Le monde au Moyen Âge (622-1453)

Vincent raconte l'Inde des premiers sultans (de 711 à 1398)

L'Inde des premiers sultans (de 711 à 1398)

Dans cette vidéo, on s’intéresse à l’Histoire de l’Inde depuis la chute de l’empire Gupta jusqu’à l’apogée du sultanat de Delhi.

Commençons cette histoire en l’an 600 : après l’effondrement de l’empire gupta au siècle précédent sous le coup des Huns Blancs, l’Inde a retrouvé sa division traditionnelle en petits royaumes. Au niveau linguistique, elle se sépare en 2 grandes zones : celle des Indo-Aryens venus d’Asie centrale au IIe millénaire avant JC, et celle des Dravidiens qui se maintiennent au sud-est de la péninsule. Au niveau religieux, l’espace est encore caractérisé par un syncrétisme entre l’hindouisme et le bouddhisme. Ce dernier connaît 3 foyers de vigueur : au nord-ouest se trouve celui du bouddhisme mahayana qui se diffuse vers la Chine via la Route de la Soie. Au Sri Lanka se trouve le foyer du bouddhisme theravada qui poursuit sa diffusion vers l’Asie du sud-est. Enfin dans le foyer originel du bouddhisme émerge la version vajrayana qui gagnera le Tibet au IXe siècle.

A partir de 606, Harsha tente de restaurer la puissance de l’empire gupta depuis sa capitale Kanauj, mais il se heurte au royaume des Chalukya qui engage sa propre ascension. L’empire de Harsha se fragmente rapidement après sa mort en 647.

Un grand bouleversement survient lors de l’arrivée des Arabes musulmans au début du VIIIe siècle : la plaine de l’Indus est conquise de 711 à 713 et elle est arrimée au califat des Omeyyades, qui devient celui des Abbassides à partir de 750. Cette région qui deviendra le Pakistan s’islamise alors progressivement.

Le reste de l’Inde connaît des recompositions régulières au gré des conflits entre royaumes. Le royaume des Chalukya reste prospère en dépit d’un changement dynastique qui survient en 753 au profit des Rashtrakuta. Les Chalukya ne reviendront au pouvoir que 2 siècles plus tard.

C’est aussi au milieu du VIIIe siècle que la dynastie des Gurjara-Pratihara amorce une expansion plus au nord. L’art hindouiste y est tout aussi florissant. Enfin la dynastie des Pala étend son autorité sur la plaine du Gange depuis le Bengale. Cette fois les dirigeants sont bouddhistes. Ils encouragent le développement de l’université de Nalanda qui va accélérer la diffusion du bouddhisme vers le Tibet.

Une quatrième puissance s’impose sur la côte orientale de l’Inde à partir de la fin du IXe siècle : celle des Chola. Ce sont des Tamouls qui font partie du groupe des Dravidiens. Grâce à leur flotte puissante, ils soumettent tout le sud de l’Inde autour de l’an 1000. A cette époque, le Sri Lanka reste dominé par le royaume d’Anudharapura dirigé par des Cinghalais qui font partie du groupe des Indo-Aryens. Les Chola conquièrent la moitié nord de l’île tandis que le sud se fragmente en petites principautés.

Grâce à leur flotte, les Chola exercent également une influence commerciale et culturelle jusqu’en Indonésie. Leur royaume connaît alors un art hindouiste florissant. Puis leur puissance commence à décliner au milieu du XIe siècle : vers 1050, les Cinghalais chassent les Chola de l’île et reforment un nouveau royaume centré sur Polonnaruwa. C’est le début d’un siècle d’or pour le Sri Lanka qui voit se multiplier les réalisations artistiques et architecturales, essentielles bouddhistes.

Le début du XIe siècle est aussi un bouleversement pour l’Inde du nord. Suite à l’affaiblissement des Abbassides, le Turc Mahmoud a constitué un état indépendant centré sur Ghazni en Afghanistan. Il commence à mener des raids vers la plaine de l’Indus en 1001, puis jusqu’à Kanauj et dans le Gujarat. A sa mort en 1030, l’empire s’étend de l’Afghanistan jusqu’à l’Inde. Il conserve sa culture des steppes originelle et ne s’indianise que très peu.

Le siècle suivant voit la fragmentation des royaumes Pala et Chalukya. Puis en 1151, des Afghans fondent une nouvelle dynastie à Ghazni, celle des Ghurides. Ceux-ci entreprennent de récupérer l’ensemble des territoires ghaznévides, puis poursuivent ces conquêtes en s’emparant de Delhi en 1192. De là, le sultan Muhammad Ghuri lance des raids sur toute la plaine du Gange jusqu’au Bengale qu’il annexe à son empire.

En 1206, sa mort sans héritier provoque un changement de dynastie. L’un de ses généraux d’origine turque nommé Oybeck récupère le titre de sultan et son 2e successeur Iltutmish s’installe à Delhi en 1214. Il doit faire face à une nouvelle menace : celle des Mongols, qui s’emparent de l’Afghanistan en 1220. Ils tentent de poursuivre leur progression vers l’Inde en 1227, mais ils sont repoussés.

Les sultans de Delhi peuvent alors amorcer la conquête du reste de l’Inde, marquée par des phases de progression et de retrait dues à des révoltes récurrentes, jusqu’à atteindre un apogée territorial en 1330. La période est marquée par le développement d’un art islamique et par de nombreux pillages de temples hindouistes. Les conversions à l’islam s’amorcent, notamment chez la caste des Intouchables, amplifiées par la pression fiscale sur les non-musulmans.

Les révoltes finissent toutefois par fragiliser le sultanat : dès 1336, une dynastie hindoue fonde le royaume de Vijayanagar dans le Deccan. Des gouverneurs dissidents profitent de la faiblesse du sultanat pour se rendre indépendants : c’est la naissance du sultanat de Bahmani en 1347 et celui du Bengale en 1352. Puis en 1398, le Turco-Mongol Tamerlan s’empare du Pendjab et mène un raid jusqu’à Delhi qui est ravagée. Le sultanat perdure mais il ne contrôle plus qu’un petit territoire autour de la capitale. Il faudra attendre la fin du XVe siècle pour le voir retrouver une part de sa puissance, peu de temps avant que Babur n’ouvre une nouvelle ère dans le sous-continent : celle des Moghols.

En attendant, on va voir les conséquences de l’influence indienne en Asie du sud-est où émergent de nombreux royaumes prospères.

Vincent Boqueho

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Publié ou mis à jour le : 2023-01-13 17:46:17

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