Alexander Hamilton, l'un des fondateurs des États-Unis, a animé le courant fédéraliste dans les années qui ont suivi l'indépendance. À ce titre, il s'est fait le champion de l'industrialisation du pays et du renforcement du pouvoir central.
Des analyses politiques de haute volée
Né en 1757 dans une famille pauvre de l'île de Nevis (Antilles britanniques), Alexander Hamilton devient aide de camp de George Washington pendant la guerre d'indépendance, avec le grade de lieutenant colonel, puis s'installe comme avocat.
Il est délégué de New York à la Convention de Philadelphie en charge de donner une Constitution au pays. Du 27 octobre 1787 au 15 août 1788, tandis qu'a débuté le processus de ratification, il publie dans différents journaux, avec son ami James Madison, fils d'un planteur de Virginie, des analyses politiques de haute volée destinées à inspirer les conventionnels et éclairer le grand public. Ce total de 85 articles est au final rassemblé sous l'intitulé Federalist Papers (Le Fédéraliste en français).
La Constitution étant entrée en vigueur en mars 1789, Hamilton devient Secrétaire au Trésor (ministre des Finances) le 11 septembre 1789 dans le premier gouvernement des États-Unis, sous la présidence de George Washington.
Il nourrit le rêve d'un État fort et puissant, dirigé par la riche oligarchie d'affaires de la Nouvelle Angleterre, ce qui le conduit à s'opposer au rêve bucolique du Secrétaire d'État Thomas Jefferson d'une Amérique constituée de petits propriétaires libres et égaux.
Champion de la libre entreprise
Le ministre obtint le vote d'une première loi protectionniste destinée à privilégier l'industrie nationale et procurer des ressources à l'État fédéral. C'est le Tariff Act qui impose un droit de 50 cents sur chaque tonne de marchandise importée, 6 cents seulement si elle arrive à bord d’un navire américain.
Jusqu'à l'apparition du premier impôt sur le revenu en 1862, les droits de douane représenteront jusqu'à 90% des recettes fiscales de l'État fédéral.
Hamilton crée aussi le 4 juillet 1791 la Banque fédérale (Bank of the United States), embryon de banque centrale. Le public s'arrache les actions de la banque.
La même année, il expose dans un célèbre rapport (Report on Manufacturers) le principe d'une protection douanière et d'une politique industrielle vigoureuse afin de favoriser l'émergence d'une économie moderne. Ses préconisations seront reprises plus tard par l'économiste allemand Friedrich List, qui justifiera le protectionnisme dans les pays en voie d'industrialisation.
Le 17 mai 1792, à son initiative, les négociateurs d'actions et de titres bancaires se concertent pour prévenir les actions néfastes de quelques spéculateurs. Leur réunion a lieu au 68, Wall Street, à New York. C'est l'origine de la Bourse actuelle.
Critiqué notamment pour ses tentatives de rapprochement avec l'Angleterre et aussi pour une taxe impopulaire sur le whisky, il démissionne le 30 janvier 1795 et entre dès lors dans l'opposition.
Le temps des malheurs
Aux élections présidentielles de 1800, il revient à la Chambre des Représentants pour soutenir contre toute attente son ancien rival Thomas Jefferson, lequel est opposé à un dénommé Aaron Burr. Aux fédéralistes de son camp qui lui préfèrent ce dernier, Hamilton les met en garde contre ce dernier. Jefferson et Burr ayant recueilli le même nombre de voix de Grands Électeurs, Burr devient automatiquement vice-président ainsi que le veut alors la Constitution.
L'année suivante, Hamilton cherche le repos dans sa maison de campagne de La Grange, à Manhattan (!), quand il est frappé par le malheur : son fils Philip, 19 ans, est tué en duel alors qu'il voulait défendre l'honneur de son père !...
En 1804, comme Aaron Burr brigue le poste de gouverneur de l'État de New York, Hamilton dit de lui à ses proches qu'il est un «homme dangereux à qui l'on ne doit pas faire confiance». L'apprenant, Burr, qui a été battu, le défie en duel. L'affrontement se tient le 11 juillet 1804.
Opposé par principe au duel, Hamilton tire en l'air. Son adversaire riposte par un tir à l'abdomen. Hamilton meurt après trente heures d'agonie. Les États-Unis perdent avec lui un économiste de talent et un chef politique méritant.
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