Aristide Briand est l'une des plus belles personnalités de la IIIe République. Orateur hors pair et homme de convictions, il sait toutefois écouter ses adversaires et marcher avec eux vers un compromis profitable à tous.
De 1906 à sa mort, il sera onze fois président du Conseil et 22 fois ministre dont 15 aux Affaires étrangères. Avec en prime un Prix Nobel de la Paix. Un record...
Né à Nantes, Aristide Briand a 2 ans quand sa famille s'établit à Saint-Nazaire où elle ouvre une auberge. Brillant élève, il intègre le lycée de Nantes et devient avocat au barreau de Saint-Nazaire.
Mais le 1er mai 1891, dans la campagne bretonne, il est surpris par un commissaire de police en aimable posture avec l'épouse d'un banquier local, la dénommée Jeanne Nouteau. Le flagrant délit lui vaut d'être condamné en correctionnelle à six mois de prison et inéligibilité. Mais il relève la tête, fait appel et sa peine est heureusement cassée en raison d'un vice de procédure... et de la bienveillance de ses collègues du barreau.
Réfugié à Paris, il va pouvoir se lancer en politique sans jamais renoncer aux fréquentations féminines. Parmi ses conquêtes : Marie Bonaparte, traductrice de Sigmund Freud.
Aristide Briand se fait d'abord connaître comme journaliste, notamment dans le journal anticlérical La Lanterne. Avec René Viviani et Jean Jaurès, il participe en 1902 à la fondation du Parti socialiste français dont il devient le premier secrétaire général puis à la fondation de L'Humanité en 1904.
Élu député de la Loire en 1902, il le restera jusqu'à sa mort. Mais dès 1905, rétif à la discipline de parti et à la mouvance socialiste animée par Jules Guesde, il se revendique « socialiste indépendant » et s'éloigne de la jeune SFIO.
Suite au hasard d'un tirage au sort, il entre dans la commission parlementaire en charge du projet de loi sur la séparation des Églises et de l'État. Rapporteur de la loi, il s'illustre par son éloquence charmeuse et son sens du compromis et réussit à la faire adopter par la Chambre des députés. Il la fait également appliquer comme ministre de l'Instruction publique et des Cultes dans le ministère Sarrien (14 mars 1906) puis dans le ministère Clemenceau (15 octobre 1906).
C'est le début d'une carrière au sommet. Pendant la Grande Guerre, il dirige le gouvernement du 29 octobre 1915 au 12 décembre 1916. À ce titre, il organise l'expédition de Salonique.
Après la guerre, il appuie la Société des Nations (SDN) et s'efforce de bâtir une paix durable avec l'Allemagne dans l'« esprit de Genève ».
Avec son homologue allemand Gustav Stresemann, il convainc les ministres européens des Affaires étrangères de signer le pacte de Locarno, le 16 octobre 1925. Et le 8 septembre 1926, c'est avec une emphase magnifique qu'Aristide Briand célèbre l'entrée de l'Allemagne à la SDN : « Arrière les fusils, les mitrailleuses, les canons ! Place à la conciliation, à l’arbitrage et à la paix ! »
Ces succès vaudront le Prix Nobel de la Paix 1926 aux deux hommes !
Le 27 août 1928, ils récidivent en organisant à Paris la signature du pacte Briand-Kellog, en vue de « mettre la guerre hors la loi ». Dans une belle envolée, Briand appelle à la création des États-Unis d'Europe. Mais le krach de 1929 va ruiner ses espérances.
Le 14 septembre 1930, il est à la tribune de la Société des Nations, à Genève, quand un conseiller lui souffle à l'oreille qu'une centaine de députés nazis (107 exactement) viennent d'être élus au Reichstag (577 sièges). Comprenant que c'est la ruine de ses espérances, il murmure : « Tout est foutu ». Il s'éteint assez tôt pour ne pas assister à l'apocalypse, dans la nuit du 6 ou 7 mars 1932...
La IIIe République
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