987-1328

Les premiers rois capétiens

Hugues Capet et ses descendants vont se succéder sur le trône de père en fils pendant trois siècles. Cette rare performance aura pour effet de légitimer la monarchie héréditaire plutôt que la monarchie élective.

Aux Capétiens directs succède en 1328 la branche cadette des Valois. Celle-ci laissera la place en 1589 aux Bourbons et, pour finir, en 1830, à un Orléans.

Invention de la France

Le royaume sur lequel règne Hugues Capet s'étend sur la partie occidentale des régions occupées par les Francs, de la Manche à la Meuse. Cela correspond en gros au Bassin parisien. Cette région fortement romanisée s'appelait Neustrie sous Clovis et ses successeurs mérovingiens. Elle est appelée Francie occidentale au temps de Charlemagne et des carolingiens. Les Capétiens vont en faire le noyau de la France actuelle.

Le premier texte où il est fait référence au mot France remonte à 1119, quand Louis VI, un lointain descendant de Hugues Capet, se proclame « roi de la France, non plus des Francs, et fils particulier de l'Église romaine » dans une lettre adressée au pape Calixte II.

Une nation en gestation

Pour réduire la violence endémique, les rois essayent de contrôler les seigneurs locaux en les réunissant dans une « cour du roi » où les décisions pour le royaume doivent être prises. Mais les Capétiens restent faibles face aux seigneurs locaux et leurs armées sont souvent battues par de simples châtelains. Les croisades constituent alors une soupape bienvenue : elles permettent d'évacuer vers l'Orient le trop-plein d'énergie de l'Occident.

Non sans mal, l'Église transforme les guerriers en chevaliers « au service de la veuve et de l'orphelin ». Elle interdit progressivement la guerre le dimanche puis du mercredi soir au lundi matin, avec plus ou moins de succès. Elle ne craint pas non plus d'excommunier les souverains, enclins à répudier trop facilement leur épouse. Peu à peu s'impose le mariage monogamique et indissoluble. Les femmes y gagnent en considération avec le développement de la « courtoisie ».

Les paysans se libèrent de l'emprise du servage. La paix relative facilite l'accroissement de la production agricole. La population française double pratiquement jusqu'à atteindre une quinzaine de millions d'habitants. Les premières villes commerçantes font leur apparition. Ces progrès s'accompagnent d'une floraison artistique dont témoignent les églises romanes et les cathédrales gothiques.

La basilique de Vézelay, sainte Marie-Madeleine (Yonne), photo : Gérard Grégor pour Herodote.net

Hugues Capet (987-996), élu par ses pairs

Le roi fixe sa résidence à Paris, désormais capitale du royaume, même s'il continue de voyager. Il associe d'emblée son fils de 15 ans au pouvoir en le faisant sacrer. Les hommes ne peuvent alors plus refuser la couronne à cet « élu de Dieu ». Cette pratique est reprise par ses descendants jusqu'à Philippe II Auguste, lequel, jugeant la dynastie assez solide, se dispensera de cette précaution.

La France des premiers rois capétiens

Pendant les deux premiers siècles, les Capétiens n'ont d'autorité que sur un petit territoire s'étendant de Paris à Orléans. Le reste du royaume demeure à la merci de seigneurs rebelles et turbulents. De concert avec le clergé, les rois n'ont de cesse de réduire la violence endémique...

Robert II le Pieux (996-1031) : gare à l'inceste

Robert II dit le Pieux, fils d’Hugues Capet, se lasse de sa première femme, la répudie et épouse sa maîtresse. Comme celle-ci se révèle être sa cousine au troisième degré, le pape, intransigeant sur les questions de consanguinité, excommunie le roi. La mort dans l'âme, Robert s'incline et divorce.

C'est durant son règne que l'évêque de Laon divise les hommes en deux catégories : d'un côté les seigneurs qui combattent et les clercs qui prient, de l'autre la classe servile qui travaille. Tous sont liés par des obligations réciproques, c'est la féodalité.

