Seul président des États-Unis à avoir été contraint à démissionner, Richard Milhous Nixon traîne derrière lui une réputation de voyou qui n'est pas totalement imméritée si l'on s'en tient à ses manières et à son langage.
Il n'empêche que son oeuvre, en particulier dans les relations extérieures, a profondément transformé les États-Unis et le monde. On lui doit en particulier d'avoir désengagé son pays du Vietnam et sorti la Chine communiste de l'isolement...
Une ascension tôt interrompue
Fils d'un modeste épicier de confession quaker, le futur président entame une carrière d'avocat avant de servir comme officier pendant la Seconde Guerre mondiale. Candidat du parti républicain, il est élu en 1947 comme représentant (député) de la Californie et devient en 1952 candidat à la vice-présidence sur le ticket républicain, au côté de Dwight David Eisenhower.
Réélu avec Eisenhower pour un deuxième mandat en 1956, il ne tarde pas à assumer toute la réalité du pouvoir du fait de la maladie du président. C'est ainsi qu'en 1959, il se rend à Moscou pour une rencontre avec Khrouchtchev.
L'année suivante, il devient naturellement le candidat républicain aux présidentielles mais il est battu d'extrême justesse par John Fitzgerald Kennedy avec un écart de 120 000 voix sur 70 millions de suffrages. Il n'aura de cesse dès lors de préparer sa revanche. Ce sera chose faite en 1968 avec une marge étroite de 500 000 voix et 43,3% des suffrages qui fera de lui le 37e président des États-Unis.
Triomphe et damnation
Réaliste et froid, le nouvel hôte de la Maison-Blanche prend acte de l'impasse vietnamienne. Dès le 25 juillet 1969, il annonce son intention de réduire l'engagement américain dans le monde, à commencer par le Vietnam. Le président promet de retirer les GI's américains du Vietnam tout en aidant l'armée sud-vietnamienne à prendre leur relais dans le cadre d'une « vietnamisation » du conflit.
Avec le concours de son Secrétaire d'État Henry Kissinger, il ouvre dans le même temps des pourparlers à Paris sur la paix au Nord-Vietnam. Dans le même temps, il normalise les relations sino-américaines et rencontre Mao Zedong.
Il engage par ailleurs une politique de détente avec l'Union soviétique (URSS). Dix ans après la crise des missiles qui a fait craindre un conflit nucléaire, elle aboutit le 26 mai 1972 à la signature du premier accord de limitation des armes nucléaires (SALT I ou Strategic Arms Limitation Talks). L'événement réunit à Moscou Richard Nixon et Leonid Brejnev, secrétaire général du Parti communiste d'Union soviétique.
En matière économique, le président, pas plus dogmatique dans ce domaine que dans les autres, met fin à la convertibilité du dollar le 15 août 1971.
En novembre 1972, malgré l'hostilité de la presse, il est réélu triomphalement avec 60,7% des voix face au terne George McGovern. Son deuxième mandat s'ouvre en janvier 1973 sur un accord de cessez-le-feu au Vietnam. L'horizon international s'obscurcit cependant avec la guerre du Kippour et le premier choc pétrolier. Ces tragédies ont pour effet de renforcer le poids des États-Unis dans la diplomatie moyen-orientale et le poids du dollar dans l'économie mondiale...
Mais le président américain n'a déjà plus la tête à cela. En juin 1972, pendant la précédente campagne électorale, son équipe a cru nécessaire d'espionner les locaux du parti démocrate, dans un immeuble de Washington appelé Watergate... Le scandale le contraint à démissionner le 8 août 1974 pour éviter une humiliante procédure d'impeachment (destitution par le Congrès).
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