La Préhistoire (dico) désigne faute de mieux l'aube de l'humanité, avant que n'apparaisse l'écriture (IIIe millénaire av. J.-C.). Elle débute il y a environ six millions d'années, quand, au sein de l'ordre des primates, de nouveaux genres d'hominidés se détachent des grands singes.
Beaucoup plus près de nous, en Afrique, il y a environ 300 000 ans, apparaît notre espèce Sapiens. Il y a 70 000 ans, au Moyen-Orient, quelques poignées de Sapiens se mélangent aux ultimes représentants de Néandertal avant de peupler l’Eurasie. Il y a 10 000 ans enfin, les humains commencent de se sédentariser et de domestiquer les animaux et les végétaux. Autant dire que la Préhistoire est bien plus étendue et diverse que notre monde moderne en dépit d’une population mille fois inférieure.
Son étude remonte au XIXe siècle seulement. Auparavant, on a longtemps cru que les espèces vivantes dont la nôtre avaient été créées ex-nihilo. Cette thèse « fixiste » ou « créationniste », inspirée par une lecture littérale de la Bible, a été prolongée jusqu'au début du XIXe siècle par le paléontologue Georges Cuvier (1769-1832).
Mais dès 1802, le naturaliste Jean-Baptiste de Lamarck (1744-1829) publie une première théorie « évolutionniste » qui attribue aux hommes et aux singes des ancêtres communs. Elle reçoit le soutien, un demi-siècle plus tard, en 1859, du médecin Paul Broca, fondateur de la Société d’Anthropologie de Paris. Elle est enfin reprise et développée par Charles Darwin en 1871 avant d’être admise au début du XXe siècle par la majorité des naturalistes. Ils ont pris conscience que notre espèce est le fruit de l’évolution d’espèces disparues et a elle-même continué à évoluer au fil du temps.
Il en est résulté cette discipline nouvelle appelée Préhistoire, en charge de l'étude des origines de l'homme. Au confluent de toutes les disciplines scientifiques, elle met en œuvre des techniques très fines, avec des résultats expérimentaux entachés de grandes incertitudes, ce qui a pour effet de désorienter le public.
Selon la classification biologique de Carl von Linné, nous appartenons à l'espèce Homo sapiens, apparue il y a environ 300 000 ans.
• Notre espèce fait partie du genre Homo, comme les Homo neanderthalensis disparus il y a 30 000 ans (Sapiens et Néandertal ayant été interféconds pendant leur cohabitation au Moyen-Orient, on peut les considérer comme appartenant à une même espèce).
• Le genre Homo est inclus dans la famille des hominidés, à côté des Australopithèques disparus il y a un million d'années mais aussi des gorilles, chimpanzés, bonobos et orangs-outans actuels, avec un ancêtre commun qui remonte à environ 8 millions d'années.
• Et tout ce beau monde appartient à l'ordre des primates, apparus il y a environ 58 millions d'années.
La paléoanthropologie ou science des premiers hommes se fait un devoir de définir notre place dans ce schéma, au milieu des autres espèces, actuelles ou disparues.
Des Australopithèques à l'Homo sapiens
À l'intérieur de l'ordre es premiers hominidés que l'on ait découvert sont les Australopithèques (« Singes du Sud » en latin et grec). Ils ont une star, Lucy, exhumée en 1974 et vieille de trois millions d'années.
Un cousin de Lucy a donné naissance au genre Homo, auquel nous appartenons. L'un de ses premiers représentants est l'espèce Homo habilis. Comme Lucy, elle est apparue en Afrique il y a 2,3 millions d'années.
L'Homo habilis utilise des outils rudimentaires (galets taillés), d'où son nom. Il inaugure l'Âge de la pierre taillée, ou Paléolithique, avec une économie fondée sur la cueillette et, accessoirement, la chasse et la pêche.
Son outil caractéristique est le biface en roche dure (le plus souvent du silex), avec deux faces et deux tranchants. Il a été employé pendant plus d'un million et demi d'années à des usages très variables selon les cultures et les lieux. C'est le « couteau suisse de la Préhistoire ».
L'Homo ergaster (ou homme artisan) est l'un de ses cousins. Mal connu, il est représenté par l'homme de Turkana, découvert en 1984 au Kénya.
Le Paléolithique inférieur, aussi appelé Acheuléen en Eurasie (d'après le quartier de Saint-Acheul, à Amiens), s'étend de 1,7 millions à 300 000 BP (Before Present, avant 1950).
