Entre le XIIe et le XVIe siècle, Paris est la ville la plus importante de l’Occident. Elle connaît à partir du XIIe siècle une expansion spectaculaire, passant de 25 000 habitants à la fin du XIIe siècle à 200 000 au début du XIVe, à la veille de la guerre de Cent Ans.
Malgré des événements éprouvants (disettes, pestes, guerre de Cent Ans), la ville reste à un haut niveau démographique grâce à l’afflux de réfugiés venant nombreux des campagnes environnantes pour trouver abri derrière ses remparts. Aussi, alors que la ville antique était installée sur les hauteurs de la rive gauche (future Montagne Sainte-Geneviève), l’assiette urbaine s’étend lentement vers le nord, sur l’île de la Cité puis sur la rive droite.
Une ville peuplée et puissante
Favorisée par la proximité des carrières de pierre et des forêts, l’activité édilitaire est intense. Elle s’observe d’abord par la construction récurrente de murailles, qui révèlent l’importance progressive prise par la rive droite.
Après l'An Mil, une première enceinte, simple palissade sur remblai en terre, est construite de ce côté. Deux siècles plus tard, Philippe Auguste ordonne la construction d’une nouvelle et véritable muraille maçonnée avec tours de flanquement cylindriques, chemin de ronde et fossés ; elle protège un territoire élargi, borné à l’ouest par la forteresse du Louvre. Puis, sous Charles V (1364-1380), la dernière enceinte médiévale de Paris double encore la superficie. Les Grands Boulevards actuels en reprennent le tracé. Elle combinait un double fossé et une levée de terre surmontée d’un rempart sur une profondeur totale de 80 m environ pour résister aux assauts de l’artillerie.
Bien qu’ils marquent fortement le paysage urbain, les remparts ne seront pourtant jamais une limite claire à la ville, car jardins et champs cultivés rythment l’habitat intra-muros, tandis que l’urbanisation se poursuit hors des murs. Le long des voies d’accès à la ville se formaient d’ailleurs de petites agglomérations autour des établissements religieux, comme l'abbaye de Saint-Germain-des-Prés. Petit à petit, ces centres seront absorbés par la ville.
Le souvenir de Lutèce
L’urbanisme garde le souvenir de la ville antique sur laquelle il est construit : la plupart des axes de circulation reprennent le tracé des rues de Lutèce, parfois pérenne jusqu’à nos jours.
La rue Saint-Jacques, sur la rive gauche, et son prolongement rue Saint-Martin, sur la rive droite, forment l’axe nord-sud (cardo) de la Lutèce gallo-romaine et de la ville médiévale. Entre les deux rues, le Petit Pont permet le franchissement de l’île de la Cité jusqu’à la rive gauche.
À la fin du Moyen Âge, changement de décor : la rue nord-sud Saint-Denis, plus à l’ouest, devient le principal axe nord-sud de la rive droite, car le Grand Pont sur la Seine débouche sur la rue.
Perpendiculairement, les principaux axes de circulation sont les rues Saint-Antoine et Saint-Honoré sur la rive droite. Le réseau de rues se densifie à mesure qu’on se rapproche du centre de la ville.
Bordées d’échoppes (il y en a même sur les ponts selon la tradition médiévale), ces rues devaient être très fréquentées par les habitants de Paris. L’activité commerciale, très intense, était concentrée sur la rive droite.
En garde encore témoignage le nom actuel des rues, telles les rues de la Ferronnerie, de la Tixanderie, etc. Les commerçants comptent parmi les plus grosses fortunes parisiennes à la fin du XIIIe siècle. Ainsi, la hanse des marchands de l’eau est l’une des plus puissantes corporations de métiers ; elle a le monopole de la navigation fluviale sur la Seine.
Les habitats et leurs caves
Le roi est le premier propriétaire foncier de Paris. Les résidences royales sont installées sur l’île de la Cité, puis rive droite au Louvre : la forteresse est aménagée en palais sous Charles V.
Ce dernier crée également une nouvelle résidence dans le quartier Saint-Paul (actuel Marais), en réunissant une série d’hôtels préexistants reliés par des galeries.
Autour des palais royaux s’adjoignent des résidences aristocratiques et de courtisans, près du Louvre et de l’hôtel Saint-Paul. Il en subsiste encore les résidences du duc de Bourgogne (tour Jean sans Peur) ou de Clisson, proche conseiller de Charles V (rue des Archives).
Mais le paysage urbain ne peut se réduire aux demeures exceptionnelles.
Sous la pression démographique se multiplient les constructions de mauvaise qualité. Cet habitat précaire tombe rapidement en ruine. Construit en bois, il est souvent victime d’incendies.
Il en reste peu de traces visibles en surface, car il faut les chercher en priorité sous terre, dans les caves qui conservent encore des centaines d’exemplaires tangibles de la ville médiévale.
Article résumé de Dany Sandron, « La plus grande ville de l’Occident », Dossiers d’Archéologie, n° 371, p. 6-12).
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Gylvie (20-09-2015 15:36:23)
La rosace de Notre-Dame ne fait pas 40m de diamètre mais un peu moins de 14m...