Né il y a six siècles, Skanderbeg est le héros central du « récit national » albanais. Ses compatriotes honorent en lui celui qui a résisté à l'oppression étrangère et sauvegardé les libertés locales.
Sa statue trône à Tirana mais aussi à Skopje, en Macédoine, où vit une importante minorité albanaise, et bien sûr à Kruja, sa capitale.
La liberté retrouvée
Entre l'Adriatique et la Méditerranée, l'Albanie est au début du XVe siècle convoitée par les Turcs comme par les Vénitiens. Les premiers occupent le territoire en 1385, les seconds s'emparent du port de Dürres (Dyrrachium en grec) en 1392.
D'abord connu sous le nom de Georges Castriota (Gjergj Kastrioti en albanais), le futur Skanderbeg est le fils du seigneur de Lezha (on écrit aussi Lezhë ou Lissos en grec), au nord de l'Albanie actuelle. Son père se voit obligé de l'envoyer comme otage en 1423 à la cour du sultan Mourad II.
Le jeune homme devient le favori du sultan, se convertit à l'islam et s'illustre à la guerre sous le nom d'Iskander bey, ou prince Alexandre (en référence à Alexandre le Grand), déformé en « Skanderbeg ».
Mais en 1443, à 40 ans, après une défaite des Turcs à Nis (Serbie actuelle), face aux Hongrois de Jean Hunyade, il déserte l'armée ottomane avec 300 Albanais. Désireux de libérer la terre albanaise, il s'empare par ruse de la citadelle de Kruja (ou Krujë), entre Dürres et Lezha, et revient au christianisme de son enfance. Il hisse au sommet de la citadelle un drapeau rouge avec un aigle noir à double tête, qui est aujourd'hui le drapeau de l'Albanie indépendante.
Le 28 novembre 1443, à Lezha, il se fait proclamer souverain des Albanais par l'aristocratie réunie au sein d'une ligue. Il aurait, à cette occasion, lancé à ses sujets : « Je ne vous ai pas apporté la Liberté ; je l'ai trouvée ici, parmi vous ».
Le roi de Naples Alphonse d'Aragon ainsi que le pape et la République de Venise lui apportent aide et argent. Le pape Paul II le surnomme Athleta Christi nobilis (« noble athlète du Christ » à l'égal de Jean Hunyade. Inflexible, Skanderbeg est seulement vaincu par la maladie à 65 ans, en 1468. Il est inhumé dans l'église Saint-Nicolas, à Lezha, où il repose depuis lors.
Mais après sa mort, les Ottomans ne vont pas tarder à reprendre l'avantage. Il s'emparent de Kruja dix ans plus tard et replacent l'Albanie sous leur coupe. Les habitants, dans leur majorité, se convertissent à la nouvelle religion, un cas unique en Europe. Ils vont aussi servir avec diligence les Ottomans sur tous les fronts.
Le début de la légende
Skanderbeg devient rapidement aux yeux des Européens, le champion de la chrétienté contre les Turcs.
Au siècle suivant, Ronsard l'évoque en termes élogieux :
Scanderbeg, haineux du peuple Scythien
Qui de toute l'Asie a chassé l'Évangile.
O très-grand Épirote ! Ô vaillant Albanois !
Dont la main a défait les Turcs vingt et deux fois.
Antonio Vivaldi lui consacre un opéra en 1718, Scanderbeg...
De leur côté, les Albanais tant musulmans que chrétiens, voient en lui le fondateur de leur nation, laquelle accède enfin à l'indépendance... le 28 novembre 1912, jour anniversaire de son triomphe.
La Grèce moderne
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osmane (26-11-2023 13:51:46)
tres interessante histoire de l'Albanie mal connue en France et qui permet de mieux comprendre la ituation actuelle de c pays
KERJOLIS (14-01-2018 19:24:44)
"Né il y a cinq siècles"... 1403 ! On est en 2018, non ?!