La cérémonie d'hommage

Pour être seigneur, il suffisait d'abord d'être chevalier, c'est-à-dire de se payer l'équipement pour combattre, de plus en plus coûteux. Par la suite, le seigneur se caractérise surtout par la possession d'un fief héréditaire que lui donnait son suzerain en échange de la promesse de le servir par les armes.

Même lorsque le seigneur avait un fief, il devait rendre hommage à son suzerain en lui prêtant serment de fidélité. Le vassal s'agenouillait et plaçait les mains jointes dans celles du suzerain qui pouvait alors le relever et lui donner un objet symbolisant son fief (généralement un bâton ou une lance). C'est ce qu'on appelle l' « investiture ». Le vassal prêtait finalement serment de fidélité sur l'Évangile ou sur des reliques.

Ce rituel est transformé au XIIe siècle par l'Église pour le rendre plus moral et religieux. 

Henri Ier (1031-1060) : une épouse russe

Prudent, Henri 1er, fils et successeur de Robert II, se marie en 1051 à une princesse russe, Anne de Kiev, pour ne pas risquer l'excommunication comme son père.

Philippe Ier (1060-1108) : peines de cœur

À Henri 1er succède son fils Philippe Ier. Comme son grand-père, il a le sang chaud. Bien que déjà marié, il enlève en 1092 la femme d'un vassal le jour de ses noces ! Le pape Urbain II prend mal la chose. En 1095, il traverse les Alpes et préside à Clermont, en Auvergne, un concile au cours duquel il excommunie le roi. Par la même occasion, il invite les chevaliers à partir au secours de leurs frères d'Orient, menacés par les Turcs qui ont pris Jérusalem en 1078, et à restaurer la sécurité sur les routes du pèlerinage en Terre Sainte. La réponse à cet appel dépassera les espérances du souverain pontife.

Pendant les deux siècles suivants, plusieurs centaines de milliers de gens vont partir vers l'Orient pour mettre leur épée « au service du Christ ». De ce mouvement quasi-continu, l'Histoire retient huit expéditions principales appelées a posteriori « croisades ».

Les croisades

Poussés par la foi chrétienne, leur goût de l'aventure et les possibilités de richesse, les chrétiens de toute l'Europe ont mené huit croisades :

-1ère croisade (1096-1099) : Lancée par le pape Urbain II, elle rassemble des chrétiens de toute l'Europe, des soldats, mais aussi leur famille et parfois même leur bétail ! Ils traversent toute l'Europe par la terre jusqu'à atteindre Jérusalem.

-2e croisade (1147-1149) : Elle aboutit à un fiasco, d'une part à cause de la mésentente entre Louis VII et l'empereur d'Allemagne Conrad III, d'autre part à cause des écarts de conduite d'Aliénor.

-3e croisade (1189-1192) : Entreprise contre le sultan Saladin, elle change de route et passe par la mer, chemin plus rapide et moins périlleux. La lutte contre les musulmans se fait plus courtoise et des échanges s'installent avec Saladin.

-4e croisade (1202-1204) : Devant se diriger vers l'Égypte grâce à la flotte des Vénitiens, elle est détournée vers Constantinople ; le but premier est abandonné.

-5e croisade (1217-1221) : Conduite contre l'Égypte par le roi de Hongrie, elle aboutit à un véritable désastre.

-6e croisade (1228-1229) : Menée par l'empereur Frédéric II (lui-même excommunié !), elle consiste moins en combats qu'en négociations : Jérusalem doit être rendue par le sultan en échange d'un traité d'alliance.

-7e croisade (1248-1254) : Surpris par un débordement du Nil, les Croisés doivent mettre fin à l'expédition.

-8e croisade (1270) : Dirigée contre Tunis, elle entraîne la mort du roi de France Louis IX.

