La Hongrie contemporaine

De Trianon à Viktor Orban

Libérée par la Première Guerre mondiale de son union avec l’Autriche, la Hongrie va concentrer sa politique de l’entre-deux-guerres à la reconquête de ses territoires perdus, ce qui l’amènera à s’allier à l’Allemagne nazie puis à subir l’occupation soviétique. À partir des années 1960, elle jouera toutefois un rôle singulier au sein du bloc de l’Est, semblable à celui qu’elle occupe aujourd’hui à l’intérieur de l’Union européenne.

Julien Colliat

Vue de Budapest du château de Buda en 1921. Agrandissement : Charles Ier suivi de sa femme Zita, passe en revue une garde d'honneur à la gare de Győr lors de sa deuxième tentative de restauration en octobre 1921, collection Fortepan.

L’obsession de la révision de Trianon

En 1921, trois ans après son abdication, l’ancien empereur Charles Ier tente de reconquérir le trône de Hongrie, avec le soutien de la papauté et d’une partie de la noblesse hongroise. Les tentatives du Habsbourg vont cependant rester lettre morte, se heurtant au veto des Alliés mais aussi de la Roumanie, de la Tchécoslovaquie et de la Yougoslavie, rassemblée dans une alliance militaire anti-hongroise : la Petite Entente.

István Bethlen, premier ministre de 1921 à 1931, Bundesarchiv.Amiral sans flotte, désormais régent d’un royaume sans roi, Miklos Horty nomme le comte Istvan Bethlen au poste de Premier ministre. Durant dix ans, celui-ci œuvre à la consolidation du régime. Si la Hongrie échoue à obtenir la révision du traité de Trianon, elle recouvre un début de reconnaissance internationale en étant admise à la Société des Nations.

Deux ans après le Jeudi noir de Wall Street (24 octobre 1929), l’économie hongroise est de nouveau mise à mal par un krach bancaire. Bethlen est remplacé au poste de Premier ministre par Gyula Karolyi, lui-même rapidement remplacé par Gyula Gombos, l’ancien ministre de la Défense.

Tibor Pólya, Gyula Gombos, Premier ministre de Hongrie entre 1932 et 1936.Son arrivée au pouvoir marque un véritable virage politique. À la recherche d’alliés pour la révision du traité de Trianon, Gombos se tourne vers Mussolini et obtient son appui. Parallèlement, il amorce un rapprochement avec l’Allemagne et devient en 1933 le premier chef de gouvernement à rencontrer Hitler après son accession au pouvoir. L’accord commercial conclue avec l’Allemagne nazie permet la reprise de l’économie hongroise.

Partisan de l’alliance Rome-Berlin, Gombos forge l’expression « Axe » et sert d’intermédiaire entre les deux puissances lors des pourparlers. Sa mort brutale à Munich en 1936 et son remplacement par un modéré, Kalman Daranyi, met en pause le rapprochement de la Hongrie avec les régimes fasciste et nazi.

Le 14 mai 1938, deux mois après l’Anschluss, Bela Imredy, est nommé Premier ministre. Celui-ci s’empresse de fixer des quotas restreignant l’accès aux juifs dans certaines professions. Le régime se durcit et la censure de la presse est rétablie.

Après l'annexion des Sudètes par l'Allemagne qui inaugure le démembrement de la Tchécoslovaquie, la Hongrie bénéficie d’un arbitrage par les puissances de l’Axe, lui permettant de récupérer le sud de la Slovaquie et la Ruthénie subcarpatique, peuplées d'une importante minorité hongroise. C’est la première révision du traité de Trianon.

Quelques mois plus tard, à la suite d’un conflit frontalier, la Hongrie entre brièvement en guerre contre la Slovaquie, État satellite de l'Allemagne, et annexe une bande de terre, soit 1500 kilomètres carrés supplémentaires.

Conséquence de ces gains territoriaux, la Hongrie rejoint en 1939, le pacte anti-Komintern avec l’Allemagne, le Japon, l’Italie et bientôt l’Espagne. Elle quitte la Société des Nations peu après.

