L’histoire du duc de Wellington, né Arthur Wisley ou Wellesley, héros britannique, est aussi une histoire française.
Arthur Wellesley assiste d'abord son frère Richard, gouverneur général des Indes, dans la guerre contre les princes locaux, de 1796 à 1805. Avide de gloire, il revient en Europe pendant les guerres napoléoniennes et prend le commandement d'un corps expéditionnaire au Portugal. Il bat les troupes françaises commandées par le maréchal Junot à Vimeiro, près de Lisbonne, le 21 août 1808.
De retour au Portugal quelques mois plus tard, il prend la tête d'une coalition anglo-hispano-portugaise et bat l'armée de Joseph Bonaparte à Vitoria le 21 juin 1813. Il repousse les Français au-delà des Pyrénées et pénètre lui-même en France, ce qui lui vaut le titre de marquis de Wellington, puis duc de Wellington.
Le 10 avril 1814, il remporte à Toulouse une victoire sur l'armée du maréchal Soult. Mais son heure de gloire viendra le 18 juin 1815 avec sa victoire sur Napoléon Ier à Waterloo. À sa mort, après une longue carrière de militaire, diplomate et homme politique, il sera inhumé à Saint-Paul, auprès de l'amiral Nelson.
Une jeunesse militaire
Dans sa jeunesse, sa mère qui n’avait d’yeux que pour son frère Richard, le destina à une carrière militaire : « Bon pour la poudre, rien de plus ». Mais l’Angleterre n’ayant pas d’école militaire à l’époque, c’est en France que celui qui se nommait alors Arthur Wisley fut formé, à Angers, comme bon nombre de ses compatriotes. Une période qui fut la plus heureuse de sa jeunesse et lui procura une certaine admiration pour la France aristocratique, lui permettant d’acquérir au passage un excellent niveau de français.
En 1787, son frère Richard, qui s’était lancé dans la politique et était entré aux Communes de Londres lui acheta un brevet d’officier et le fit aide de camp du vice-roi d’Irlande. Par la suite, toujours grâce à son frère, il parvint à réunir les sommes nécessaires pour s’acheter un grade de lieutenant-colonel.
Début 1797, il débarqua avec son régiment à Calcutta, tandis que son frère était nommé gouverneur général des Indes et venait de modifier son nom en Wellesley, ce que s’empressa de faire aussi Arthur.
Nommé gouverneur de Seringgatam en 1799, il y réalisa ses premiers exploits militaires. Très vite, il se distingua par ses qualités de logisticien, toujours soucieux du système de ravitaillement et de transport de ses troupes.
À la tête de quatre régiments de cavalerie, il parvint un an plus tard à mettre en déroute les bandes rebelles de Dhoondiah, trois fois plus nombreuses. Devenu major général, il participa à la guerre des Marhattes dans le Dekkan en 1803 et réussit, avec des forces réduites, à vaincre les Marhattes à la sanglante bataille d’Assaye qui établit sa réputation de bravoure et de sang-froid.
Très ambitieux, il se hâta de revenir en Europe pour faire carrière politique. Député conservateur (tory) de Rye en 1806, il se fit ensuite nommé Secrétaire pour l’Irlande en 1807, mais la guerre contre Napoléon le ramena bientôt à des occupations militaires.
Arthur Wellesley retrouve les Français
En 1808, Wellesley fut envoyé avec un corps expéditionnaire anglais dans la péninsule pour contrer l’armée du général Andoche Junot, ce qu’il accomplit à Vimeiro près de Lisbonne, en adoptant une nouvelle façon de se battre. Alignés sur deux rangs, très disciplinés, utilisant un fusil au tir très précis, les Anglais installés sur une position forte tiraient sur les colonnes tumultueuses des Français qui montaient à l’assaut. Face à la cavalerie, la tactique utilisée était la formation en carré. Wellesley attendait d’avoir usé l’adversaire avant de lancer une contre-attaque.
Mais ce succès ne put être exploité à cause de Dalrymple, son supérieur, qui signa la convention de Cintra permettant aux Français d’évacuer le Portugal.
Frustré, Wellesley résigna son commandement et revint en Angleterre… pour une courte durée.
En effet, dès le printemps 1809, les Français du maréchal Soult occupaient Porto et Wellesley était rappelé aux affaires, cette fois avec les pouvoirs de commandant en chef. Grâce à un plan audacieux, il réussit à les déloger en quelques heures, se faisant servir le dîner préparé pour le maréchal de Napoléon.
Un an plus tard, il tint en échec Masséna devant Lisbonne, sur les lignes fortifiées de Torres Vedras, avant de forcer les Français à abandonner définitivement le Portugal en 1811.
