Victor Hugo vécut de 1832 à 1848 dans une maison de la place des Vosges, à l'est de Paris. Elle est depuis 1903 la première maison d'écrivain ouverte au public. Après dix-huit mois de travaux, elle rouvre ses portes, agrandie et rénovée.
Pour marquer l’événement, une grande exposition en occupe les deux étages. Sous l'intitulé « Victor Hugo, dessins. Dans l’intimité du génie », elle présente environ deux cent dessins réalisés par l’écrivain en un demi-siècle. À découvrir jusqu’au 21 novembre 2021.
Ce sont les surréalistes qui ont mis en lumière les dessins de Victor Hugo. Si ce dernier n'avait pas voué sa vie à l'écriture, sans doute serait-il au moins devenu un artiste de premier rang.
Lui disait « dessiner entre deux strophes ». Il s’exerçait en voyage comme beaucoup de ses contemporains pour garder une trace des lieux traversés. Il n’était pas pour autant un peintre du dimanche mais bien un créateur, toujours à l’affût de techniques nouvelles comme le montre le parcours de cette exposition, rythmé par les différents « Ateliers » dans lesquels l’artiste a laissé libre cours à son talent.
Le premier, « L’Amitié pour atelier », fait découvrir l’importance de Célestin Nanteuil. Peintre et graveur appartenant au cercle des romantiques (dico), il a accompagné Hugo et sa maîtresse Juliette Drouet lors de leur premier voyage en 1834, leur servant de chaperon et d'alibi !
Par la même occasion, il a fait découvrir à Hugo un outil qui lui sera précieux : le crayon lithographique qui permettait d’obtenir des noirs profonds. Et il lui a aussi montré l’importance de la gravure par le contraste de l’ombre et de la lumière. Très tôt Hugo a accepté de voir ses dessins publiés selon ce procédé de la gravure.
Le parcours des salles permet de saisir le passage du dessin descriptif au dessin d’imagination puis au dessin visionnaire.
Le crayon contre la peine de mort
On peut voir aussi « ECCE », œuvre composée en 1854, à la suite de l’exécution de Charles Tapner.
Par son inlassable combat contre la peine de mort, Hugo veut frapper les consciences. Avec cette œuvre graphique, il espère livrer un message plus immédiat et plus fort que par l’écriture.
Une grande salle des anciens appartements intitulée « L’amour pour atelier » évoque cette période de l’année 1850 où, pendant quatre mois, il s’installe chaque matin dans la salle à manger de Juliette, Cité Rodier, qu’il transforme en atelier pour dessiner des grands formats comme le célèbre « Burg à la croix ».
L’exposition donne à voir tous les cadres rénovés y compris ceux décorés par Hugo. La salle où est reconstitué l’appartement de Juliette à La Fallue (à Guernesey) rappelle que Hugo a conçu tout ce décor et dessiné les motifs qui seront pyrogravés sur les murs.
La fantaisie n’est pas absente de cette magnificence puis qu’on retrouve les initiales V.H. et J.D. dans les motifs décoratifs. (« L’atelier du décorateur »).
Les salles sont agrémentées d’un nouveau mobilier, de nouvelles cimaises et d’un nouvel éclairage. La visite se termine en empruntant « l’escalier dérobé » (inaccessible auparavant) qui communiquait de la chambre de Hugo à l’impasse Guéménée par lequel il pouvait quitter le domicile sans être vu et recevoir sans être dérangé.
Le visiteur se retrouve alors dans la cour de l’immeuble (qui à l’origine de la Place Royale était la Cour d’honneur de l’Hôtel Rohan-Guéméné par laquelle entraient les carrosses), aujourd’hui un agréable jardin de 300 m2 s’inspirant librement de celui de « la rue Plumet » décrit dans Les Misérables.
Le jardin se déploie autour des marronniers et dirige le regard vers la pièce maîtresse de ce nouvel aménagement, « La fontaine aux serpents », réplique de celle qui s’y trouvait quand la famille Hugo habitait cette maison, de 1832 à 1848, et que Hugo avait placée dans le jardin de Hauteville House à Guernesey.
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