Winston Churchill (1874 - 1965)

Ultimes combats

Quand son pays et le monde libre désespéraient de repousser l'hydre nazie, Winston Churchill a fait front envers et contre tout. Mais une fois la victoire acquise et le IIIe Reich abattu, il est apparu comme un vieux monsieur usé de 70 ans, ignorant des nouvelles réalités.

Ses électeurs l'ont alors renvoyé dans l'opposition aux élections du 5 juillet 1945, huit semaines après la capitulation de l'Allemagne ! À son absence de programme, ils ont préféré les promesses terre à terre des travaillistes guidés par Clement Attlee : « Let us face the future » (Faisons face au futur).

Le pèlerin du monde libre

Faisant contre mauvaise fortune bon coeur, respectueux comme à son habitude de la démocratie, Churchill laisse à son successeur sa place à la conférence de Potsdam, où se décide le sort de l'Allemagne.

Winston Churchill en 1951Il reprend son bâton de pèlerin à 71 ans et redécouvre la menace que représente l'Union soviétique pour la paix. Le 5 mars 1946, à Fulton, il prononce un discours célèbre où il annonce la guerre froide entre les anciens alliés et appelle à la constitution d'un front des démocraties. Ce sera l'OTAN.

Le 19 septembre 1946, à l'Université de Zurich, il appelle de ses voeux les États-Unis d'Europe, sur la base d'une réconciliation franco-allemande mais se garde d'y associer son propre pays ! Deux ans plus tard, néanmoins, il accepte la présidence d'honneur du Congrès de La Haye qui va conduire à la création du Conseil de l'Europe, dont fait partie le Royaume-Uni.

En octobre 1951, enfin, il gagne à la tête des conservateurs ses premières élections législatives. Cette fois, il devient Premier ministre en tant que chef de la majorité parlementaire et non plus en recours de la dernière chance. Mais ce retour tardif aux affaires s'avère très décevant.

Il s'oppose au plan Schuman qui jette les bases de la Communauté économique européenne. Confronté au désir d'émancipation des Égyptiens et des Iraniens, le Vieux Lion, obstiné, répond par la manière forte. Il s'ensuit la chute du roi Farouk et l'éviction des Britanniques d'Égypte d'un côté, une crise majeure en Iran avec le renversement de son Premier ministre Mossadegh. Ces crises vont nourrir au Moyen-Orient une haine de l'Occident dont nous ne sommes pas sortis.

Sir Winston

Bien qu'il descendit en ligne directe du prestigieux duc de Marlborough et fit partie d'une des plus nobles familles du Royaume-Uni, Winston Churchill n'était pas lui-même noble de naissance !
Son grand-père, John Winston Spencer-Churchill, septième duc de Marlborough, avait transmis son titre à son fils aîné George Charles Spencer-Churchill. Son deuxième fils, Lord Randolph, père de Winston, n'avait donc aucun titre de noblesse.
En avril 1953, Winston Churchill est récompensé de l'Ordre de la Jarretière et c'est seulement à ce moment-là, à 78 ans, qu'il acquiert un titre de noblesse, celui de baronet, le seul qu'il pouvait accepter s'il voulait continuer de siéger aux Communes. Il devient ainsi Sir Winston, même si sa femme Clementine eût préféré qu'ils fussent demeurés Mr. and Mrs. Winston Churchill...

Chartwell, résidence de Winston Churchill

La pièce est finie

Le 5 avril 1955, Churchill cède la place à son fidèle adjoint, Anthony Eden. Le « Vieux Lion » se retire pour raisons de santé dans sa chère résidence de Chartwell, dans le Kent. C'est une grande maison de dix pièces pour laquelle il a eu le coup de foudre en 1922 et qu'il a acheté à l'insu de son épouse. La seule infidélité qu'il lui ait faite. Les travaux de rénovation vont durer deux ans et c'est seulement en 1924 qu'ils pourront s'y installer.

C'est néanmoins dans cette maison que la famille va connaître ses plus grands moments de bonheur. Churchill lui-même y manie la truelle et y découvre le plaisir de peindre. Après la Seconde Guerre mondiale, Churchill craindra de devoir la vendre faute de pouvoir maintenir son train de vie mais de généreux donateurs la rachèteront et la lui loueront contre un loyer symbolique. La maison appartient aujourd'hui au National Trust. Tout y resté en état et l'on y voit 162 œuvres de Winston.

Le 24 janvier 1965, à 8h, Sir Winston Spencer Churchill rend son dernier soupir (le même jour et à la même heure que son père, 70 ans plus tôt !). Il a droit à des funérailles nationales, un privilège réservé aux souverains et auquel ont eu droit en tout et pour tout cinq roturiers anglais seulement : Pitt, Nelson, Wellington, Gladstone et lui-même. Son épouse Clémentine (« Clemmie » pour son mari) est créée « paire du royaume à vie » par la reine Elizabeth II et devient la baronne Spencer Churchill de Chartwell.

Churchill et les juifs

Churchill est de tous les leaders alliés celui qui a montré le plus de compassion pour les juifs persécutés par les nazis. Il déclare ainsi dans le discours à la Nation du 24 août 1941 (soit au tout début des massacres d'innocents) : « Depuis les invasions mongoles au XIIe siècle, on n'a jamais assisté en Europe à des pratiques d'assassinat méthodique et sans pitié à une pareille échelle. Nous sommes en présence d'un crime sans nom (...). Quand sonnera l'heure de la libération de l'Europe, l'heure sonnera aussi du châtiment ».

Bibliographie

Écrivain prolifique, Churchill a écrit pas moins de 15 000 pages dont une bonne partie sur ses propres actions. Le premier tome de ses Mémoires, consacré aux événements déterminants de l'entre-deux-guerres (1919-1939) reste du plus grand intérêt pour la compréhension de cette période.

On peut regretter toutefois que le « Vieux Lion », par souci de ne pas compromettre son avenir politique, ait modéré ses jugements sur ses contemporains encore vivants, comme lord Halifax. Ces Mémoires en 12 volumes, fruit d'un travail d'équipe, n'en sont par moins d'une lecture très agréable. Elles ont valu à Churchill, rappelons-le, le prix Nobel de littérature en 1953.

Churchill est lui-même au centre de très nombreux ouvrages bibliographiques, dont trois excellents, récemment parus en France. Le premier a pour auteur l'historien François Kersaudy : Winston Churchill, le pouvoir de l'imagination (Tallandier, octobre 2000, 600 pages). Il tisse de l'Anglais un portrait haut en couleur, très agréable à la lecture. François Bédarida est l'auteur d'une biographie tout aussi intéressante mais davantage orientée sur l'action politique du héros : Churchill (Fayard, 1999, 570 pages).

Last but not least, la biographie de l'historien-journaliste Sébastian Haffner, écrite en 1967, a été pour la première fois traduite en français en 2001 par les éditions Altvik sous le titre : Churchill, un guerrier en politique. Cet ouvrage de 240 pages est le plus percutant du point de vue de l'analyse politique. Avec objectivité et lucidité, il fait ressortir les forces mais aussi les faiblesses de Churchill. Il fait revivre tous les personnages qu'il a côtoyés dans sa longue carrière et met en lumière les débats auxquels il a été mêlé.

Publié ou mis à jour le : 2024-11-21 17:59:08
Bernard (19-03-2013 17:05:05)

À propos des citations et histoires courtes. Après la démission du gouvernement Chamberlain, le roi George VI convoque des hommes politiques en vue de former un nouveau gouvernement ; Winston Ch... Lire la suite

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