L’Armada 2023 a débuté le 8 juin 2023 avec l’arrivée à Rouen de pas moins de 42 voiliers et autres navires. Il s’agit de la plus importante manifestation nautique du monde et également de la deuxième manifestation la plus populaire de France avec six millions de spectateurs, derrière le Tour de France et les douze millions de spectateurs enregistrés sur son parcours.
Les badauds peuvent librement visiter les voiliers le long des docks de la capitale normande. Ils peuvent aussi assister à des concerts gratuits et participer à diverses festivités : « footing des marins », régates, expositions, etc.
Cette manifestation nous rappelle que Rouen, à 120 km de Paris, est un grand port de mer ! Et c’est aussi le principal port céréalier d’Europe comme l’attestent les silos géants de la zone portuaire.
Ce dimanche 18 juin, les voiliers descendront le fleuve jusqu’au Havre pour une grande parade finale. Ils seront salués depuis les rives par la foule des spectateurs. C’est un parcours mirifique de 120 km tout au long des boucles de la Seine.
Hormis les activités portuaires et industrielles à la sortie de Rouen, le paysage de collines boisées, marais et prairies est quasi-inchangé depuis l’époque de Flaubert et Maupassant, avec les villages-rues qui bordent le fleuve, tels La Bouille et Villequier.u
Les voiliers d’antan ressuscités
L’Armada 2023 est la huitième édition d’une manifestation voulue par Jean Lecanuet, maire de Rouen de 1968 à sa mort en 1993. Agrégé de philosophie, résistant, « Juste parmi les Nations », Lecanuet s’était auparavant fait connaître de tous les Français comme le troisième homme des élections présidentielles de 1965, derrière de Gaulle et Mitterrand.
En juillet 1989, pour le bicentenaire de la Révolution, il organisa donc les Voiles de la Liberté sous le parrainage d’Éric Tabarly. Cette première manifestation nautique accueillit 21 grands voiliers dont le Belem.
Ce magnifique trois-mâts (mât de misaine à l’avant, grand mât au centre et mât d’artimon à l’arrière) a été construit en 1896 pour commercer avec le Brésil et restauré en 1980 pour servir de navire-école à la Marine nationale. Rien de tel en effet qu’un voilier pour familiariser les futurs marins avec les vents et les courants.
Le succès de la manifestation conduisit à la renouveler en juillet 1994 sous le nom d’Armada de la Liberté en référence au cinquantième anniversaire du Débarquement, puis en 1999 sous le nom d’Armada du Siècle.
En vedette cette fois le trois-mâts hispano-mexicain Cuauhtemoc et la Recouvrance. Construite à Brest en 1991, cette dernière est la réplique d’une goélette à hunier française du XIXe siècle. La goélette, qui tire son nom du goéland, se caractérise par une voile de misaine aurique (quadrangulaire) dans l’axe du navire. Celle-ci est dite à hunier car la voile aurique est aussi surmontée de voiles carrées établies sur des vergues.
Après l’édition 2003, celle de 2008 est l’occasion d’inaugurer à Rouen le pont levant routier Gustave-Flaubert qui peut être franchi par les navires de haute mer et les voiliers ! Le succès de l’Armada se renouvelle encore en 2013 et 2019, jusqu’à la présente édition.
Cette année 2023, outre les voiliers déjà cités, on peut découvrir deux galions espagnols. Il s’agit de grands navires autrefois dédiés au commerce entre les Amériques et Séville. Ils comportent trois à cinq mâts gréés de voiles carrées, avec aussi une voile latine (triangulaire) sur le mât d’artimon. Ventrus et armés de canons, ils sont aussi reconnaissables au château avant et au château arrière. Le premier, El Galeon, est la réplique d’un navire du XVIIe siècle. Le second, Nao Maria, est la réplique du seul navire qui a survécu au voyage de Magellan et accompli le tour du monde en 1519-1522.
Parmi d’autres voiliers présents cette année, notons encore l’élégant brick hollandais Morgenster. Les pirates et corsaires d’autrefois appréciaient ce type de bateau à deux mâts à voiles carrées, rapide et maniable. Construit en 1919, le Morgenster s’en est quant à lui tenu à la pêche en mer du Nord avant de se reconvertir dans le tourisme.
Comme tous les autres bateaux de l’Armada, il appartient maintenant à notre patrimoine commun et porte témoignage du demi-millénaire durant lequel l’Europe se lança sur les océans en quête d’alimentation, de richesses et d’aventures.
Archéologie sous-marine
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