John D. Rockefeller (1839 - 1937)

Un entrepreneur sans état d'âme

John Davison Rockefeller, homme d'affaires rigoureux, rusé et sans état d'âme, au demeurant fervent baptiste, est le plus remarquable et le plus riche des grands entrepreneurs américains de la fin du XIXe siècle.

Le maître du pétrole

Descendant d'une famille allemande du nom de Steinhauser, le futur industriel reçoit de sa mère une stricte éducation religieuse presbytérienne mais apprend de son père le goût du commerce. Il s'occupe dans l'adolescence de diverses activités comme l'élevage de dindons puis investit ses économies à 19 ans dans une entreprise de transport à Cleveland (Ohio). 

En 1862, peu après que John Drake a découvert un gisement de pétrole à Titusville (Pennsylvanie), il investit dans le forage du pétrole puis l'abandonne pour se consacrer à son transport et son raffinage. Très vite, il va ainsi dominer l'économie pétrolière naissante.

John Davison Rockefeller (1839-1937) en 1885Le pétrole brut est à ses débuts transporté en train dans des barils en bois de chêne d'une contenance de 159 litres (ces barils deviendront la mesure de référence du pétrole).

Ayant fondé en 1870 sa compagnie de raffinale, la Standard Oil of Ohio, John Rockefeller va voir les dirigeants des compagnies de chemin de fer spécialisées dans le transport des barils et exige des rabais secrets pour ses produits. Il menace les compagnies réticentes de les ruiner en construisant l'arme fatale qui aura finalement raison d'elles : un oléoduc (pipe-line en anglais).

Là-dessus, il va aussi voir les uns après les autres ses concurrents raffineurs et leur propose de lui céder leur raffinerie en échange de parts sans droit de vote dans sa propre entreprise  !

John Rockefeller use de tous les moyens, même illégaux, pour asseoir sa domination sur le secteur et faire céder les hésitants. Ainsi, il rachète en sous-main telle société qui les approvisionne en barils de bois et suspend les livraisons. Ou plus violemment, il fait dérailler les trains qui transporte leurs barils ou organise avec ses hommes de main des blocus sur les routes. Il casse aussi les prix lorsque c'est nécessaire pour ruiner ses concurrents, lesquels ne savent pas qu'il bénéficie de rabais exceptionnels sur le prix du transport.

Très vite, la Standard Oil en vient à posséder 80% du marché du raffinage américain.

C'est l'époque où naissent les « trusts », entreprises tentaculaires dont le capital est réparti entre une minorité d'actionnaires (avec droit de vote aux assemblées générales) et des « trustees » (actionnaires sans droit de vote).

Les abus de position dominante des trusts tels que la Standard Oil Company suscitent en 1890 la loi Shermann ou « loi anti-trust ». Vingt ans plus tard, conséquence de cette loi et de ses propres excès, la Standard Oil est obligée de se scinder en 33 sociétés théoriquement indépendantes...

Petit à petit, usant des failles réglementaires, elle va en grande partie se reconstituer autour de la Standard Oil of New Jersey. Connue plus tard sous le nom d'Esso puis Exxon et Exxon Mobil, elle va devenir le chef de file d'un cartel occulte dominant le secteur pétrolier mondial : les Sept Soeurs (« Seven Sisters »).

Tout cela n'empêche pas John Rockefeller, en bon chrétien baptiste et bon père de famille, de fréquenter assidûment l'église avec sa femme. Figurant parmi les dix Américains les plus riches, il se montre d'une pingrerie extrême, usant ses costumes et ses chaussures jusqu'à la corde, mais déploie aussi une grande activité philanthropique. Ainsi fonde-t-il en 1892 l'Université de Chicago, appelée à devenir l'une des plus prestigieuses du monde. Il fonde aussi en 1901 à Manhattan l'Institut Rockefeller (Rockefeller institute for Medical Research) sur le modèle de l'Institut Pasteur (Paris).

Sec et rigoriste, fier de ses exploits au golf, le milliardaire s'astreint à une discipline de fer qui lui vaudra de vivre en pleine possession de ses moyens jusqu'à 97 ans. Il laissera à ses enfants et héritiers le soin de redistribuer sa fortune via des fondations caritatives et culturelles. 

Alban Dignat
Publié ou mis à jour le : 2024-05-24 00:33:14

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