Thémistocle (vers -524 à -460 av. J.-C.)

Le génie politique d'Athènes

Portrait de Thémistocle au musée archéologique d'Ostie (Italie).Qui est Thémistocle ? C’est bien sûr le commandant vainqueur des Perses à la bataille de Salamine (480 av. J.C.). Ce combat va sceller le sort de la deuxième guerre médique ainsi que les conditions du refoulement de la puissance du Grand Roi hors du bassin de l’Égée, ce qui mènera à la fondation de la Ligue de Délos (478), l’ensemble des événements formant le terreau fertile duquel Eschyle va tirer l’un des chefs-d’œuvre du théâtre tragique grec.

Thémistocle est cependant bien plus qu’un stratège heureux ; c’est l’un des artisans majeurs – après Clisthène, avant Éphialte et Périclès – de la construction de la démocratie athénienne. Politique de premier plan, il fut l’homme public plus influent de la cité durant les années qui précèdent Salamine, et sans doute durant la décennie suivante. Il fut aussi l’un des plus respectés du monde grec : lors de son arrivée aux Jeux Olympiques de 476, le stade tout entier se leva pour l’acclamer.

Thémistocle sut faire partager au peuple athénien les choix qui donnèrent à Athènes les armes qui feraient sa richesse, son rayonnement et sa puissance jusqu’à sa défaite face à Sparte en 404.

Victoires politiques

Thémistocle n’était pas issu d’un de ces puissants lignages dont les membres considèrent que la conduite de la cité leur revient, même si, après les réformes de Solon (594-593), la fin de la tyrannie de Pisistrate et de ses fils (Hippias est renversé en 510), l’échec de l’établissement par l’archonte Isagoras d’un régime oligarchique appuyé par Sparte (510-508), puis la réorganisation par Clisthène du corps civique et des institutions de la cité (508), ces grandes familles doivent tenir compte de l’Ekklésia (l’Assemblée du peuple) et d’une Boulê de 500 membres qui, parce qu’ils sont tirés au sort, échappent en partie à leur contrôle. Mais il appartenait sans doute à une famille disposant d’une honnête fortune, ancrée dans la propriété foncière du dème de Phréarrioi (sud-est de l’Attique) sur les listes duquel il était inscrit.

Thémistocle fut probablement élu archonte en 493, alors qu’il venait d’atteindre l’âge minimal de 31 ans pour accéder au collège des dix magistrats qui étaient alors les plus puissants de la cité. Et il semble que, à cette époque, il lança l’aménagement portuaire des trois anses de la presqu’île du Pirée, alors qu’Athènes utilisait jusque-là, comme mouillage, la baie de Phalère très vulnérable à des raids venus du large. Même si c’est probablement après Salamine qu’il confia (d’après Aristote) la reconstruction du Pirée à Hippodamos de Milet, selon un plan en damier par lequel la cité impose son ordre, géométrique, aux caprices des propriétaires.

Allié à Xanthippe (époux d’une nièce de Clisthène et père de Périclès), il gagne son premier combat politique, vers 487, en obtenant que les archontes soient désormais désignés par le sort, plutôt que par le vote qui donnait un avantage aux puissantes familles capables de mobiliser parentèle et clientèle. Mais sa grande victoire intervint en 483 lorsque, face à Aristide, le champion des clans hostiles à l’extension des pouvoirs du peuple, Thémistocle obtint de l’Ekklésia que l’argent tiré d’un nouveau filon des mines du Laurion ne soit pas réparti entre les citoyens, mais qu’il soit utilisé à la construction des trières qui firent du contingent athénien le plus puissant de la flotte des cités grecques lorsqu’il fallut affronter l’invasion perse. Et, dans la foulée, l’ostracisme d’Aristide laissa le champ libre à Thémistocle.

Artisan de la coalition des cités grecques qui refusent de faire allégeance à Xerxès, Thémistocle préfère laisser le commandement de la flotte coalisée à un Spartiate, sachant que les Péloponnésiens lui obéiront plus volontiers, alors que, à la tête de la plus puissante des escadres, ce commandement aurait dû lui revenir. Politique d’exception, il sait utiliser les signes et les oracles pour convaincre les Athéniens d’évacuer leur cité afin de la sauver, affirmant ainsi la très moderne conception que la cité n’est pas essentiellement matérielle (terre, maisons, temples, tombeaux…) mais qu’elle est avant tout la communauté de ses citoyens.


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La Grèce moderne
Publié ou mis à jour le : 2021-04-14 10:35:30

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