Francisco de Miranda a bataillé pour l'indépendance de son pays, le Venezuela. Après avoir combattu aux côtés des Insurgents nord-américains et des révolutionnaires français, il a le premier imaginé l'indépendance de l'Amérique hispanique et inventé même pour celle-ci un nom de baptême : Colombia (en français Colombie), en référence au découvreur du Nouveau Monde.
Il a cru arriver à ses fins dès 1811 avec la proclamation d'une Confederación Americana de Venezuela. Mais ses atermoiements face aux troupes royales et sa rivalité avec Simón Bolívar vont l'empêcher de voir l'aboutissement de son oeuvre. Il meurt dans une geôle espagnole cependant que Bolívar recueille les lauriers de la gloire et le titre honorifique de Libertador.
Révolutionnaire-né
Francisco de Miranda naît à Caracas dans la famille d'un colon espagnol. Il devient officier dans l'armée espagnole et participe à ce titre à la guerre d'indépendance des États-Unis aux côtés des Insurgents. Il revient à Caracas avec la volonté de hâter l'indépendance de sa patrie, mais ses compatriotes n'y sont pas encore disposés.
Condamné à l'exil, il participe à Paris à la Révolution et combat même en Belgique sous les ordres de Dumouriez. Il accède au grade de général et ses exploits lui vaudront plus tard une inscription sur l'Arc de Triomphe parmi tous les généraux de la Révolution et de l'Empire ainsi que son portrait au musée de l'Histoire de France du château de Versailles (ci-contre).
Mais sa proximité avec les Girondins le rend suspect et l'oblige à se réfugier en Angleterre.
Dès 1806, il profite de la guerre entre l'Angleterre et l'empire napoléonien pour relancer la lutte pour l'indépendance. À cette occasion, il se donne un drapeau tricolore (jaune, bleu, rouge) avec sept (ou huit) étoiles pour chacune des provinces. Il est hissé pour la première fois le 12 mars 1806 sur le brick anglais Leander qui ramène Miranda chez lui.
Le révolutionnaire débarque sur la côte du Venezuela avec quelques dizaines de partisans ainsi que des volontaires anglais et américains. Mais, faute de soutien de la population locale, il doit très vite battre en retraite et regagner l'Angleterre.
La conjoncture va enfin jouer en sa faveur quand, en 1808, les troupes de Napoléon occupent l'Espagne et renversent la monarchie légitime. La bourgeoisie créole de Caracas, conduite à s'auto-administrer, est gagnée par l'idée d'autonomie, voire d'indépendance.
Une Société patriotique et du peuple se réunit pour réfléchir à l'avenir du pays. Le jeune Simon Bolivar (27 ans), partisan actif de l'indépendance, se rend à Londres pour obtenir le soutien des Anglais. Il en profite pour convaincre Francisco de Miranda (60 ans) de rentrer au pays.
Par son charisme, Miranda entraîne la majorité des représentants du congrès à voter en faveur de l'indépendance. Celle-ci est proclamée le 5 juillet 1811 et Miranda lui-même signe le texte qui l'officialise.
Le 25 avril 1812, il se voit confier par le congrès un pouvoir dictatorial et le commandement de l'armée.
Mais celle-ci est désorganisée à la suite d'un terrible tremblement de terre qui a ravagé plusieurs villes le 26 mars 1812 et fait des milliers de victimes. Les soldats se débandent et beaucoup rejoignent leurs foyers ou même les rangs de l'armée royaliste, conduite par Domingo Monteverde.
C'est qu'en Europe, la conjoncture s'est retournée. En l'absence du roi et de son fils, retenus par Napoléon à Valençay, une junte royaliste installée à Cadix a repris le pays en main et conduit la guerre contre l'occupant français.
Alliée aux Anglais par la force des choses, cette junte de Cadix tente de rétablir son autorité sur le Venezuela et les autres colonies.
Dans ce climat délétère, pour des raisons demeurées obscures (peut-être une connivence avec ses anciens amis anglais, désormais alliés des royalistes ?), Francisco de Miranda propose aux royalistes rien moins qu'un armistice par le traité de San Mateo, le 25 juillet 1812. Le traité est soumis à l'approbation du congrès qui le rejette.
Miranda, là-dessus, se rend au port de La Guaira où il est rejoint par Bolívar. Celui-ci le fait arrêter le 30 juillet 1812 sous l'inculpation de trahison puis, les royalistes se rapprochant de la ville, quitte celle-ci dare-dare. Les royalistes n'ont pas de mal à retrouver Miranda dans sa cellule.
Le grand révolutionnaire finira sa vie en prison à Cadix, laissant à Bolívar le soin d'achever son œuvre.
L'Amérique latine s'émancipe
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