Lumière ! L'aventure commence

Plongée dans un monde disparu qui est aussi le nôtre

27 janvier 2017 : passionné de cinéma, Thierry Frémaux, directeur de l'Institut Lumière (Lyon) et délégué général du Festival de Cannes, nous offre un film très personnel : un enchaînement de 108 « vues Lumière » de 50 secondes chacune, tournées entre 1895 et 1905. Ébouriffant.

Lumière ! L'aventure commence (Thierry Frémaux, 2017)Avec ces vues qui s'enchaînent au pas de course et leurs commentaires par Thierry Frémaux lui-même, nous découvrons un monde à la fois très proche et très lointain, celui de nos arrière-grands-parents, avec ses bourgeois et ses ouvriers, ses enfants et ses troupions, ses villes saturées comme jamais par la circulation... hippomobile.

Ce film réalise un très vieux rêve de Thierry Frémaux : démontrer que les frères Louis et Auguste Lumière et leur père Antoine n'étaient pas seulement des industriels et des inventeurs. Avec un goût très sûr et une grande ouverture sur le monde, ils ont inventé l'art de filmer, avec des cadrages et une mise en scène très calculés, avec des procédés qui feront la gloire des réalisateurs à venir : trucages, travelling, contrechamp etc.

D'emblée, on découvre le premier remake du cinéma. Le premier film de l'histoire, La sortie des usines Lumière, a été en effet tournée en trois versions au moins en mars 1895 avec de surprenantes variantes : ici une carriole tirée par un cheval, là une grosse berline à cheval.

Même chose d'ailleurs pour le premier film comique, L'arroseur arrosé, dont le succès a conduit les Lumière a réalisé plusieurs remakes.

Le comique, parfois involontaire, vient aussi de quelques vues surréalistes comme ces chasseurs alpins à l'exercice ou ces soldats espagnols exécutant un bal improvisé.

Autrement plus troublant, dans l'Annam (centre du Vietnam), alors colonie française, ces femmes de notables coloniaux distribuant à la volée des piécettes à une nuée d'enfants et de mendiants.

On est saisi d'émotion aussi par ces rameurs au visage dur que le « Cinématographe » (nom officiel donné par les Lumière à leur appareil de prise de vues) saisit au rythme du balancement de leur chaloupe. Le commentaire fait très justement un parallèle avec le cinéma d'Eisenstein. Et 

Thierry Frémaux a réussi sa démonstration : les Lumière ont bien inventé l'art de filmer. À preuve les applaudissements qui saluent le générique de fin (au moins dans la salle où nous l'avons vu).

André Larané
Publié ou mis à jour le : 2023-04-04 18:03:06

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