blocus de la flotte française à Toulon pendant 22 mois. Mais l'amiral de Villeneuve qui commande celle-ci réussit à s'échapper vers les Antilles puis revient en hâte vers l'Europe dans le but de dégager la Manche en vue d'un débarquement français en Angleterre.
La journée de Trafalgar porte un coup fatal à cet espoir et annihile les flottes française et espagnole pour plusieurs générations (vingt vaisseaux de ligne capturés sans perte britannique).
Mais l'amiral est victime de sa vanité qui le porte à toujours se parer de ses décorations, qui le rendent immédiatement identifiable. Il est blessé sur le pont de son navire, le bien-nommé Victory, par une balle tirée de la hune du Redoutable. Avant de rendre l'âme, il a toutefois la satisfaction d'apprendre sa victoire. Son corps est ramené à Londres... dans un tonneau de rhum, seul moyen d'éviter une décomposition prématurée. Il est inhumé dans la cathédrale Saint-Paul, à Londres, au terme de funérailles nationales (sa veuve n'a toutefois pas permis à Lady Hamilton d'y assister).
La plus belle place de la capitale lui est depuis lors dédiée, avec une colonne de pierre qui supporte sa statue... et la compagnie des pigeons.
Guerres
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marc-aurel (29-09-2016 11:35:11)
Nelson était un stratège bien inférieur à Latouche-Tréville qui aurait sans doute changé le cours de l'histoire s'il avait vécu...