Pál Teleki avec Adolf Hitler , lorsque la Hongrie a rejoint le pacte tripartite le 20 novembre 1940.

La Hongrie et l’Axe

En février 1939, Pal Teleki est nommé Premier ministre. C’est un géographe reconnu qui a déjà été aux affaires vingt ans plus tôt, mais qui n’en est pas moins un fervent nationaliste. Les élections du mois de mai sont marquées par une nette poussée des formations d’extrême droite. Le Parti des Croix fléchées, qui prend ouvertement modèle sur le Parti nazi, obtient 17% des voix. Dans la foulée, de nouvelles lois antijuives sont votées.

Des soldats polonais, évadés de la Pologne occupée par les Nazis et l'Union soviétique, partageant de la soupe des rations de l'armée hongroise à la gare de Budapest, Londres, Imperial War Museums.En dépit de son tropisme pour l’Axe, la Hongrie opte pour la neutralité lors du déclenchement de la Seconde Guerre mondiale. Elle refuse même de laisser passer sur son territoire les trains militaires allemands et ouvre ses frontières à plus de 100 000 réfugiés polonais, leur permettant de rejoindre la France et l’Angleterre.

À l’été 1940, pour ne pas subir le sort de la Pologne, le roi de Roumanie, Carol II, nomme un gouvernement pro-allemand et laisse Hitler arbitrer le conflit territorial roumano-hongrois à propos de la Transylvanie. Le 30 août, la Hongrie se voit restituée la moitié nord de la Transylvanie. L’amiral Horthy fait une entrée triomphale à Kolozsvar (Cluj), capitale historique de la principauté et ville de naissance de Matthias Corvin.

Place Kossuth, la statue de Kossuth à droite. Cérémonie devant l'Hôtel de Ville en l'honneur des soldats revenant du front, 1941, collection Fortepan.Mais l’intervention allemande n’aura pas été gratuite. En contrepartie, la Hongrie accorde des droits spéciaux aux Allemands du royaume. Surtout, elle accepte d’adhérer au Pacte militaire tripartite avec l’Allemagne, l’Italie et le Japon. Opposé à la nazification de son pays, le musicien Bela Bartok, véritable icône nationale, préfère s’exiler aux États-Unis.

Le 27 mars 1941, un putsch militaire renverse le gouvernement yougoslave et installe sur le trône le roi Pierre II, âgé de 17 ans. Craignant que la Yougoslavie ne bascule dans le camp allié, l’Allemagne prépare l’invasion du pays, décision qui place la Hongrie en porte-à-faux, le royaume ayant signé quelques mois plus tôt un traité d’alliance avec Belgrade.

Farouchement opposé à l’invasion mais de plus en plus isolé au sein de son gouvernement, Pal Teleki met fin à ses jours et est remplacé par le pro-allemand Laszlo Bardossy. Le 6 avril, les forces de l’Axe envahissent la Yougoslavie, après qu’Horty a autorisé l’armée allemande à traverser le royaume.

Cinq jours plus tard, l’armée hongroise franchit à son tour la frontière et annexe aussitôt la Voïvodine, peuplée d’une importante minorité hongroise et qu’elle revendique depuis Trianon. Cette invasion d’un pays allié et souverain reste une tache dans l’histoire hongroise.

Tank allemand à Budapest, octobre 1944. Agrandissement : Soldats soviétiques à Budapestaprès la bataille de Budapest en 1945, collection Fortepan.

La Hongrie entre en guerre

Désormais pleinement engagée dans le camp des puissances de l’Axe, la Hongrie déclare la guerre à l’URSS suite au déclenchement de l’opération Barbarossa. Le Premier ministre, Bardossy, ne s’est même pas donné la peine de consulter le Parlement, comme l’exige pourtant la Constitution, ce qui lui sera beaucoup reproché. Peu après, de nouvelles lois antijuives sont votées, calquée sur celles de Nuremberg et qui rendent apatrides les juifs des territoires annexés par la Hongrie.

