Chef-d'œuvre du gothique flamboyant, le monastère de Brou rappelle deux histoires d'amour. Il a été projeté par Marguerite de Bourbon pour obtenir la guérison de son mari le duc de Savoie Philippe II. C'est en définitive sa bru Marguerite d'Autriche qui le fit construire pour honorer la mémoire de son beau-père mais aussi celle de son mari adoré, le duc de Savoie Philibert II le Beau, décédé dans la fleur de l'âge...
Amours trop tôt interrompues
Le monument est situé en lisière de Bourg-en-Bresse (Ain), sur le plateau marécageux qui s'étend à l'ouest des premiers contreforts du Jura.
Marguerite de Bourbon, mère de Philibert, avait fait le vœu de construire une église et un monastère à cet endroit, sur l'emplacement d'un modeste prieuré des Augustins, pour obtenir la guérison de son mari, le duc de Savoie Philippe II.
Étant morte avant d'avoir pu accomplir ce vœu, elle le transmit à son fils Philibert qui, lui-même, mourut très jeune, le 10 septembre 1504, à 24 ans.
C'est donc à sa bru Marguerite d'Autriche qu'il revint de l'accomplir. Elle était la fille de l'empereur d'Allemagne Maximilien Ier de Habsbourg et de Marie de Bourgogne, fille unique et héritière du duc de Bourgogne Charles le Téméraire. Elle était aussi de ce fait la tante de l'empereur Charles Quint.
Une duchesse de bonne réputation
Née en 1480 à Bruxelles, Marguerite d'Autriche fut fiancée à 3 ans au futur roi de France Charles VIII et répudiée à onze ans, lorsque Charles VIII lui préféra Anne de Bretagne et son duché.
Mariée pour de bon à un infant d'Espagne et devenue veuve, elle se remaria alors avec Philibert le Beau et connut auprès de lui quatre années de félicité.
Veuve une deuxième fois, elle se consacra à l'éducation de son neveu, le futur empereur Charles Quint. Elle lança dans le même temps la construction de Brou.
Nommée par son père Maximilien gouverneur général des Pays-Bas en 1506, elle résida dès lors à Malines. Modérée, elle sut maintenir envers et contre tout la paix dans ses domaines, y compris la Franche-Comté. Elle négocia avec Louise de Savoie, mère de François Ier, la paix de Cambrai ou « paix des Dames ».
Un chef-d'oeuvre du gothique flamboyant
Nourrie de culture flamande, c'est dans un style flamand que Marguerite d'Autriche conçut le « royal monastère » de Brou, qu'elle n'eut jamais l'occasion de visiter de son vivant.
La construction de l'église et du monastère débutèrent le 20 août 1506.
Le monastère abrite aujourd'hui les somptueux tombeaux de Marguerite d'Autriche, de son mari Philibert II le Beau et de sa belle-mère Marguerite de Bourbon.
Dans le style funéraire de l'époque, les tombeaux de Philibert et de son épouse sont des baldaquins de pierre comportant, à leur partie supérieure, un « gisant » qui représente le défunt de son vivant, en tenue d'apparat, et au-dessous, un « transi » qui le représente dépouillé et dans la mort.
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