Antiquité classique

Chevauchées barbares (IIe-Ve siècles)

Après trois à quatre siècles de prospérité, les deux grands empires eurasiatiques entrent à la fin du IIe siècle dans une période de transition douloureuse. La Chine des Han et l'empire romain sont l'un et l'autre affectés par les conflits internes et la pression des barbares aux frontières.

Entre les deux, l'Inde et la Perse retrouvent une nouvelle jeunesse sous la férule des Gupta et des Sassanides.

Pour la première fois, l'Europe et l'Asie se trouvent liées par le commerce de la route de la soie et les chevauchées des nomades de la steppe...

André Larané et Vincent Boqueho
Garde d'honneur (Han de l'Est, bronze, H 44 cm, site de Leitai, musée du Ganzu)

L’empire romain en crise

À Rome, après l’assassinat de l’empereur Commode en 193 (voir le film Gladiator !), les symptômes de crise se multiplient. Les campagnes romaines se dépeuplent du fait d’une dénatalité déjà ancienne. Aux marges de l’empire, on recrute des Barbares pour combler les effectifs des légions et remettre les terres en culture. L’industrie s’étiole par manque de débouchés. L’État tente de réagir par des réglementations tatillonnes qui ne font qu’aggraver les maux de la société.

La citoyenneté romaine, que les provinciaux avaient à cœur d’obtenir par leurs mérites et leur travail, est accordée d’emblée à tous les hommes libres de l’empire par l’empereur Caracalla qui y voit le moyen d’engranger quelques taxes supplémentaires (211).

Aux frontières, les Barbares se font menaçants : Maures en Afrique du nord, Germains sur le Rhin et le Danube, Parthes en Orient… À Rome même, les légions et la garde prétorienne (la garde privée de l’empereur) font et défont les empereurs.

La crise atteint son maximum quand un empereur est capturé et supplicié par les Perses. Dans le même temps, la Gaule se constitue en empire dissident pour résister par ses propres moyens aux Barbares.

Une succession de généraux originaires d’Illyrie (la Serbie actuelle) et portés à la tête de l’empire par leurs légions redressent la situation. Rome est ceinturée de remparts et toutes les villes de l’empire l’imitent l’une après l’autre (c’est seulement 1300 ans plus tard que l’on en viendra à abattre les remparts !).

L’empereur Dioclétien comprend que le gouvernement de l'empire dépasse désormais les forces d'un seul homme. Impossible d’être partout à la fois ! Il instaure la « tétrarchie », autrement dit un gouvernement à quatre, chaque co-empereur surveillant une partie des frontières.

Dans le souci de renforcer la cohésion de l’empire, Dioclétien organise aussi de grandes persécutions contre les chrétiens... L’administration romaine leur reproche de ne pas accepter de rendre un culte à l’empereur et les désigne volontiers comme boucs émissaires en cas de difficultés.

Les murailles de ConstantinopleMais malgré les persécutions ou à cause d’elles, le christianisme rallie à lui une fraction de plus en plus grande du peuple et des élites romaines.

En définitive, l’œuvre de Dioclétien ne survit pas à son abdication. L’un de ses successeurs, Constantin, réunifie l'empire romain sous son égide et déplace la capitale sur le détroit du Bosphore, à proximité des frontières les plus menacées, pour être mieux en mesure de les défendre (11 mai 330). Cette « deuxième Rome » prendra plus tard le nom de l’empereur : Constantinople (en grec : Constantinopolis, la ville de Constantin). Constantin accorde par ailleurs droit de cité au christianisme et se fait lui-même baptiser sur son lit de mort.

Voir la carte animée de Vincent Boqueho : Les divisions de l’empire romain (235 - 337)
Les divisions de l’empire romain (235 – 337)

Chine : Trois Royaumes pour un Empire

Malgré les troubles, les affaires continuent. Le commerce caravanier se développe entre la Chine, connue comme le pays de la soie, et la Méditerranée. La route de la soie fait la prospérité de Palmyre, ville-étape.

