Méconnu du grand public et des étrangers, le musée Jacquemart-André est l'un des plus beaux musées de la capitale française et sans doute l'un des plus dynamiques et des plus accueillants, nonobstant un prix d'entrée relativement élevé.
Son histoire remonte à Édouard André (1833-1894). Il est l'héritier d'une richissime famille de banquiers protestants originaires de Nîmes et, sous le Second Empire, va se montrer un fervent soutien de Napoléon III, jusqu'à s'engager dans le régiment des Guides de l'Empereur puis se faire élire député du Gard en 1864, à la suite de son père.
Hédoniste et amateur d'art, il se fait là-dessus construire un splendide hôtel particulier sur le boulevard Haussmann nouvellement ouvert, dans la plaine Monceau, lieu d'élection de la bourgeoisie impériale. L'architecte Henri Parent en assure la construction de 1866 à 1875.

Un mariage blanc de très grand profit pour l'art
L'hôtel est surélevé et en retrait par rapport au boulevard, afin de mieux impressionner les passants et les invités. Ces derniers entrent en calèche sous l'hôtel, par le côté droit et arrivent dans la cour, devant la façade d'honneur. La calèche peut repartir en passant sous l'hôtel par le côté gauche.
Le propriétaire donne des fêtes somptueuses dans cet hôtel, dès la fin du Second Empire, accueillant jusqu'à mille invités par soirée dans les salons décorés dans le goût du XVIIIe siècle et le jardin d'hiver surmonté par une immense fresque de Tiépolo.
Son mode de vie désordonné lui vaut d'attraper une maladie vénérienne, la syphilis.
Qu'à cela ne tienne, en 1881, sur les instances de son oncle, il accepte d'épouser une amie qui exécuté son portrait quelques années plus tôt, Nélie Jacquemart (1841-1912).
Fille adultérine d'une servante et du régisseur du château de Chaâlis, au nord de Paris, celle-ci n’a d’autre ambition, toute sa vie, que de s’intégrer à l’aristocratie afin de surmonter ce déshonneur.
Elle bénéficie d'une excellente éducation comme demoiselle de compagnie auprès de la châtelaine de Chaâlis et devient portraitiste de la bonne société.
Nélie Jacquemart, bien sûr, accepte le « mariage blanc » que lui propose le banquier. D'un fort tempérament, elle remet de l'ordre dans la gestion de l'hôtel... et dans le comportement de son mari.
Unis par la passion de l'art, ce couple platonique va dès lors multiplier les voyages afin d'acquérir les oeuvres qui viendront embellir l'hôtel du boulevard Haussmann.
À la mort de son époux, Nélie Jacquemart agrandit les collections et, en l'absence d'héritier, les lègue, ainsi que l'hôtel, à l'Institut de France.
Depuis lors, l'hôtel est ouvert à la visite. Dans un cadre chaleureux et parfois avec une animation musicale, on peut y découvrir de très belles collections du XVIIIe siècle mais aussi de la Renaissance et du Moyen Âge gothique.

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Publié ou mis à jour le : 2016-06-30 14:08:57