Devant faire face aux États-Unis après l’attaque de Pearl Harbor, l’amiral Horty souhaite infléchir sa politique. En mars 1942, il remplace Bardossy par Miklos Kallay, plus modéré que son prédécesseur. Celui-ci tente de négocier avec les Alliés et refuse de livrer les juifs hongrois à l’Allemagne.

Engagées aux côtés de la Wehrmacht sur le front de l’Est, face à l’Armée rouge, les troupes hongroises cumulent les pertes considérable durant l’année 1943. En janvier 1943, c’est la 2e armée qui est anéantie à Voronej, le long du Don.

Début 1944, l’Armée rouge n’est plus qu’à 300 kilomètres des frontières orientales de la Hongrie. Souhaitant sortir au plus vite de la guerre, le gouvernement hongrois, avec l’aval d’Horty, demande un armistice séparé avec les Alliés.

La réaction allemande est immédiate : le 12 mars, Budapest est envahie et Horty contraint de nommer un nouveau Premier ministre favorable au Reich. Il fait appel à l’ambassadeur de Hongrie en Allemagne, Dome Sztojay. Le nouveau gouvernement se soumet à toutes les injonctions du Reich et, en particulier, livre à Adolf Eichmann près de 440 000 juifs.

Arrestations de Juifs à Budapest, 1944, Bundesarchiv.

Horthy parvient à reprendre l'initiative et obtient en août le limogeage de Sztojay. Le nouveau Premier ministre, Geza Lakatos, stoppe aussitôt les déportations de juifs et tente un rapprochement avec les Alliés alors que l’Armée rouge atteint la frontière hongroise.

Le 15 octobre, Horty prononce un discours à la radio dans lequel il annonce qu’il a demandé l’armistice avec l’URSS. Le Reich fait alors enlever son fils et menace de le fusiller. Contraint de dénoncer l’armistice, Horty nomme Ferenc Szalasi, chef des Croix fléchées, à la tête du gouvernement, et abdique.

Les Croix fléchées instaurent aussitôt un climat de terreur et organisent des tueries massives de juifs au bord du Danube. Menacée par l’Armée rouge, Budapest est rapidement abandonnée par Szalasi qui se réfugie vers l’Autriche. La capitale, défendue par la Wehrmacht et les membres des Croix fléchées, tombe aux mains des Soviétiques le 13 février 1945, après d’intenses et longs combats.

Entre-temps, un gouvernement provisoire a été formé sous la direction de Bela Miklos, ancien aide de camp d’Horty et commandant de la 1ère armée hongroise. Son gouvernement, qui comprend trois ministres communistes, signe l'armistice avec l'URSS et déclare la guerre au Reich.

L’hiver 1944-1945 est apocalyptique pour les Hongrois. Le pays est ravagé par la politique de terre brûlée des troupes allemandes en retraite et doit également subir les pillages des troupes soviétiques. La conquête du pays par l’Armée rouge s’achève le 4 avril 1945.

La prise de pouvoir par les communistes

En novembre 1945, les premières élections de l’après-guerre sont organisées et consacrent la victoire d’un parti conservateur, le Parti des petits propriétaires, dont le chef, Zoltan Tildy, accède au poste de Premier ministre. Après la proclamation de la république le 1er février 1946, il en devient le président et nomme son bras droit, Ferenc Nagy, premier ministre. Le pays se dote parallèlement d’une nouvelle monnaie : le forint.

Malgré leur faible poids politique, les communistes participent au gouvernement de coalition, sous la pression des Soviétiques qui occupent le pays.

Formé en URSS, le secrétaire du Parti communiste hongrois, Matyas Rakosi, va mettre en œuvre la prise de pouvoir progressive du pays, en éliminant l’opposition morceau par morceau, selon la « tactique du salami », expression dont il est l’inventeur.

