Henri VIII Tudor (1491 - 1547)

Le roi qui respectait trop le mariage

Henri VIII monte sur le trône d'Angleterre à 17 ans, le 22 avril 1509. Il succède à son père Henri VII, fondateur de la dynastie des Tudor, en lieu et place de son frère aîné Arthur, mort prématurément.

Pour de simples motifs conjugaux, le roi, qui jouit d'un pouvoir quasiment absolu, va provoquer une rupture religieuse avec Rome et un schisme sanglant.

Fabienne Manière
Un prince de la Renaissance

Bien qu'enclin à l'obésité, le jeune roi séduit par son adresse aux sports et sa culture. Passionné de chasse et de... tennis, il est aussi féru de musique, de poésie et même de théologie.

Sa réfutation des thèses de Luther amène le pape à lui octroyer le titre de«défenseur de la Foi».

En 1520, le roi se laisse convaincre de rencontrer son jeune voisin, le roi de France François 1er. La rencontre du Camp du Drap d'Or débouche sur un échec et désormais, le roi va s'en tenir à une diplomatie de bascule entre le roi de France et l'empereur Charles Quint.

Il y a plus grave... Le roi s'inquiète de l'avenir de sa dynastie car sa femme Catherine d'Aragon, veuve de son frère aîné Arthur, ne lui a pas donné de garçon mais seulement une fille, Marie.

Divorces à la chaîne... et à la hache

Comme il a des principes, le roi demande sagement en 1527 au pape de l'autoriser à divorcer du fait que Catherine a été mariée à son frère. Le roi fringant se réjouit à l'avance de troquer son épouse de convenance, qu'il n'aime pas, contre une jeune et enjouée demoiselle de la Cour, Anne Boleyn.

Mais le pape Clément VII refuse le divorce pour ne pas déplaire à l'empereur Charles Quint, neveu de Catherine d'Aragon, fille de Ferdinand d'Aragon et Isabelle de Castille. Le roi se venge sur le lord chancelier cardinal Wolsey, qui a mal mené les négociations. Wolsey est destitué et emprisonné en 1529. Thomas More devient le nouveau chancelier (en quelque sorte le Premier ministre).

– 1533 : répudiation de Catherine d'Aragon

Catherine d'Aragon, par Michael Sittow (vers 1502) Plus que jamais désireux de se débarrasser de sa femme, le roi se laisse convaincre par un conseiller, Thomas Cranmer, de se dispenser de l'avis du pape et de prendre celui de quelques théologiens. Lesdits théologiens ne se font pas faute de donner raison au souverain.

Pour le roi, le temps presse car Anne Boleyn est enceinte et il importe que l'enfant, si c'est un garçon, naisse dans le mariage pour pouvoir hériter du trône.

Nommé archevêque de Cantorbéry (ou Canterbury), Thomas Cranmer unit en secret le roi et sa maîtresse le 15 janvier 1533.

Et le 23 mai 1533, il déclare invalide le mariage avec Catherine d'Aragon. Par voie de conséquence, l'unique fille du couple est déclarée bâtarde !... Elle n'en règnera pas moins à la mort de son demi-frère sous le nom de Marie Tudor.

Thomas Cranmer, archevêque de Canterbury Le 11 juillet 1533, le pape, décidément maladroit, réplique en excommuniant le roi. C'est la rupture.

Un ancien conseiller de Wolsey, Thomas Cromwell (rien à voir avec le dictateur du siècle suivant) convainc le roi de suivre l'exemple des princes allemands. Le roi, pieux, n'a aucune envie de rompre avec le catholicisme mais il accepte de rompre avec la papauté.

Il fait adopter par le Parlement le Statut des Appels, qui interdit à tout Anglais d'en appeler à Rome d'une décision de justice nationale. Dans la foulée, il fait voter l'Acte de Suprématie par lequel il rompt avec le Saint-Siège, s'affranchit de l'autorité pontificale et se proclame «l'unique et suprême chef de l'Église d'Angleterre».