Malgré les violences engendrées, ces croisades ont permis un développement du commerce méditerranéen et du luxe importé d'Orient. En tuant et en appauvrissant les seigneurs, elles ont participé à diminuer leur pouvoir.

Sous Philippe Ier, le duc de Normandie, vassal du roi, est aussi roi d'Angleterre. Si cela permet d'étendre l'influence culturelle française outre-manche, cela crée aussi une situation où le vassal est beaucoup plus riche et puissant que son roi !

Louis VI le Gros (1108-1137) : un roi bien conseillé

L'abbé Suger sur un vitrail de Saint-Denis (XIIe siècle)Méconnu, le fils et successeur de Philippe Ier est le premier grand roi capétien. Bien que premier à se prénommer Louis, il se fait appeler Louis le sixième pour signifier que sa dynastie s'inscrit dans la continuité des Carolingiens parmi lesquels il y avait cinq Louis.

Le roi se fait assister au gouvernement par Suger, le fils d'un serf qui a été son camarade d’école à l'abbaye de Saint-Denis, dont lui-même va devenir l'abbé. Suger est le premier des grands ministres de la France. Il crée un embryon d'administration et encourage le roi à combattre les seigneurs bandits qui défient son autorité.

Pour améliorer ses rentrées fiscales et affaiblir les seigneurs féodaux, Louis VI le Gros lance le mouvement communal. Vers 1134, il octroie contre rémunération une charte aux habitants de Lorris-en-Gâtinais. Elle servira de modèle aux futures « franchises communales », à l'origine du renouveau urbain.

Le fils aîné de Louis VI étant mort, c'est son cadet,marié à la duchesse Aliénor d'Aquitaine, qui devient roi sous le surnom de Louis VII le Jeune.

Sa femme lui apporte en dot la Guyenne, la Gascogne, le Poitou, le Périgord, le Limousin… Les frontières du royaume sont désormais repoussées jusqu'aux Pyrénées.

Louis VII le Jeune (1137-1180) : querelles de ménage

Le fils et successeur du précédent doit son surnom à ce qu'il était le cadet de la famille : il n'a dû sa couronne qu'à la mort accidentelle de son frère aîné.

Aliénor d'Aquitaine et l'une de ses filles (église Sainte-Radegonde)L'abbé Suger, conseiller et ami du nouveau roi comme de son père, reconstruit l'abbatiale de Saint-Denis. Le choeur est inauguré en présence de tous les grands seigneurs et évêques du royaume qui n'auront d'autre hâte, de retour chez eux, que de reproduire la « châsse de lumière » qui les a éblouis. C'est le premier témoignage de l'art français qui sera plus tard surnommé avec mépris par Raphaël « art gothique » (autrement dit à peine digne des Goths !).

À l'appel lancé par Saint Bernard de Clairvaux à la Pâques 1146, le roi part pour une deuxième croisade avec sa femme en direction de la Terre Sainte cependant que le vieux Suger assure la régence.

Après la mort du sage Suger surnommé « père de la patrie », le roi divorce d'Aliénor. La reine, qui a 30 ans et du tempérament à revendre, se remarie à Poitiers avec Henri Plantagenêt, comte d'Anjou et de Touraine, de dix ans son cadet. Le nouveau couple possède des terres représentant près de dix fois le domaine royal ! Il hérite du duché de Normandie puis, en 1154, de la couronne d'Angleterre.

S'ensuivent des guerres interminables entre les Plantagenêt et les Capétiens, qui affaiblissent l'autorité royale.

Un troisième mariage donne à Louis VII un fils qui lui succèdera sous le nom de Philippe II Auguste, ainsi surnommé parce que né en août.

Philippe II Auguste (1180-1223) : enfin une Nation !