L’initiative changea alors de camp. Les Anglais n’avaient désormais plus pour objectif la défense du Portugal, mais la conquête de l’Espagne. Wellesley s’empara des places espagnoles de la frontière, puis battit Marmont à Arapiles près de Salamanque en juillet 1812, lui permettant d’entrer dans Madrid, accueillie par une ville l’acclamant triomphalement. Ces succès accentuèrent encore davantage son prestige militaire, et lui valurent d’être fait successivement comte et marquis de Wellington. Dans le même temps, Napoléon Ier engageait la Grande Armée dans la campagne de Russie...
Au printemps 1812, le destin de l’Espagne française fut enfin scellé. Wellington lança son offensive décisive et, par sa grande victoire à Vitoria le 21 juin 1813, obligea les Français à retraverser les Pyrénées.
Les Anglais soucieux de consolider sur le trône de France, Wellington fut nommé ambassadeur auprès de Louis XVIII sous la première Restauration. Il partit ensuite pour le Congrès de Vienne en février 1815 comme délégué britannique. Mais la fuite de Napoléon de l’île d’Elbe le ramena à nouveau aux affaires militaires et il cosigna avec les autres délégués la fameuse déclaration du 13 mars suggérée par Talleyrand : « il ne saurait y avoir ni paix, ni trêve avec lui. ».
Waterloo fait de Wellington une légende
Wellington arriva à Bruxelles pour prendre le commandement de l’armée anglaise, complétant son infanterie avec des contingents hanovriens, hollandais et belges.
Pendant deux mois, il multiplia exercices et manœuvres pour donner une certaine cohésion à cet ensemble hétéroclite, Hollandais et Belges ayant l’habitude de se battre à la française. Il lui fallut aussi s’entendre avec le feld-maréchal Blücher qui commandait l’armée prussienne : les deux chefs s’engagèrent à se soutenir mutuellement.
Quand il n’entraînait pas ses troupes, Wellington donnait des bals à Bruxelles pour montrer aux Belges, susceptibles de sympathies françaises, qu’il ne craignait pas Napoléon.
Il décida de l’affronter à Waterloo, un terrain qu’il connaissait bien pour l’avoir repéré un an plus tôt en faisant l’inspection des forteresses belges.
Le 18 juin 1815, les troupes de Napoléon se présentent devant celles de Wellington. Ce dernier apprit assez vite que les Prussiens de Blücher ne pourraient être là avant le milieu de l’après-midi. Il lui fallait tenir jusque là.
Comme à son habitude, il avait disposé son infanterie légèrement en arrière de la crête. Sur ce sol argileux, la boue va gêner à la fois les mouvements de l’armée française et l’efficacité des tirs de son artillerie. Pendant tout ce terrible après-midi, le duc conserva son calme, alors que la plupart des membres de son état-major furent tués ou blessés autour de lui.
Le soir, de retour dans son quartier général, au centre du village de Waterloo, il assista son aide de camp dans ses derniers instants. Le jeune Alexandre Gordon (29 ans) avait été blessé à la cuisse alors qu'il chevauchait à ses côtés. C'est alors que le général aurait eu cette phrase amère : « À part une bataille perdue, il n'y a rien de plus douloureux qu'une bataille gagnée » (la citation figure sur le monument commémoratif de la ferme d'Hougoumont, à Waterloo, dans les termes suivants : Next to a battle lost, the greatest misery is a battle gained.)
Finalement victorieux, Wellington estimait avoir agi comme allié du roi Louis XVIII. Il ordonna à ses soldats de traiter la France comme un pays ami, et intervint entre 1815 et 1818 pour consolider le pouvoir des Bourbons et empêcher le démembrement du pays.
Déchéance et renaissance du héros
Après Waterloo, Wellington embrassa durablement une carrière diplomatique et politique. En 1818, il fut nommé « Maître général de l’ordonnance » dans le cabinet de Liverpool jusqu’en 1827, avant d’être lui-même choisi par le roi George IV comme Premier ministre.
Il forma alors un cabinet tory entre janvier 1828 et novembre 1830, et fit notamment passer le bill (la loi) sur l’émancipation des catholiques à laquelle il avait longtemps été opposé. En revanche, partisan d’un politique réactionnaire, il repoussa toute réforme parlementaire, ce qui lui valut de devenir extrêmement impopulaire auprès de l’opinion publique. Il fut finalement renversé par les libéraux, mais retrouva un rôle politique comme ministre des Affaires étrangère sous Peel entre 1834 et 1835, puis fit encore partie d’un nouveau cabinet Peel de 1841 à 1846, avant de se retirer définitivement de la vie politique.
A la fin de sa vie, Wellington retrouva toute la popularité qu’il avait perdue. L’université d’Oxford décida d’en faire son Chancelier en 1834. À son intronisation, les étudiants enthousiastes l’acclamèrent, agitant leurs chapeaux et dansant de joie. Lorsqu’il s’éteignit en 1852, il était l’idole vénérée de l’Angleterre victorienne et fut inhumé à la cathédrale Saint-Paul, aux coté de l’amiral Nelson.
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