« Moyen Âge » : l’expression place d’emblée ces 1000 ans entre les splendeurs de la Rome antique et les feux de la Renaissance. Historiens et archéologues ont néanmoins totalement revu l’image parfois négative de cette période en mettant en lumière une étonnante capacité d’innovation et de dynamisme.
L'exposition « Quoi de neuf au Moyen Âge ? » (note) conçue par la Cité des Sciences et de l’Industrie et l’Inrap, présentée à Paris en 2016-2017 puis au Pont du Gard en 2019, a permis de dépasser l'imagerie « chevalier – dragons ». Dégonflons quelques ballons de baudruches auxquels cette longue période est parfois réduite et plongeons dans un monde étonnant !
« Médiéval » et « moyenâgeux » peuvent être perçus comme synonymes. Or, il n’en est rien ! En effet, le premier renvoie à ce qui relève proprement du Moyen Âge, l’époque sur laquelle travaillent les spécialistes – les médiévistes. Le second en revanche correspond à un jugement de valeur, souvent négatif, que l’on peut assimiler à rétrograde, tyrannique ou obscur.
Plongée dans un autre Moyen Âge
Grâce à de nouvelles recherches archéologiques, il va falloir réviser les connaissances admises sur le Moyen Âge. À commencer par les idées toutes faites sur les « grandes migrations ».
Certes, les peuples germaniques, chassés par de graves crises climatiques et la pression des Huns, sont bien entrés en conflit avec l’Empire romain mais sa culture les a tellement fascinés, qu’ils en ont adopté les coutumes, substituant l’enterrement à l’incinération, mais aussi la langue et la religion. Ces peuples sont donc devenus chrétiens. En échange, l’Empire romain leur a donné le droit de s’installer sur son territoire, tout en conservant leurs structures sociales et leurs coutumes.
Les fouilles archéologiques ont aussi révélé l’existence d’une société multiculturelle avec des influences réciproques, notamment dans le domaine des techniques et de l’habillement, ainsi qu’une présence relativement faible des Francs. Au XIe siècle, ils ne représentent que 10 % de l’ensemble de la population gallo-romaine.
L’étude des polyptiques (inventaires détaillés des biens du fisc royal et des grandes abbayes) ainsi que des capitulaires qui consignent les décisions publiques négociées entre le pouvoir carolingien et l’aristocratie apportent aussi de nouvelles connaissances. Il apparaît ainsi que les viandes les plus consommées sont le bœuf, le porc, le mouton ou la chèvre. L’archéozoologie a mis en évidence une évolution des stratégies d’élevage. La taille des animaux baisse à partir du Ve siècle avant d’augmenter à nouveau à partir du XVe et XVIe siècle.
L’idée que les villes disparaissent avec la chute de l’Empire romain doit aussi être révisée. Au contraire, l’urbanisation se développe tout comme les techniques avec l’invention de la poudre à canon vers le IXe siècle, l’amélioration de l’astrolabe par les Arabes, l’expérimentation des premières lunettes ou encore l’amélioration des moulins à eaux et des bateaux… Un mouvement similaire s’observe dans l’architecture. Les églises se multiplient et se dotent de voûtes, les châteaux s’équipent de grandes tours et les clôtures se développent.
Autant de découvertes qui ont toutes les chances de relancer l’intérêt du monde artistique pour cette période. Les séries comme Kaamelott, les bandes dessinées ou la littérature vont encore puiser dans ces connaissances inédites pour inventer de nouvelles sagas. Le défi ne sera pas facile à relever après le record établi par Game of thrones qui a séduit plus de cinquante millions de lecteurs à travers le monde et davantage encore avec son adaptation télévisée diffusée durant huit saisons...
Moyen Âge, le creuset de la modernité
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Sab (29-06-2020 09:48:22)
Merci pour cette article concis et précis qui explique avec clarté les complexités du Moyen Age et la révision de certaines données au regard de la science actuelle. Enrichissant et passionnant !... Lire la suite