Le Parti communiste chinois (PCC) a été fondé dans la discrétion le 1er juillet 1921 à Shanghai par une poignée de militants. Parmi les treize délégués de ce premier congrès figurait Mao Zedong.
Pragmatique, ce fils de paysan s'écarte très vite de la ligne marxiste-léniniste soviétique qui privilégie l'alliance avec la classe ouvrière. Dans un pays aussi profondément rural que la Chine (seulement 5% de la population habite en ville), cette alliance imposée par Moscou s'avère vouée à l'échec et débouche sur une tragédie sanglante à Shanghai en 1927.
Mao, de son côté, taille un embryon d'État communiste dans le Shaanxi, une province très pauvre du nord-ouest. Ses succès et son habileté manoeuvrière lui valent d'être élu à la tête du Comité central du parti en février 1935. Dès lors, après avoir plus ou moins collaboré avec les nationalistes pour combattre et repousser l'occupation japonaise, il élimine dès que possible le parti nationaliste de son rival Tchang Kaï-chek, le Guomindang.
Le 1er octobre 1949, Mao Zedong proclame à Pékin l'avènement de la République populaire de Chine (RPC) alors que les nationalistes se sont réfugiés sur l'île de Taïwan. Dès lors, le Parti communiste va devenir la courroie de transmission du pouvoir central et quadriller le pays en étouffant impitoyablement toutes les oppositions.
Mais à l'intérieur même du Parti communiste se manifestent des tensions très violentes entre conservateurs (partisans d'une application stricte des principes communistes) et modernistes. Celles-ci sont exacerbées par l'échec du Grand Bond en avant (1958) qui devait installer à la campagne de petites industries, permettant d'exploiter toute la main d'oeuvre rurale sans investir de gros capitaux. Mais l'ambition était démesurée et se solde par une immense famine. Pour mieux reprendre le contrôle du Parti et éliminer ses adversaires, Mao déclenche en 1966 une très sanglante « révolution culturelle ». Les modernistes ne prennent leur revanche qu'après la mort de Mao, dix ans plus tard, avec à leur tête Deng Xiaoping.
Cet octogénaire né en 1904 modernise à marche forcée le pays en l'ouvrant au commerce international. Il encourage l'investissement et l'initiative individuelle, tout en réprimant les velléités démocratiques. Soucieux de la pérennité de son oeuvre, il se retire en 1993 après avoir installé son dauphin Jiang Zemin au secrétariat général du Parti et à la présidence de la République.
Par ailleurs, il met en place des modalités pacifiques de sélection et de succession des dirigeants à la tête du Parti et de l'État pour en finir avec les anciennes luttes de palais à coup d'invectives, de procès et d'assassinats.
Théoriquement distincts comme dans tout régime constitutionnel, les partis politiques et l'État sont étroitement imbriqués. Ce sont en effet systématiquement des responsables du parti communiste qui sont désignés ou élus à la tête du gouvernement et des administrations.
Un parti de masse
Parti révolutionnaire devenu parti de gouvernement, le PCC est de loin le plus vaste parti politique au monde. Il regroupe en 2012 quatre-vingt millions de membres, soit 5% de la population chinoise. Si son idéologie est aujourd'hui plus nationaliste que communiste, son organisation pyramidale a très peu évolué depuis ses origines.
À tous les niveaux sont organisées des élections. Les meilleurs éléments progressent de la sorte, marche par marche, à mesure que sont reconnues leurs compétences. Comme la plupart des hauts dirigeants, le président Xi Jinping, élu en 2012 à la tête du parti et de la République, aurait ainsi débuté comme chef de village.
Cette forme de démocratie est toutefois biaisée par le fait que les candidats aux postes de responsabilité sont généralement cooptés par leurs pairs avant d'être présentés aux élections. Avec possibles malversations et népotisme.
Le « centralisme démocratique » autorise théoriquement tout membre du Parti à débattre de n'importe quel sujet jusqu'à ce que les autorités centrales prennent une décision indiscutable, mais dans les faits, le Parti laisse peu de place à l'expression des militants de base.
