Ernest Lavisse (1842 - 1922)

Notre « instituteur national »

Ernest Lavisse a rédigé sous la IIIe République naissante un manuel d'Histoire destiné aux écoliers et à leurs maîtres. Il s'agissait de répondre à l'obligation faite en 1880 d'enseigner l'Histoire de France dès l'école primaire, l'objectif étant de fortifier l'esprit patriotique, la conscience nationale et l'attachement au gouvernement républicain.

Ce manuel, le fameux Petit Lavisse (1884), a été imprimé à des millions d'exemplaires jusqu'en 1950. Son frontispice s'orne d'une jolie formule : « Enfant, tu dois aimer la France parce que la nature l'a faite belle, et parce que son histoire l'a faite grande ». Par son intermédiaire, les « hussards noirs » (instituteurs) de la IIIe République ont donné à leurs élèves des « notions élémentaires » d’Histoire de France, à grands renforts d'illustrations et d'anecdotes frappantes.

Ernest Lavisse (17 décembre 1842 ; 18 août 1922)

Un pédagogue dans l'âme

Élève de l'École normale supérieure, reçu premier à l'agrégation d'Histoire en 1865, sous le Second Empire, Ernest Lavisse enseigne au lycée impérial de Nancy avant d'être présenté au ministre Victor Duruy dont il assume le secrétariat. Il devient aussi le répétiteur du Prince Impérial, le fils de Napoléon III.

Histoire de France (Lavisse, 1880)Après la guerre franco-prussienne, il se rend en Allemagne pour étudier son système éducatif et approfondir la connaissance de son Histoire. Devenu passionnément républicain, il entame la rédaction de son manuel d'Histoire avant de diriger toute une collection à son nom, destinée aux différents niveaux éducatifs.

Parallèlement, il accède à la chaire d'Histoire moderne à la Sorbonne en 1888, où il se révèle un enseignant hors pair. Il entre à l'Académie française en 1892 et devient directeur de l'École normale supérieure en 1904.

Pédagogue dans l'âme, Ernest Lavisse ambitionnait d'éveiller la curiosité des enfants, quitte  à ce qu'arrivés à l'âge adulte, ils bâtissent leur propre jugement à partir de recherches personnelles : « L'enseignement de l'histoire aux touts petits doit être une suite d'histoires comme en racontent les grands-pères à leurs petits-enfants », dit-il. De cette façon, il donna à plusieurs générations de Français la passion de la lecture et du débat autour de références communes et nourrit l'inspiration de nombreux historiens d'envergure internationale.  

Celui qui fut surnommé « l'instituteur national » fut ensuite relayé par le duo Albert Malet et Jules Isaac qui, à son tour, publia une célèbre série de manuels destinés à construire un  récit national, que d'aucuns appellent aujourd'hui « roman national », dans une formule qui exprime le mépris de certains universitaires pour la pédagogie. 

André Larané
Publié ou mis à jour le : 2022-08-17 17:24:46
Mija (04-06-2024 03:25:14)

Merci, Monsieur Lavisse. En effet, quand j'étais petite j'ai adoré les histoires que mes institutrice me racontaient et celles que je lisais. Grâce à votre sens pédagogique, j'ai appris la passio... Lire la suite

Jean-Michel DUPRAT (08-09-2022 08:15:44)

Bien entendu, l'Histoire de France racontée par un instituteur français ( d'avant Jules Ferry) peut présenter des tendances franco-françaises . Elles avaient, certes, pour but de favoriser un sent... Lire la suite

Rémy Volpi (17-08-2022 13:10:05)

Enseigner un "récit national", ou un "roman national" se comprend bien en phase de nationalisme exacerbé, lequel a fait de l'Europe de la première moitié du XXè siècle "the Dark Continent", se... Lire la suite

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