Arrive vers 1,5 million d'années l'Homo erectus. Il colonise l'Afrique mais aussi l'Asie, sous le nom de Pithécanthrope ou singes-hommes, et l'Europe. Il améliore son outillage (épieux en bois et bifaces en pierre taillée), construit des huttes de branchages, chasse en groupe du gros gibier, enfin découvre le feu (site de Terra Amata, près de Nice). Il est peut-être à l'origine des premières sépultures et donc de l'élaboration d'une forme de spiritualité et de pensée abstraite.
Le Paléolithique moyen, aussi appelé Moustérien en Eurasie (d'après le site du Moustier, dans la vallée de la Vézère, en Dordogne), s'étend de 300 000 aux environs de 30 000 BP. Il correspond en Europe à la présence de l'homme de Néandertal (Homo neanderthalensis), un descendant probable d'Homo erectus ou de son proche cousin Homo heidelbergensis.
Très proche de nous, Néandertal a un outillage efficient, pratique l'art et inhume ses morts, preuve de sa capacité d'abstraction. Il disparaît mystérieusement vers 30 000 avant notre ère, supplanté par un cousin sans doute venu du Moyen-Orient dix mille ans plus tôt : l'homme de Cro-Magnon (nom d'une grotte de la Vézère).
Le Paléolithique supérieur correspond aux dernières glaciations. C'est l'époque où s'impose en Eurasie l'homme de Cro-Magnon ou Homo sapiens.
Cette période, dont nous avons conservé de fabuleux témoignages artistiques, se découpe approximativement comme suit :
• Aurignacien (d'après Aurignac, Haute-Garonne) : environ 38 000 à 29 000 BP (premiers outils en silex, grotte Chauvet).
• Gravettien (d'après la Gravette, Dordogne) : environ 29 000 à 22 000 BP (grotte de Gargas, grotte Cosquer mais aussi « Vénus » de Brassempouy, de Lespugue, de Willendorf, de Renancourt...).
• Solutréen (d'après la roche de Solutré, Saône-et-Loire) : environ 22 000 à 18 000 BP (premiers propulseurs).
• Magdalénien (d'après la Madeleine, Dordogne) : environ 18 000 à 12 000 BP (grottes de Lascaux, Niaux, Altamira...).
Le Paléolithique s'achève avec le recul des glaciers. Le réchauffement climatique inaugure une période charnière appelée Mésolithique, du mot grec mesos qui signifie milieu.
Le Mésolithique se caractérise par l'apparition des premiers villages permanents et la sédentarisation, notamment au Proche-Orient.
Ainsi que le montrent des préhistoriens tel Jacques Cauvin, les hommes se sédentarisent pour des raisons de confort et, du coup, intensifient leurs méthodes de cueillette et de chasse.
Les outils en silex diminuent en taille (outillage « microlithique »). Il s'agit de petites pierres taillées en fragments et destinées à être montées sur des flèches, des harpons ou encore des javelots. L'art figuratif recule et disparaît au profit de motifs abstraits plus simples.
La période préhistorique suivante, comprise entre 12 500 et 7 500 av. J.-C., est l'Âge nouveau de la pierre polie ou Néolithique.
- Le Néolithique est caractérisé par la naissance des premières cités, de l'agriculture et de l'élevage ainsi que la mise au point de techniques raffinées pour la taille des outils en pierre polie. Ces outils en silex se montrent d'une grande efficacité et vont perdurer très longtemps, y compris dans l'Égypte ancienne, où on les préfèrera longtemps aux outils en métal.
Le Néolithique est à l'origine d'une première expansion démographique qui porte l'humanité de quelques centaines de milliers à quelques dizaines de millions d'individus.
Après le Néolithique vient l'Âge des métaux. Vers 4500 av. J.-C., les hommes du Levant apprennent à travailler le minerai, en particulier le minerai de cuivre, très abondant en surface et en tout lieu. Ils produisent de premiers outils en métal (cuivre et bronze) sans cesser d'utiliser les outils en pierre, en os ou en ivoire ou en bois. À l'Âge du cuivre succède l'Âge du bronze (alliage de cuivre et d'étain) au IIe millénaire av. J.-C. puis l'Âge du fer au 1er millénaire av. J.-C.
Vers 3 000 av. J.-C., les habitants de la Mésopotamie entrent dans l'Histoire proprement dite avec l'invention de l'écriture.
Enjeux démographiques
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