Avec 11 millions d'habitants (2010) sur 163 000 km2, la Tunisie est le plus petit des trois États du Maghreb (Occident en arabe) ou Afrique du Nord.
C'est aussi celui des trois qui est le plus arabisé et également le plus imprégné de culture occidentale. Un paradoxe qui peut s'expliquer par la proximité géographique avec la Sicile et l'Italie ; plus sûrement par les contacts fréquents avec le Nord comme avec l'Orient.
Notons aussi que le pays n'a pas eu à subir de conquête militaire ni de guerre d'indépendance comme l'Algérie voisine, ce qui peut expliquer une relation plus sereine avec l'Europe et la France.
La Tunisie occupe essentiellement l'ancienne région de Carthage. Les restes de l'ancienne cité punique sont visibles dans la banlieue de Tunis, l'actuelle capitale du pays, à l'origine de son nom.
Après la chute de Carthage, les Romains annexent le pays, non sans rencontrer une âpre résistance des habitants, les Numides, commandés par Jugurtha. Ils en font une province sous le nom d'Afrique. Ce nom, qui sera plus tard donné à l'ensemble du continent, vient d'une population guerrière de la tribu des Awragas, les Afris.
Sur la fin de l'empire romain, l'Afrique devient l'un des greniers à blé de Rome. Le christianisme s'y implante avec vigueur, soutenu par de très fortes personnalités (Tertullien, Cyprien, Augustin). Mais l'arrivée des Vandales, une tribu germaine, réduit à néant la prospérité de la région au Ve siècle. La reconquête de l'Afrique par Bélisaire en 534, pour le compte de l'empereur Justinien, n'arrange rien.
Les empereurs romains de la dynastie des Sévère ont traité avec la plus grande bienveillance les provinces du sud de la Méditerranée dont ils étaient originaires. La province d'Afrique (l'actuelle Tunisie), a vécu son Âge d'or sous leur règne. On peut s'en rendre compte aujourd'hui encore en visitant l'amphithéâtre de 40.000 places construit dans la ville de Thysdrus (aujourd'hui El Jem, entre Monastir et Sfax). Du fait de son isolement géographique et de sa situation dans une zone semi-désertique à l'air sec, cet amphithéâtre, comparable par sa taille au Colisée de Rome, est aujourd'hui le mieux conservé qui soit.
Dans ces conditions, les Arabes musulmans n'ont pas grand mal à occuper l'Afrique. Leur général Oqba ben Nafi fonde en 670 le camp retranché de Kairouan à partir duquel va s'organiser la conquête de l'Afrique du Nord. Celle-ci passe sous la tutelle de Damas puis de Bagdad, capitales successives du califat et de l'empire arabe.
Au IXe siècle, à Kairouan, les émirs de la dynastie aghlabide prennent leurs distances avec Bagdad. Ils conquièrent pour leur propre compte la Sicile voisine. Mais ils sont renversés en 909 par un prétendu descendant du calife Ali et de Fatima, la fille du prophète Mahomet, Obéid Allah, qui se réclame du chiisme et se présente comme le nouveau «Mahdi» (envoyé de Dieu). - des Fatimides aux Zirides (909-1051) :
Obéid Allah fonde la dynastie des Fatimides et porte sa capitale Kairouan à son apogée
L'un de ses successeurs conquiert l'Égypte en 972 et laisse la Tunisie à un chef kabyle, à l'origine d'une nouvelle dynastie, les Zirides.
En 1051, les Fatimides d'Égypte voient la Tunisie leur échapper. Ils lancent contre elle une tribu arabe en déshérence, les Banou Hilal. Tels les Vandales d'autrefois, ces derniers ravagent le pays et pillent Kairouan. Ils contribuent par ailleurs à l'arabisation du pays.
Les Zirides réduits à l'impuissance, les Almohades venus du Maroc en profitent pour soumettre le pays comme ils ont auparavant soumis l'Algérie. Le pays est dès lors intégré à un empire almohade qui recouvre l'Afrique du nord et l'Espagne.
Les Almohades sont défaits à Las Navas de Tolosa par le roi d'Aragon (1212) et leur empire se décompose aussitôt.
Selon un processus déjà bien rodé, le gouverneur marocain de la Tunisie, Abou Zakariya, s'émancipe des Almohades et fonde la dynastie des Hafsides. Il déplace sa capitale de Kairouan à Tunis, sur le littoral, non loin de l'antique Carthage.
Sa dynastie va perdurer tant bien que mal pendant trois siècles et résister en particulier à l'irruption de Saint Louis et de son armée de croisés...
Les Hafsides sont chassés en 1534 par le corsaire Barberousse, mandaté par le sultan de Constantinople. Mais ils appellent à l'aide l'empereur Charles Quint (un chrétien !), lequel débarque à Tunis et les rétablit sur leur trône. Ils ne seront plus dès lors que des vassaux dociles de l'empereur jusqu'à la conquête définitive de la Tunisie par les troupes ottomanes en 1574.
Dès lors, le pays est confié à un vice-roi ou pacha, qui représente le sultan. Sous ses ordres figure un dey, ou chef militaire, qui commande aux janissaires. L'administration civile, ou en d'autres termes la perception des impôts, est confiée à un bey.
En 1705, le dey Hussein ben Ali s'arroge tous les pouvoirs et devient souverain héréditaire et absolu du pays avec le titre de bey. Il ne conserve qu'un lien formel avec la Sublime Porte. Sa dynastie va dès lors régner sur la Tunisie sans discontinuer jusqu'à la proclamation de la République en 1957. Ce régime est qualifié de « beylicat ».
En 1819, sous la pression militaire de l'Angleterre et de la France, le bey de Tunis renonce à la guerre de course, autrement dit à la piraterie et au pillage des navires en Méditerranée, sa principale source de revenus. Contraints de chercher d'autres ressources, ses successeurs entreprennent de moderniser le pays et de le doter des infrastructures indispensables, à l'image de leur illustre contemporain, le vice-roi d'Égypte Méhémet Ali.
Le 26 avril 1861, Mohammed es-Sadok promulgue une Constitution, la première en pays musulman. Mais elle vient trop tard pour éviter au pays la mise sous tutelle...
En 1869, une commission italo-anglo-française place l'administration du pays sous assistance financière pour cause de déficit budgétaire. Une décennie plus tard, le gouvernement français revient à la charge et impose au bey le traité du Bardo par lequel son pays se place sous le protectorat de la France. Celui-ci ne prendra fin qu'en 1956.
• 14 janvier 2011 : La Révolution tunisienne
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