15 janvier 2017 : cent ans après, l'acteur-réalisateur Nate Parker relève le titre de la première super-production américaine, Naissance d'une nation (Birth of a Nation). Avec l'ambition de gommer le souvenir de ce film outrageusement raciste...
En 1915, le réalisateur William Griffith avait dans son film exalté le combat des Confédérés (Sudistes) dans la guerre de Sécession, cinquante ans plus tôt, et magnifié l'action du Ku Klux Klan, une organisation secrète visant à rendre le pouvoir aux blancs dans les États du sud. Il y avait si bien réussi que le KKK était ressurgi sous la forme, cette fois, d'une organisation de masse purement raciste et ultranationaliste.
Nate Parker, pour son premier film, a une ambition et des moyens plus limités. Il met en scène la révolte d'un esclave de Virginie, Nat Turner, en 1831.
Esclavage, révolte et répression
Elle survient quarante ans après le soulèvement de Toussaint Louverture dans la colonie française de Saint-Domingue. Ce soulèvement a abouti en 1804 à l'indépendance d'Haïti au terme d'une épouvantable guerre de libération. Ce souvenir hante les planteurs du sud des États-Unis qui craignent semblable rébellion sur leurs terres et multiplient les mesures de prévention.
De fait, dans ces États, où le développement de la culture du coton, depuis le début du XIXe siècle, va de pair avec l'extension de l'esclavage, on compte très peu de révoltes serviles tant est féroce la répression. La loi n'intervient pas sur les relations internes aux plantations et leurs régisseurs s'autorisent toutes les brutalités - sauf le meurtre et la mutilation qui ont pour inconvénient d'abîmer l'outil de travail et ne sont pratiqués que dans les situations extrêmes.
Certains prédicateurs protestants ne se font pas faute de reprendre aux musulmans le mythe de la malédiction de Cham qui fait des noirs une engeance maudite par Dieu lui-même et justifie leur état d'infériorité.
La situation est très différente, notons-le, dans les colonies d'Amérique latine où la loi du souverain s'impose à tous les sujets, les esclaves ayant un statut qui les apparente à celui des serfs. Paradoxalement, cette très relative mansuétude encourage les révoltes d'esclaves tant dans les colonies espagnoles qu'au Brésil avec pour résultat la constitution de communautés autonomes par les esclaves en fuite, loin des centres urbains. C'est le « marronnage ». Rien de tel aux États-Unis.
Nate Parker, dans son film à la tonalité très hollywoodienne, présente Nat Turner comme un mystique révolté par le viol de sa propre épouse. Tel un nouveau Samson, il est acculé à la révolte, par l'accumulation d'injustices et de violences à l'encontre des esclaves. Retenons à son avantage qu'il présente de façon assez réaliste les conditions de vie dans les plantations.
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