À la fin du premier siècle de notre ère, il n'y a plus que le royaume des Parthes qui sépare la Chine de Rome !

Figure féminine (Han de l'Ouest, terre cuite, H 35 cm, Shaanxi, musée Han Yangling)C'est le crépuscule de la grande dynastie des Han, avec une haute classe alanguie et une cour impériale paralysée par les querelles de palais entre eunuques et lettrés.

Mais c'est aussi une grande époque d'innovations qui voit l'invention du papier et les premières reproductions de textes par estampage, le développement des laques et aussi l'introduction en Chine du bouddhisme en provenance de l'Inde.

Les somptueux tombeaux princiers et leur matériel funéraire témoignent de la richesse de cette époque.

En 184, une nouvelle jacquerie, la révolte des « Turbans Jaunes », va avoir raison de la dynastie. Dans le désordre ambiant, trois usurpateurs s'emparent du pouvoir. Aux Han succède l'époque turbulente des « Trois royaumes » (221-265) : Wei, Shu et Wu. Puis les invasions barbares. En 618 seulement, l'empire retrouvera son unité sous la férule de Taizong, fondateur de la dynastie des Tang.

Voir la carte animée de Vincent Boqueho : La Chine divisée (220 - 439)
La Chine divisée (220 – 439)

Les Perses se refont une santé avec les Sassanides

Du IIe av. J.-C. au IIe siècle de notre ère, pendant que Rome et la Chine des Han affichaient leur puissance, les Perses ont vécu sous la férule de redoutables nomades des steppes, les Parthes. Conduits par le roi Arsace, ils avaient abattu le royaume séleucide issu de la conquête d'Alexandre le Grand.

Les Arsacides ont donc gouverné la Perse pendant près de quatre siècles sans cesser de mener la vie dure aux Romains, sur la frontière de l'Euphrate.

Mais en 224, le roi Ardashir, roi du Fars (ou Perside), a vaincu et tué de sa main le dernier souverain arsacide. Exit les Parthes.

Le roi sassanide Chapour 1er reçoit la soumission de l'empereur romain Philippe l'Arabe (bas-relief perse)Le vainqueur, un pur Persan, est le petit-fils d'un prêtre de Persépolis du nom de Sassan. Deux ans plus tard, il se fait couronner « Roi des rois » (Châhânchâh) sous le nom d'Ardashir 1er et établit sa capitale à Ctésiphon, en Mésopotamie.

Les historiens le connaissent sous le nom d'Artaxerxès. Il rejette la culture hellénistique importée par Alexandre le Grand, restaure les traditions de la Perse achéménide et refait l'unité du pays autour de la religion mazdéiste. Ses descendants de la dynastie sassanide vont pendant quatre siècles combattre avec acharnement leurs rivaux de l'empire romain d'Orient, établis à Constantinople.

À bout de forces, Romains orientaux et Sassanides se montreront incapables de repousser les cavaliers musulmans surgis d'Arabie après la mort de Mahomet.

Voir la carte animée de Vincent Boqueho : L’essor de l’empire sassanide (309 - 379)
L’essor de l’empire perse sassanide (224 – 476)

Les frontières de Rome sous pression

À la fin du IVe siècle, les Germains accentuent leur pression aux frontières de l'empire romain. Ils sont poussés en avant par de rudes nomades, les Huns et les Turcs, eux-mêmes chassés des steppes d’Asie centrale par une brusque aggravation des conditions climatiques. Ces nomades se dirigent les uns vers l’Extrême-Orient et la Chine, les autres vers l’Occident et l’Europe, avec des conséquences dramatiques pour ces deux grandes aires de civilisation.

Faute de pouvoir faire autrement, les empereurs romains concèdent à certaines tribus germaines le droit de s’établir avec armes et bagages dans telle ou telle région dépeuplée. Les villes de l’empire se font peu sûres. Leurs habitants se réfugient dans les campagnes et se mettent sous la protection de riches et puissants propriétaires.