Poignée de main scellant l'amitié soviétique et hongroise, mémorial du sculpteur hongroise Zsigmond Kisfaludi Strobl terminé en 1956, Pparc Memento (Szoborpark) à Budapest.La police secrète du Parti communiste, l'Autorité de protection de l'État, commence par décapiter un par un les partis rivaux, en premier chef le Parti des petits propriétaires dont le secrétaire général est arrêté et déporté en Russie. Un dossier judiciaire est ensuite monté de toutes pièces par le ministre de l'Intérieur communiste pour pousser à la démission le Premier ministre Ferenc Nagy en mai 1947.

L’année suivante, le président Zoltan Tildy est à son tour contraint à la démission après l’arrestation de son gendre, sous de fausses accusations d'espionnage. Le communiste Árpád Szakasits lui succède à la présidence de la République.

Après avoir contraint le Parti des petits propriétaires et le Parti social-démocrate à fusionner avec lui, le Parti communiste, rebaptisé Parti hongrois des travailleurs forme une coalition qui remporte les élections de 1949 avec 95% des voix ! Le 18 août, l'Assemblée adopte une nouvelle Constitution et deux jours plus tard, la République populaire de Hongrie est proclamée.

Matyas Rakosi instaure une dictature entièrement inféodée à Moscou. Voyant en son ministre des Affaires étrangères, Laszlo Rajk, une menace à son pouvoir, il fait arrêter et pendre celui-ci, après l’avoir accusé d’être un espion à la solde de Tito.

Ce régime de terreur s’achève après la mort de Staline, le 5 mars 1953. Le nouveau pouvoir soviétique oblige Rakosi à céder son poste de Premier ministre à Imre Nagy. Rompant radicalement avec son prédécesseur, celui-ci amorce une politique de réformes ambitieuses. Les camps d’internement sont supprimés et de nombreux opposants amnistiés. Cette parenthèse réformiste à laquelle ont cru beaucoup de Hongrois, sera de courte durée.

Lâché par Moscou qui juge son réformisme trop aventureux, Nagy est relevé de ses fonctions en avril 1955, par la direction du Parti communiste hongrois, toujours dirigé par Rakosi, et se voit même exclu du parti pour « déviationnisme ».

Véhicule de transport blindé soviétique en flammes à Budapest en novembre 1956. Agrandissement : Décombres après la fin des combats dans le 8e arrondissement de Budapest, 1956<.

L’insurrection de 1956

Moins d’un an plus tard, une lueur d’espoir arrive d’URSS. En février 1956, Nikita Khrouchtchev, premier secrétaire du Parti communiste d'URSS, dénonce les crimes du stalinisme dans un rapport secret au XXe Congrès du Parti communiste d'URSS, diffusé dans le monde entier par les bons soins des médias occidentaux. En Hongrie, Rajk est réhabilité et Matyas Rakosi remplacé par Erno Gero au poste de premier secrétaire du Parti communiste.

En Pologne, de violentes émeutes ont permis le retour au pouvoir du dirigeant réformiste Wladyslaw Gomulka, emprisonné quelques années plus tôt sur ordre de Staline. À leur tour, les Hongrois réclament le retour d’Imre Nagy au poste de Premier ministre. Face à la pression populaire, les dirigeants hongrois acceptent le retour de Nagy à la tête du gouvernement, et le réinvestissent Premier ministre le 24 octobre, avec l’approbation de l’ambassade d’URSS.

Imre Nagy est gagné par l'euphorie du mouvement populaire et s'engage dans la voie de la démocratie et du multipartisme. Le 1er novembre, il forme un gouvernement de coalition avec seulement trois ministres communistes.

Manifestation nommée Drapeau sanglant rue Kossuth Lajos à Budapest le 25 octobre 1956.

Alarmé par l'entrée massive dans le pays de renforts soviétiques, il craint avec raison une intervention militaire et ne voit d'autre moyen de l'empêcher que d'annoncer le retrait de la Hongrie du pacte de Varsovie, qui réunit les satellites de Moscou. C'est plus que les Soviétiques n'en peuvent supporter.