Selon la théorie des « trois représentations », adoptée sous Jiang Zemin et inscrite dans la Constitution en 2003, le Parti communiste chinois se doit de représenter à la fois les forces productives avancées du pays, la culture chinoise moderne et la masse du peuple.
Cette nouvelle base théorique a permis aux nouvelles élites d'adhérer au Parti. Intellectuels aisés et entrepreneurs privés constituent 70% des membres du parti en 2010, les ouvriers et paysans constituant le reste, alors que les proportions étaient inversées en 1980. Aujourd'hui, on compte même des milliardaires au sein du parti unique... Une façon de mettre ce parti au goût du jour, pour l'aider à survivre au XXIe siècle, après l'avertissement de juin 1989.
Cooptation des élites dirigeantes
Comme dans tous les régimes communistes, le pouvoir a deux têtes : le Parti communiste, qui décide de fait des grandes orientations politiques, et l'État, qui gouverne et dirige les administrations.
Le Parti communiste chinois, fort de 80 millions d'inscrits, réunit tous les cinq ans un Congrès national, composé d'environ 2 200 délégués. Il revient à ceux-ci d'élire les 200 membres du Comité central.
Le Comité central élit à son tour le Comité permanent du Bureau politique, censé prendre collectivement toutes les décisions importantes.
Le Comité permanent comptait 9 membres jusqu'en 2012. Leur nombre a été ramené à 7 à l'issue du XVIIIe Congrès. Ils sont surnommés les « sept saints » ou les « sept empereurs », bien que n'appartenant pas au gouvernement de l'État. Primus inter pares, le secrétaire général du Parti communiste, Xi Jinping depuis 2012, a la prééminence sur ses collègues du Comité permanent.
L'État chinois se présente comme une dépendance du puissant PCC, avec un président de la République et un Premier ministre en charge du pouvoir exécutif ainsi qu'une Assemblée nationale populaire en charge du pouvoir législatif (vote des lois). Cette assemblée compte près de 3 000 députés dont les deux tiers sont inscrits au parti communiste et les autres à des partis vassaux.
Depuis la réforme de Deng Xiaoping, en 1992-1993, le secrétaire général du Parti est candidat (unique) à la Présidence de la République. Il est élu par les députés de l'Assemblée nationale populaire pour un mandat de cinq ans renouvelable une fois.
Le même personnage est appelé à se porter candidat à la présidence de la très puissante Commission centrale militaire, qui assure le maintien de l'ordre à l'intérieur comme à l'extérieur, ce qui lui donne un pouvoir très important, avec néanmoins le risque d'être destitué à tout moment par l'Assemblée nationale populaire.
Le Premier ministre, qui assiste le président de la République, est également élu par l'Assemblée nationale populaire parmi les « sept saints » du Comité permanent.
Ces élections ne laissent aucune place au hasard. Ainsi, le candidat à la présidence de la République est automatiquement celui des « sept saints » qui a été élu cinq ans plus tôt à la vice-présidence de la République, un strapontin sans pouvoir destiné seulement à le faire patienter.
En 2003, à l'issue de ses deux mandats, Jiang Zemin, installé à la présidence de la République en 1993, a laissé son poste à Hu Jintao . Ce dernier a passé la main à son tour à l'issue du XVIIIe Congrès du PCC, qui a réuni 2000 délégués de toute la Chine à Pékin, à partir du 8 novembre 2012.
Ce passage de témoin coïncide avec la montée d'une opposition semi-clandestine qui s'exprime sur internet. L'image du parti a été entachée par un scandale associant meurtre, sexe et argent, qui a entraîné la chute de Bo Xilai en mars 2012. Chef du parti communiste de Chongqing (la plus grande ville du pays, en aval du barrage des Trois-Gorges), Bo Xilai était appelé à rejoindre les « sept saints » du Comité permanent du Bureau politique !