La « pax romana » n'est bientôt plus qu'un souvenir...

La religion chrétienne devient pour tous les habitants de l’empire une source de réconfort et d’espérance. Forte de sa popularité, elle est élevée au rang de religion d’État sous le règne de Théodose. À l’heure de mourir, en 395, celui-ci partage l’empire entre ses deux fils. À l’un l’Orient ; à l’autre l’Occident. Les contemporains ne se doutent pas que cette séparation sera définitive. Elle se retrouve aujourd’hui encore dans la frontière qui sépare la Croatie de la Serbie !

Voir la carte animée de Vincent Boqueho : La chute de Rome (224 - 476)
La chute de Rome (337 – 423)

Les beaux jours de l'empire Gupta

C'est en combattant les ambitions d'Alexandre le Grand que les Indiens ont plus ou moins fait l'unité de la péninsule. Une première historique !

Elle a duré à peine plus d'un siècle, sous l'égide de la dynastie Maurya (320 à 185 av. J.-C.). Cette dynastie est issue du royaume hindou du Maghada (aujourd'hui le Bihar, entre l'Himalaya et le delta du Gange). Sa capitale était Pataliputra (aujourd'hui, Patna). Son souverain le plus connu fut Açoka, célèbre pour sa conversion au bouddhisme.

Après cela, le sous-continent est retourné à ses divisions et ses désordres. La plaine du Gange est passée sous la domination de nomades Kouchans et Scythes venus, comme toujours en Inde, de la passe de Khyber et de l'actuel Afghanistan.

Le Bodhisattva Padmapani (grottes d'Ajanta, Maharashtra, fin du Ve siècle)Vers 250, l'empereur sassanide Shahpur 1er abat l'empire kouchan. Dans l'espace ainsi libéré, une nouvelle dynastie hindoue venue du Maghada va pouvoir s'épanouir à nouveau, quatre siècles après les Maurya. Ce sont les Gupta.

Le premier des grands souverains de la dynastie est le mahârâjâdhirajâ Chandragupta 1er (320 à 335). Il étend son autorité sur tout le bassin du Gange et établit sa capitale à Prayâga (aujourd'hui Allahabad, au sud de l’Uttar Pradesh). Ses successeurs et notamment son fils étendent les conquêtes. Ils encouragent le commerce maritime. La tolérance religieuse favorise les arts mais aussi les sciences.  Celles-ci sont illustrées au Ve siècle par le mathématicien Aryabatta qui calcule la valeur de π et explique le phénomène des éclipses.

Les derniers souverains Gupta doivent affronter les Huns heptalites, des Huns à la peau blanche surgis comme il se doit du nord-ouest à la fin du Ve siècle...

Voir la carte animée de Vincent Boqueho : Inde, l'empire Gupta (70 - 530)
Inde – l’empire Gupta (70 – 530)

Occident romain : clap de fin

Envahi par les Germains, l’empire romain d’Occident est fractionné en royaumes barbares. Sur les bords du Rhin dominent les Francs (qui donneront leur nom à la France), dans la plaine d’Alsace, les Alamans (d’où le nom d’Allemagne), sur le Rhône les Burgondes (d’où le nom de Bourgogne), autour de Toulouse les Wisigoths, en Italie les Ostrogoths, en Espagne les Vandales (d’où le nom d’Andalousie).

Rome est mise à sac par une bande de Barbares (410). Saint Augustin, évêque d’Hippone (aujourd’hui en Algérie), s’émeut de ce drame sans précédent qui affecte la Ville éternelle où les apôtres Pierre et Paul, premiers chefs de l’Église chrétienne, ont été martyrisés.

Plus tard, les Huns, sous la conduite d’Attila, font une incursion en Gaule et menacent Lutèce, défendue par Sainte Geneviève...

Voir la carte animée de Vincent Boqueho : La chute de l’empire romain d'Occident (423 - 476)
Les divisions de l’empire romain (235 – 337)


Publié ou mis à jour le : 2019-11-07 11:02:07

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