Le dictionnaire de l'Histoire

Laïcité

Laïcité est un mot récent. D'après Larousse, il a été forgé en 1871 à partir de laïc. Il désigne un système social dans lequel les affaires religieuses sont distinctes des affaires politiques.

La laïcité est inhérente au christianisme, qui distingue d’emblée le sacré et le profane, le clerc et le laïc. Elle est née avec lui et on en trouve les prémisses dans les Évangiles eux-mêmess : « Maître, nous savons que tu parles et enseignes droitement, et que tu ne regardes pas à l'apparence, mais que tu enseignes la voie de Dieu selon la vérité. Nous est-il permis, ou non, de payer le tribut à César ? Jésus, apercevant leur ruse, leur répondit : Montrez-moi un denier. De qui porte-t-il l'effigie et l'inscription? De César, répondirent-ils. Alors il leur dit : Rendez donc à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu » (Luc, 20, 21).

Le Denier de César (1655, Philippe de Champaigne (1602-1674), musée des Beaux-Arts de Montréal)

De ce fait, la laïcité est un concept propre aux pays de culture chrétienne (2,5 milliards de personnes) (note). Elle caractérise de différentes manières les pays occidentaux (Europe et Nouveau Monde) et la plupart des pays africains nés de la colonisation.
• Du fait des aléas de l'Histoire, les orthodoxes, héritiers de l'empire d'Orient sont les chrétiens les plus éloignés de la laïcité.  Ils sont adeptes d'une forme de gouvernement, le césaropapisme, qui fait de l'Église et de l'État des alliés objectifs. C'est encore le cas en Grèce et en Russie.
• Les protestants, qui se sont battus pour affirmer leur autonomie face au Saint-Siège, conservent quant à eux une respectueuse déférence à l'égard de la religion, que ce soit en Angleterre, aux États-Unis, en Allemagne ou en Scandinavie.
• Les catholiques et en premier lieu la France, « fille aînée de l'Église » (Lacordaire), sont allés le plus loin dans l'application du dogme évangélique : la séparation de l'Église et de l'État. Cette séparation a pu se mettre en place peu à peu, à mesure que se sont constitués les États modernes. Elle a débuté en France sous Philippe le Bel, pour s'achever avec la célèbre loi de 1905.  

Dans les pays musulmans (1,5 milliard de personnes) comme dans l'Inde à majorité hindouiste (1,3 milliard de personnes), la société est structurée autour de la foi dominante, laquelle dicte les règles de vie jusque dans les détails les plus triviaux : nourriture quotidienne, habillement etc. De façon significative, en arabe comme en hébreu, le mot « religion » n’existe pas ; l’arabe, par exemple, ne connaît que le mot dhim, qui désigne la Loi, tant civile que religieuse, ainsi que l'observe l'essayiste Élie Barnavi. C'est pourquoi ces sociétés sont imperméables au concept de laïcité. Dans la première moitié du XXe siècle, quand l'Europe faisait figure de modèle pour le monde entier, des dirigeants modernistes ont tenté d'acclimater la laïcité en Turquie, en Iran et en Tunisie mais ces tentatives ont fait long feu et il n'est reste rien ou quasiment rien en ce début du XXIe siècle.

La laïcité a par contre réussi à s'imposer en Extrême-Orient, dans les pays de culture bouddhiste (Chine, Corée, Japon, Taiwan), même si le Japon reste fidèle à une religion d'État, le shintoïsme. La Thaïlande fait toutefois exception.

Voir : Des origines à 1871 : mariage de raison

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