Enfant tardif du poète Charles d'Orléans et de Marie de Clèves, petit-fils du duc Louis d'Orléans, assassiné par les Bourguignons, Louis d'Orléans a dû épouser en 1476 Jeanne la Boîteuse, la fille contrefaite et stérile de Louis XI. Ce dernier espérait de cette façon que s'éteindrait la branche cousine des Orléans !
À la mort du roi Louis XI et à l'avènement de son fils Charles VIII, le duc ne se fait donc pas fait prier pour prendre les armes contre la régente Anne de Beaujeu. C'est la « Guerre folle ». Il prend enfin sa revanche quand Charles VIII meurt à son tour et que lui-même monte sur le trône, le 8 avril 1498, sous le nom de Louis XII.
À peine monté sur le trône, Louis XII convoque le vicomte Louis II de la Trémoille. À la tête des troupes royales, celui-ci l'avait combattu et capturé à Saint-Aubin-du-Cormier du temps qu'il n'était encore que le duc d'Orléans.
Au soldat qui n'en mène pas large, il adresse en substance ces belles et dignes paroles, en homme d'État qui place le service de la France au-dessus de ses rancunes personnelles : « Le roi de France ne venge pas les injures du duc d'Orléans ». Une belle leçon pour tous les chefs d'État, y compris les plus actuels...
Malheureuses guerres
Le nouveau roi se hâte de faire annuler son mariage avec Jeanne la Boîteuse par le pape Alexandre VI. Il est vrai que l'union est restée stérile après 22 ans et les conseillers du roi ont beau jeu de prétexter que l'épouse était « viciée de corps ». Césaar Borgia, le fils du pape apporte à Amboise les bulles de dispenses papales et, en guise de remerciement, devient duc de Valentinois (la région de Valence sur Rhône).
Là-dessus, le souverain de 36 ans épouse la veuve du précédent roi, la duchesse Anne de Bretagne, 28 ans. Il n'y a pas de mal car la duchesse était tenue par le traité de Laval de 1491 d’épouser le successeur de son mari si celui-ci venait à mourir sans héritier.
Elle est aussi richement dotée et par-dessus le marché jolie, ce qui ne gâte rien !
Se souvenant que sa grand-mère Valentine Visconti était la sœur de l'ancien duc de Milan, Louis XII ne tarde pas à convoiter le riche duché italien, enlevé par le condottiere Francesco Sforza en 1450.
Comme son infortuné prédécesseur, il se croit l'étoffe d'un conquérant et, à son tour, traverse les Alpes. Il occupe Milan en 1499 puis Naples en 1501.
Ce mirage ne dure guère et la duplicité de ses alliés lui rend bientôt la vie difficile. Il renonce provisoirement par le traité de Blois de 1506 à ses prétentions italiennes mais revient à la charge sitôt après et remporte la victoire d'Agnadel.
Las, le pape Jules II fomente contre le roi de France la Sainte Ligue (1510) et bientôt Vénitiens, Aragonais, Anglais et Suisses se jettent sur les armées françaises réduites à la défensive.
En 1513, le royaume est menacé d'invasion par le Nord, où Anglais et Impériaux s'emparent de Thérouanne et Tournai, et par la Bourgogne où les Suisses font le siège de Dijon. Louis XII, mésestimant ces menaces, tente quant à lui de relancer la conquête du Milanais. Finalement, il se tire de ces péripéties en contrepartie d'importantes rançons.
L'année suivante, le royaume retrouve la sérénité. Louis XII, cependant, s'afflige de n'avoir point d'héritier direct, Anne de Bretagne ne lui ayant donné que deux filles, Claude, née le 13 octobre 1499 à Romorantin, et Renée, née en octobre 1512.
Après la mort de la reine, le 9 janvier 1514, il se remarie prestement, le 9 octobre suivant, avec une jeune soeur du roi d'Angleterre Henri VIII, Mary, dans l'espoir d'avoir enfin un garçon. Mais ses espoirs seront vains car il va lui-même mourir quatre mois plus tard, le 1er janvier 1515.
En attendant, le 8 mai 1514, le roi a pris la précaution de marier sa fille aînée Claude (15 ans) à son cousin, le duc d'Angoulême, futur François Ier, afin de consolider les droits de celui-ci au trône et éviter des querelles de succession. Renée, de dix ans plus jeune, épousera beaucoup plus tard le duc de Ferrare Hercule II d'Este.
Un royaume bien administré mais éclaté
Louis XII, séduisant et plutôt intelligent, a gagné le surnom enviable de « Père de son Peuple » lors des états généraux de 1506, en dépit de ses déconvenues italiennes. Il est vrai qu'il a géré avec modération le royaume et réussit même le tour de force d'alléger la pression fiscale grâce à des conseillers de qualité : le maréchal de Gié, le cardinal d'Amboise, son principal conseiller jusqu'en 1510 et Florimond Robertet, secrétaire chargé des finances, qui servira également son successeur François Ier.
Le royaume conserve néanmoins une structure médiévale, avec de grandes baronnies semi-indépendantes, en mesure de contester l'autorité royale. Ainsi la famille de Bourbon et la famille d'Albret détiennent-elles d'immenses fiefs au centre et au sud-ouest du royaume (les deux familles seront beaucoup plus tard réunies en la personne d'Henri III de Navarre, futur roi Henri IV).
La Lorraine, le Béarn et la Basse-Navarre demeurent des seigneuries indépendantes. Calais appartient aux Anglais et Avignon au pape. L'Artois et la Franche-Comté ont été récupérés par l'empereur Maximilien de Habsbourg au traité de Senlis, en 1493. Seul motif de satisfaction pour la dynastie : grâce au mariage de Claude de France et de François Ier, le duché de Bretagne est en passe d'être bientôt réuni au domaine royal.
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felipe (24-02-2018 16:04:33)
Les deux versions, abrégée et intégrale, sont strictement identiques (?)