Le musée Jacquemart-André occupe un splendide hôtel particulier du Second Empire, sur le boulevard Haussmann, à Paris.
À côté des collections permanentes, il nous propose jusqu'au 21 janvier 2013 une passionnante exploration de deux artistes que chacun croit connaître : Antonio Canal, dit Canaletto (1697-1768) et Francesco Guardi (1712-1793).
L'un et l'autre se sont illustrés, chacun à leur manière, dans un genre qui fait encore fureur sur la place Saint-Marc, à Venise : la veduta (vue en italien).
L'idée de représenter la lagune est venue à vrai dire d'un Hollandais, le peintre Gaspar van Wittel. Las de peindre les paysages de son plat pays, il se rend à Rome et parcourt l'Italie avant d'aboutir à Venise, où il peint en 1697 une immense toile qui représente la place Saint Marc.
Précurseur de la photographie, il utilise une camera obscura (chambre noire) pour reproduire les vues sur un plan et n'avoir plus qu'à les décalquer.
C'est le début du védutisme. Ce genre pictural mineur est porté à maturité par Luca Carlevajlis, un peintre d'Udine (Frioul italien).
Venise, étape obligée du Grand Tour
En cette fin du XVIIe siècle, la cité des Doges est encore à la tête d'un vaste et riche empire maritime mais elle n'est plus que l'ombre d'elle-même. Sa victoire sur les Turcs à Lépante, en 1571, l'a épuisée.
Ville-musée, elle devient une étape obligée pour les jeunes et riches Anglais et Allemands qui accomplissent le Grand Tour (en français dans le texte).
Ces touristes vont se montrer friands des évocatons de Venise et le jeune Canaletto va mettre son talent à leur service.
Sa renommée s'étend très vite grâce à la protection de Joseph Smith, qui devient consul britannique en 1744. À son retour à Londres, en 1762, il vendra sa collection de veduta au roi George III de sorte que la reine Elizabeth II possède encore aujourd'hui la plus importante collection de Canaletto du monde.
Célibataire, Canaletto passe le relais à son neveu Bernardo Bellotto. Celui-ci devient également un maître du védutisme avec des représentations quasiment photographique. Mais c'est surtout dans les Cours des princes allemands qu'il va s'illustrer en représentant les paysages nordiques.
Le véritable successeur de Canaletto est Francesco Guardi, de quinze ans plus jeune que lui. Marié et père de plusieurs garçons dont l'un d'eux prendra sa suite, il s'inspire très directement de son aîné mais ne tarde pas à affirmer la singularité de son style.
Le grand mérite de l'exposition du musée Jacquemart-André est de présenter côte à côte des vues similaires de Venise par l'un et par l'autre. Ainsi décèle-t-on très vite l'art du détail et le sens aigu de la perspective chez Canaletto ; le goût de Guardi pour le clair-obscur et le fondu.
À la fin du XVIIIe siècle, le goût du public se tourne vers la représentation de ruines antiques et généralement imaginaires, le capriccio (caprice en italien). D'aucuns y voient le prémisse de la peinture romantique...
Les Français ont un maître en ce domaine : le peintre Hubert Robert (1733-1808), qui s'est formé à Rome.
L'un des précurseurs de ce genre pictural est Giovanni Panini (1691-1765). En se déplaçant de Rome à Venise, il adapte le capriccio aux paysages vénitiens. Francesco Guardi ne tarde pas à marcher sur ses traces et peint à son tour des ruines imaginaires pleine de sentimentalité.
Avec ces artistes et quelques autres, tel Jean-Baptiste Tiépolo (1696-1770), beau-frère de Guardi, connu pour ses fresques rococo, la Sérénissime République illumine le ciel européen d'un dernier rayon de soleil.
En 1797, le traité de Campoformio met fin à son existence millénaire en l'absorbant dans l'empire des Habsbourg.
Entrée : 16 euros (tarif réduit : 11,50 euros) |
Contact : Christelle Moreau, attachée de presse |
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Publié ou mis à jour le : 2016-06-30 14:08:57
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