Imperturbable, Hu Jintao cède la fonction de secrétaire général du Parti communiste puis celle de président de la République à son vice-président, Xi Jinping.
Cet ingénieur né en 1953, marié en secondes noces à une chanteuse très populaire, serait attiré par le bouddhisme et, dit-on, non corrompu (ce serait une exception mais elle reste à vérifier, sa famille ayant la réputation d'être riche de plusieurs centaines de millions de dollars).
C'est surtout le fils d'un ancien vice-premier ministre et compagnon de route de Mao, autrement dit un « taizi » ou « prince héritier ». Ce privilège donné à l'hérédité rappelle le passé impérial de la Chine et n'est pas pour plaire à tout le monde.
Dans le même temps, le Premier ministre Wen Jiabao, issu d'un milieu très pauvre mais dont la famille s'est considérablement enrichie sous sa protection, a laissé la place à Li Keqiang, un juriste né en 1955, protégé de Hu Jintao, apparemment très soucieux de lutter contre la corruption des dirigeants locaux.
Prévus de longue date, ces changements et bien d'autres ont renouvelé la classe dirigeante chinoise à l'issue du XVIIIe Congrès.
Ils interviennent dans un climat quelque peu tendu. D'une part, la croissance économique est tombée aux alentours de 6 à 8% par an, ce qui est énorme d'un point de vue européen mais insuffisant pour le gouvernement chinois qui doit gérer les tensions produites par les inégalités sociales et géographiques.
D'autre part, la corruption à toutes les strates du parti empêche l'établissement d'un État de droit. Elle est dénoncée par certains dirigeants qui, tel Wen Jiabao, y voient la « la plus grande menace pour le parti au pouvoir ». Dans les faits, les procès à grand spectacle pour corruption servent davantage à éliminer un rival politique qu'à éradiquer le mal.
Enfin, des bruits de bottes, ou plutôt de rames, se sont faits entendre dans la mer de Chine à l'été 2012, faisant resurgir le spectre d'une guerre (une vraie) entre la Chine et le Japon.
Dans ce contexte, Xi Jiping ne va avoir de cesse de resserrer son emprise sur le parti, faire taire les oppositions et même renouer avec le culte de la personnalité. Ainsi a-t-il été honoré du titre de « leader central » en 2016.
Dans le domaine international, il consolide le statut de la Chine en menant des offensives tant dans le domaine économique (achat d'entreprises européennes de haute technologie par des groupes d'État) que dans le domaine stratégique (extension du domaine maritime en mer de Chine).
Le XIXe Congrès, ouvert le 18 octobre 2017, a renouvelé comme de bien entendu le mandat de Xi Jinping. Il a aussi remplacé cinq des sept membres du Comité permanent. Le successeur de Xi Jinping en 2023 devrait être l'un d'eux, mais la réforme de mars 2018 abolit la limite à deux mandats, ce qui donne à Xi Jinping la possibilité de rester au pouvoir à vie...
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Le 1er octobre 1949, à Pékin, Mao Zedong proclamait l'avènement de la République populaire de Chine. Bien que rassemblant le cinquième de la population mondiale sur 9,5 millions de km2 (17 fois la France), le pays ne produisait alors guère plus de 3% de la richesse mondiale.
En 2017, après trois décennies de croissance à plus de 10% par an, la Chine assure à ses 1,4 milliards d'habitants un PIB/habitant/an moyen de 8000 dollars contre 60 000 pour les Américains.
Elle a dépassé le Japon en richesse globale, devenant la deuxième économie mondiale derrière les États-Unis, avec une chance sérieuse de rattraper ceux-ci d'ici 2025 et de redevenir ce qu'elle a été jusqu'au XVIIIe siècle, la première puissance mondiale.
Mais sa prospérité retrouvée pourrait être compromise par une trop faible natalité et un nombre excessif d'inactifs âgés, sans compter un sex-ratio déséquilibré dû à l'avortement sélectif des foetus féminins.
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Eric (25-06-2020 17:42:37)
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