Dès le 4 novembre, l'Armée Rouge investit Budapest. Au total pas moins de 8 divisions et plusieurs centaines de chars. Les insurgés, étudiants aussi bien que salariés, résistent avec héroïsme mais n'en sont pas moins écrasés. En province, les combats se poursuivent pendant deux semaines.

Malgré un appel pathétique d'Imre Nagy à la radio, les Occidentaux restent sagement l'arme au pied, contrairement à ce qu’avait laissé entendre Radio Free Europe. Il est vrai que Français et Britanniques sont au même moment empêtrés dans une opération militaire sur le canal de Suez de concert avec les Israéliens.

La répression à Budapest et dans le reste du pays fait environ 20 000 morts tandis que 200 000 Hongrois fuient en Europe de l'Ouest.

Réfugié à l'ambassade de Yougoslavie, Imre Nagy est livré au nouveau régime. Après un procès à huis clos, il sera pendu le 16 juin 1958 de même que le chef militaire de l'insurrection, le ministre de la Guerre, Pal Maleter.

L'insurrection de Budapest met pour la première fois en évidence le caractère oppressif et brutal du communisme. « À Budapest, les Soviétiques ont gagné une bataille, mais le communisme a perdu la guerre » déclare l'écrivain hongrois Miklos Molnar.

Le socialisme du goulash

Janos Kadar, est installé par les Soviétiques à la tête du Parti communiste et mène une politique répressive jusqu’en 1963. Cette année-là, le régime entame sa mue. La censure s’allège et la politique antireligieuse s’atténue avec la signature d’un accord avec le Vatican.

En 1968, Kadar lance une série de réformes économique, introduisant certains mécanisme de libéralisation du marché et des prix. C’est ce qu’on surnomme alors le « socialisme du goulash » (par opposition au goulag), moins autoritaire. Ce qui n’empêche pas les troupes hongroises de participer à l'intervention militaire en Tchécoslovaquie lors du Printemps de Prague.

János Kádár dans son bureau en 1982.La libéralisation en douceur se poursuit dans les années 1970 avec la signature d’accords commerciaux avec la RFA, l’entrée au GATT (ancêtre de l’OMC) et même au FMI en 1982. Le petit commerce et l’artisanat se développent et les Hongrois bénéficient d’un niveau de vie beaucoup plus confortable que dans les autres pays du bloc de l’Est. On parle alors de la Hongrie comme « la baraque la plus gaie du camp socialiste ».

Dans les années 1980, elle reste plus que jamais l'avant-poste des pays occidentaux, autorisant même les voyages à l’Ouest. Sur le plan économique, en revanche, le régime s’essouffle et connaît un fort endettement extérieur. Un casse-tête hongrois se vend cependant dans le monde entier : le célèbre Rubik's Cube, inventé par Erno Rubik, un sculpteur et professeur d’architecture hongrois.

En mai 1988, Kadar, presque sénile, est écarté du secrétariat général du Parti communiste. Son successeur Karoly Grosz, n’hésite pas à rencontrer Margaret Thatcher et Ronald Reagan mais échoue à sortir le pays de la crise, laissant les rennes du pays à Miklos Nemeth. Parallèlement, les premiers partis démocratiques se forment comme le Forum démocratique hongrois et l’Alliance des démocrates libres.

Au début de l’année 1989, le Parti communiste renonce de lui-même à son rôle dirigeant, ouvrant la voie à la fin du régime. Dès le mois de mai, les barbelés du rideau de fer commencent à être démantelés. L’ouverture de la frontière avec l’Autriche entraînera la ruée de réfugiés est-allemands, à l’origine de la chute du mur de Berlin le 9 novembre suivant.

En attendant, dès l’été 1989, sans demander son avis au Kremlin, les différents partis politiques organisent une Table ronde pour préparer la transition démocratique. Lors de son 14e congrès, le 7 octobre, le Parti communiste acte sa transformation en Parti social-démocrate et le 23 octobre 1989, la République populaire de Hongrie laisse officiellement place à la République de Hongrie.