Philippe Auguste est très vite entraîné dans la guerre contre les Plantagenêt d'Angleterre : Henri II puis son fils Richard Coeur de Lion. En 1189, il part avec ce dernier pour une troisième croisade dirigée contre le sultan Saladin. Mais il abandonne très vite son allié en Terre Sainte et revient en France pour enlever quelques provinces aux Plantagenêt.

Un incident conjugal va gâcher le règne. Veuf d'Isabelle de Hainaut, Philippe Auguste se remarie avec Isambour de Danemark et, le jour même de ses noces, est pris d'un subit dégoût pour sa femme ! Il s'en sépare et se remarie avec Agnès de Méran. Le pape Innocent III lui en fait reproche et jette l'interdit sur le royaume : le clergé n'a plus le droit de délivrer les sacrements au roi et à ses sujets ! Philippe éloigne Agnès et restitue le titre de reine à Isambour... mais sans aller jusqu'à la mettre dans son lit.

Le roi crée un corps de fonctionnaires salariés : les baillis (au nord) ou sénéchaux (dans le Midi). Il donne ainsi une nouvelle place à de petits nobles, voire à des roturiers, ce qui favorise l'essor de la bourgeoisie. Il développe aussi le système des communes inauguré par Louis VI.

À Paris, il fonde une Université et embellit sa capitale en l'entoure d'une première ligne de fortifications, avec un château fort à l'ouest, le Louvre. Il enjoint à ses vassaux de quadriller le territoire de forteresses similaires, robustes et standardisées. Ces châteaux philippiens vont efficacement protéger le domaine royal contre les visées des Plantagenêt.

La guerre des Albigeois

Tandis que le roi de France guerroie contre les Plantagenêt, le Midi toulousain est agité par le catharisme, une hérésie qui séduit beaucoup de chrétiens écoeurés par la dépravation du clergé local. Par la voix de son légat, le pape Innocent III exige du comte de Toulouse qu'il extirpe l'hérésie de ses terres. Le légat et le comte en viennent à se disputer.

Le 15 janvier 1208, tandis qu'il repart à Rome, le légat est assassiné sur une route du Languedoc par un écuyer du comte. C'en est trop pour le pape ! Deux mois plus tard, il lance une croisade contre les Cathares, ou Albigeois, et tous ceux qui les protègent. C'est la seule croisade jamais dirigée contre des chrétiens.

Philippe Auguste n'ayant nulle envie de s'en mêler, ce sont de petits seigneurs du Bassin parisien qui descendent dans le Midi pour exécuter la volonté du souverain pontife… et gagner gloire et terres. Cela commence fort avec le massacre de quelques centaines d'habitants de Béziers. Le comte de Toulouse est excommunié et ses terres « exposées en proie », c'est-à-dire offertes aux croisés et à leur chef, Simon de Montfort.

Le 12 septembre 1213, les Français du nord écrasent ceux du sud à Muret, au sud de Toulouse. Mais la guerre s'enlise et Simon de Montfort est tué. Les seigneurs méridionaux relèvent la tête et reprennent l'initiative. La croisade lancée dix ans plus tôt s'avère un échec... Le drame se conclue avec la prise du nid d'aigle de Montségur, en 1244, puis de celui de Quéribus en 1255.

La croisade s'avère être un échec... Elle permet néanmoins à Louis VIII d'étendre son pouvoir royal jusqu'à la Méditerranée et à l'Église de mettre en place l'Inquisition dès 1231 pour aider à la lutte contre les infidèles.

Au nord de la Loire, Philippe Auguste fait face à une coalition internationale, la première du genre. Elle réunit le roi d'Angleterre Jean sans Terre, les comtes de Flandre et de Boulogne, le duc de Brabant ainsi que l'empereur d'Allemagne Otto IV. Le roi d'Angleterre, premier prêt, se replie sans combattre devant le château de La Roche-aux-Moines, près d'Angers.

