Alain Dag'Naud (Larousse, 460 pages, 18,95 €, 2016)
Alain Dag'Naud nous a déjà régalé avec son Grand bêtisier de l'Histoire de France (2012). Voilà qu'il récidive avec un aperçu leste de l'Histoire nationale.
Dans cet ouvrage aux multiples entrées (encarts, notes de marge, illustrations, accroches...), on retrouve à chaque page l'esprit « Canard enchaîné » sous forme de dessins et citations drôlatiques, généralement sans rapport avec le contexte. Exemple : « On dit que je cours après ma jeunesse. Il est vrai. Et pas seulement après la mienne... » (André Gide). Normal puisque l'auteur est un collaborateur régulier de l'hebdomadaire satirique.
La surprise vient du texte lui-même. On pourrait s'attendre à une histoire de France par le petit bout de la lorgnette. N'en croyez rien. Derrière un naturel enjoué et rieur, Alain Dag'Naud révèle une érudition à toute épreuve et une affection des plus sincères pour le « roman national ». Hé oui, ce fameux « roman » qu'il est de bon ton de condamner dans les milieux autorisés et en premier lieu à l'Éducation nationale. Il ne s'agirait pas que l'on donne à chères petites têtes blondes (et brunes) du plaisir à apprendre !
Alain Dag'Naud se moque de ces préjugés. Bien qu'agrégé d'histoire, il n'a que faire des injonctions ministérielles. Il nous offre un récit solidement charpenté de l'Histoire de France sans rien négliger des légendes, rumeurs et anecdotes qui en font le charme. À l'évêque de Reims qui apprend à Clovis la crucifixion de Jésus, « Que n'étais-je là avec mes Francs, j'aurais massacré ces Romains », répond le roi des Francs !
L'ouvrage est centré sur les personnages qui ont fait la France, sur leur personnalité et, nécessairement, sur leur vie intime. Quoi de plus naturel ? Comment comprendre Clovis, François 1er, Louis XIV, Napoléon 1er, Adolphe Thiers... si l'on ignore leurs relations avec leurs épouses et leurs maîtresses ? C'est une approche traditionnelle qui n'a rien à voir avec l'histoire sociale développée au cours du dernier siècle. Mais l'une et l'autre ont leur utilité.
Alain Dag'Naud n'a pas son pareil pour raconter par exemple les frasques de Louis-Napoléon Bonaparte et sa liaison passionnée avec miss Howard. Il a 38 ans et elle 23 quand ils se rencontrent dans un salon londonien en 1846. La courtisane va mettre sa fortune au service de son amant et l'accompagner à Paris jusqu'au coup d'État qui en fera l'empereur Napoléon III.
Quelques semaines plus tard, le 22 janvier 1853, Napoléon III envoie sa maîtresse en mission secrète à Londres. Miss Howard s'exécute. Arrivée au Havre, elle découvre en une d'un journal l'annonce des fiançailes impériales. Le mariage de l'empereur avec Eugénie de Montijo est fixé au 30 janvier suivant ! La maîtresse anglaise revient illico chez elle, rue du Cirque, une artère bien connue de notre actuel président ! Napoléon III est sommé de l'y rejoindre pour une explication de trois heures et une réconciliation sur le canapé, avec en cadeau de rupture un joli chèque et un titre de comtesse. Ainsi va l'Histoire.
Publié ou mis à jour le : 19/11/2016 19:19:10
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