Le système multipartis est mis en place et les premières élections législatives libres sont organisées au printemps 1990. Elles voient la victoire du Forum démocratique hongrois, parti libéral de centre droit. Ce dernier forme un gouvernement de coalition présidé par Jozsef Ancall. La même année, la Hongrie est admise au Conseil de l'Europe.

Viktor Orban en 2018.En 1998, la droite remporte les élections législatives. À la tête de la Fidesz, Viktor Orban est à 35 ans l'un des plus jeunes Premiers ministres d'Europe. L’année suivante, la Hongrie intègre l’OTAN avec la République tchèque et la Pologne. Et en 2004, elle est admise dans l’Union européenne avec neuf autres pays.

Au sein de l’UE, la Hongrie va connaître un rapide développement économique mais aussi une forte émigration de ses jeunes diplômés, aggravant le vieillissement du pays.

En 2010, après huit ans de pouvoir socialiste, la Fidesz obtient les 2/3 des sièges au Parlement. Viktor Orban retrouve le poste de Premier ministre et sera réélu en 2014, 2018 et 2022, battant un record de longévité au pouvoir.

Chef de file du courant « illibéral », son opposition farouche à l’immigration, son interventionnisme économique et ses tentatives de rapprochement avec la Russie, la Chine et la Turquie, lui valent la réprobation des instances européennes et l’accusation de populisme, faisant de plus en plus apparaître la Hongrie comme le mauvais élève de l’UE.

Fidèle à sa tradition bimillénaire, le pays demeure très sourcilleux sur son indépendance et ses droits.

L’enjeu démographique

Pour la Hongrie l’enjeu politique numéro un demeure la démographie, le solde naissances/décès étant continuellement négatif depuis les années 1980.

La dénatalité du pays est déjà ancienne puisque dès la fin des années 1950, la Hongrie est devenue le premier pays européen dont l’indice de fécondité est passé sous la barre fatidique des 2,1 enfants par femme, nécessaire au renouvellement de la population. La fin du communisme entraîne un nouveau décrochage, amplifié depuis l’entrée dans l’Union européenne par le départ de centaines de milliers de jeunes Hongrois. En 2011, l’indice de fécondité des Hongroises a atteint son plus bas niveau historique : 1,23 enfants par femme.

Pour enrayer ce déclin, le gouvernement a voté en 2010 une loi permettant la naturalisation des magyarophones de l'étranger. Plus d’un million de Hongrois vivant dans les pays frontaliers ont ainsi été naturalisés. Mais malgré les naturalisations massives, le pays a perdu plus de 600 000 habitants depuis les années 1980, compte tenu de son solde migratoire négatif.

Lui-même père de cinq enfants, le Premier ministre Viktor Orban a mis en œuvre une politique nataliste ambitieuse : allocations familiales doublées, prêt au logement pour les familles et même exemption d’impôts pour les mères de plus de quatre enfants. Si la fécondité a légèrement remontée à 1,5 enfants par femme, elle demeure très loin du seuil de renouvellement.


Épisode suivant Voir la suite
• 23 octobre 1956 : insurrection de Budapest
Publié ou mis à jour le : 2023-02-22 11:04:44
Pierre69400 (28-02-2023 16:24:53)

Quels trains militaires allemandes étaient supposés traverser la Hongrie en 1939 ?? La Hongrie et le Roumanie étaient neutres, cette dernière d'ailleurs plutot hostile.

Respectez l'orthographe et la bienséance. Les commentaires sont affichés après validation mais n'engagent que leurs auteurs.

Actualités de l'Histoire
Revue de presse et anniversaires

Histoire & multimédia
vidéos, podcasts, animations

Galerie d'images
un régal pour les yeux

Rétrospectives
2005, 2008, 2011, 2015...

L'Antiquité classique
en 36 cartes animées

Frise des personnages
Une exclusivité Herodote.net