Face aux autres coalisés, 80 000 hommes au total, le roi de France n'en aligne que 25 000 mais, pour la première fois, chevaliers et milices communales combattent ensemble sous l'emblème de la fleur de lys, ce qui donne à la guerre un caractère national inédit. La bataille décisive a lieu à Bouvines, entre Tournai et Lille, le dimanche 27 juillet 1214. Le comte de Flandre est capturé cependant que l'empereur s'enfuit.

À la fin de son règne, Philippe II est parvenu à annexer la Normandie, la Touraine, l'Anjou, l'Auvergne et une partie du Poitou.

Louis VIII le Lion (1223-1226) : le Midi contre le Nord

Le 14 juillet 1223 meurt Philippe Auguste (58 ans) après 42 ans de règne. Son fils aîné (36 ans) lui succède sous le nom de Louis VIII le Lion. Il repart dans le Midi toulousain, soumet le Poitou et le Languedoc. Après avoir ravagé le pays, il meurt sur le retour, emporté par une dysenterie aiguë.

Louis IX (1226-1270) : un saint sur le trône de France

Son fils de 12 ans lui succède sous le nom de Louis IX mais il restera dans la postérité sous le nom de saint Louis en raison de sa piété et de ses oeuvres de charité, comme la construction de l'hospice des Quinze-Vingt à Paris. Sa mère Blanche de Castille assure la régence avec le titre de « baillistre ».

En premier lieu, elle met un terme au drame du Midi. En 1229, par le traité de Meaux, le comte de Toulouse Raimon VII met ses terres à la disposition du roi et cède le marquisat de Provence au Saint-Siège (les papes le conserveront sous le nom de Comtat-Venaissin jusqu'à la Révolution française). Il promet surtout de donner sa fille unique, Jeanne, en mariage à l'un des frères du roi (peu importe lequel !).

En 1235, devenu majeur, le roi Louis IX prend les rênes du pouvoir. Il bat les grands féodaux à Taillebourg et Saintes, dans le Poitou, en 1242. La même année, le roi conclut une paix définitive avec le comte de Toulouse.

En vue d'accroître le prestige de Paris, le roi achète très cher une relique présentée comme la couronne d'épines du Christ (!) et fait construire pour elle la Sainte Chapelle, sur l'île de la Cité. Son inauguration, en 1248, coïncide avec l'apogée de l'art gothique.

Peu après, saint Louis confie le royaume aux bons soins de sa mère et s'embarque pour une septième croisade. Mais il est capturé par les Mamelouks sur les bords du Nil. Libéré contre rançon, il restera en Terre Sainte pendant quatre ans encore pour réorganiser les défenses du pays. La mort de sa mère l'oblige à rentrer en avril 1254.

Aussi jovial que fervent chrétien, saint Louis exprime l'idéal médiéval et chevaleresque. Par son sens du compromis et de la justice, il acquiert un grand prestige en France comme à l'étranger et les souverains sollicitent son arbitrage. Il va jusqu'à développer la justice royale aux dépens de celle des seigneurs locaux, ce qui donne lieu à la création du Parlement vers 1250.

Soucieux de moraliser le royaume, Louis IX interdit les duels judiciaires et sévit contre les prostituées, ainsi que les juifs, les banquiers lombards, les usuriers cahorsins etc. C'est le côté gris de ce règne qui marque néanmoins l'apogée de la France médiévale.

Louis IX meurt du typhus le 25 août 1270 au cours d'une huitième et dernière croisade, sous les murs de Tunis, dont il espérait convertir le sultan !

Philippe III le Hardi (1270-1285) : premiers nuages

Écrasé par le souvenir de son père, Philippe III le Hardi règne sur un roy

aume puissant et respecté mais les premiers effets de la « surchauffe » du XIIIe siècle se ressentent : surpeuplement, épuisement des sols, baisse des rendements agricoles...

Il soutient son oncle Charles d'Anjou, roi de Sicile, en guerre contre le roi d'Aragon. Il traverse les Pyrénées pour combattre ce dernier mais, battu, doit se replier. Il meurt sur le retour, à Perpignan. Son fils (17 ans) lui succède sous le nom de Philippe IV le Bel.

Philippe IV le Bel (1285-1314) : naissance de la laïcité

Sous Philippe IV, des conseillers du roi appelés « légistes » étudient le droit romain. Selon celui-ci, le roi est la « loi vivante », contrairement au droit en place dans le régime féodal. Ces légistes favorisent ainsi l'émergence d'une monarchie absolue.

Philippe le Bel confisque le duché de Guyenne à son titulaire, qui n'est autre que le roi d'Angleterre. Le conflit entre les deux souverains tourne au désavantage de la France lorsque le comte de Flandre, vassal du roi capétien, prend le parti de l'Anglais.

Philippe le Bel fait occuper la Flandre mais les habitants de Bruges massacrent la garnison française. Ces « Mâtines de Bruges » inaugurent la scission de la Flandre entre une partie française (Lille, Douai, Béthune) et une partie libérée de la suzeraineté capétienne (aujourd'hui belge).

Le roi a besoin d'argent pour poursuivre la guerre et maintenir le train de vie de l'État. Il ne lui suffit pas de dévaluer la monnaie ni de dépouiller les juifs et les banquiers lombards. Il lève de nouveaux impôts, comme l'impôt royal. Pour les faire accepter, il réunit périodiquement à partir de 1302 des représentants du clergé, de la noblesse et des bourgeois à Notre-Dame. C'est une préfiguration des « états généraux ».

Dans un contexte de concurrence entre le pouvoir temporel du roi et le pouvoir spirituel du Pape, Philippe le Bel fait arrêter un évêque ; le pape Boniface VIII le menace d'excommunication. Guillaume de Nogaret, un des principaux légistes du roi, se rend en Italie en vue de destituer le pape. La rencontre, à Anagni, au sud de Rome, tourne mal : on parle d'un « attentat » contre la personne du pape, qui aurait été souffleté.

Cette rupture, symbolisée par le déplacement de la papauté à Avignon, marque la fin du XIIIe siècle, siècle chrétien par excellence, durant lequel les gouvernements se soumettaient aux exigences du pape. Philippe IV le Bel se pose en précurseur du gallicanisme et de la laïcité, autrement dit de la séparation de l'Église et de l'État.

La grande affaire du règne est l'arrestation des Templiers le vendredi 13 octobre 1307. Depuis la fin des croisades, ces moines-soldats vivent en France de leurs rentes. L'opinion ne les aime guère et le roi lorgne sur leurs biens. Après leur arrestation, ils sont torturés, jugés et condamnés. L'ordre des Templiers est aboli en 1312.

Fin des capétiens directs (1314-1328)

Philippe le Bel meurt le 29 novembre 1314. Marié à Jeanne de Navarre, le roi a eu sept enfants dont trois fils qui lui succèderont à tour de rôle :
- Louis X le Hutin (ou le Querelleur !), mort le 5 juin 1316 à 27 ans, et son fils Jean 1er Posthume, mort à l'âge de quatre mois le 19 novembre 1316 ;
- Philippe V le Long, mort le 3 janvier 1322 à 25 ans ;
- enfin Charles IV le Bel, mort à 33 ans le 1er février 1328.

Fait sans précédent depuis trois siècles : aucun des trois fils et successeurs de Philippe le Bel ne laisse d'héritier mâle. La couronne va dès lors passer à une branche cadette de la dynastie capétienne, les Valois.

En trois siècles, les rois capétiens sont parvenus à agrandir le royaume et à le doter d'institutions renforçant la puissance royale. Les droits de justice et de battre monnaie ont été centralisés et un corps de fonctionnaires permet désormais de faire respecter l'autorité du souverain. 

André Larané

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Souverains français
Publié ou mis à jour le : 2019-11-24 20:51:23

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