Il ne veut plus voir dans le pape que le simple évêque de Rome tout en continuant de se réclamer de la foi catholique. L'Acte de Succession, enfin, annule le premier mariage.

Le chancelier Thomas More et l'évêque de Rochester Jean Fischer, qui refusent de prêter serment au nouveau chef de l'Église anglicane, sont condamnés à mort et décapités. Ce sont les premières d'une longue série de victimes.

– 1536 : décapitation d'Anne Boleyn

Anne Boleyn (1507-1536) En attendant, la situation familiale du roi ne s'arrange pas. Henri VIII commence à se lasser de sa compagne d'autant qu'elle ne lui a donné qu'une fille (la future Elizabeth 1ère, plus grand souverain qu'ait eue l'Angleterre !) et un fils mort-né.

La reine, pas vraiment habile et très impopulaire, est accusée de pas moins de cinq adultères. Aurait-elle voulu remédier à l'incapacité supposée du roi à engendrer un fils viable ? Nous ne le saurons jamais. Pour ne rien arranger, elle se voit aussi accusée d'inceste avec son propre frère et de haute trahison.

Toujours est-il qu'elle est condamnée à mort par un tribunal présidé par son oncle, le duc de Norfolk. Le roi lui épargne d'être brûlée vive. Elle est proprement décapitée à l'épée le 19 mai 1536... après avoir exprimé sur l'échafaud sa tendresse pour le roi. Onze jours plus tard, son veuf se remarie avec Jeanne (ou Jane) Seymour.

- 1537 : mort en couches de Jeanne Seymour

Jane Seymour Les affaires, cependant, continuent. Thomas Cromwell lance des imprécations contre les moines, accusés de tous les maux. Comme un certain nombre d'entre eux refusent de prêter serment, ils sont mis à mort.

Malgré de fortes oppositions, les monastères sont saisis et vendus à vil prix. L'anticléricalisme et le nationalisme d'une partie de la population se déchaînent... et permettent à une poignée de seigneurs et d'habiles spéculateurs de s'enrichir sur le dos des moines et de la Couronne.

Le roi se jette à corps perdu dans les fêtes. Il mange et boit plus que de raison. Il se montre aussi de plus en plus tyrannique et multiplie les exécutions.

Côté coeur, il aurait des motifs de se réjouir : le 12 octobre 1537, sa troisième femme donne le jour à un garçon, le futur Édouard VI, qui sera cause de bien des tourments, mais elle meurt en couches.

– 1540 : Anne de Clèves, sitôt épousée, sitôt répudiée

Henri VIII, effrayé par les violences et les divisions auxquelles a conduit sa réforme religieuse, veut y mettre un hola. Pour éviter un schisme définitif, il fait adopter en 1539 le Statut des Six Articles qui officialise et impose le dogme catholique sous peine de sanctions sévères.

Aussi surnommé «Bill sanglant» ou «fouet à six queues», le texte réaffirme la transsubstantiation (l'hostie consacrée est vraiment le corps du Christ), l'inutilité de la communion sous les deux espèces (le pain et le vin), l'excellence du célibat clérical, la validité des voeux de chasteté, la confession et les messes privées.

Anne de Clèves, par Hans Holbein Il ne reste plus à Henri, qui ne supporte pas le célibat, qu'à chercher une nouvelle âme soeur. Dans son désir de rapprocher l'Angleterre de l'Allemagne luthérienne, Thomas Cromwell lui suggère une princesse allemande, Anne de Clèves.

Le roi se laisse convaincre sur la foi de son portrait. Sa déception est grande quand il voit la princesse pour de bon. Cruel et injuste, lui qui n'a plus rien d'un prince charmant la compare à un cheval.

Le mariage est célébré le 6 janvier 1540... et rompu six mois plus tard. Nantie d'une confortable pension, l'ex-reine poursuit une existence paisible en Angleterre. Thomas Cromwell, qui a eu la mauvaise idée de ce mariage, a moins de chance. Il est exécuté.

– 1542 : la légère Catherine Howard perd la tête

Catherine Howard (1522-1542), 5e épouse du roi Henri VIII Henri VIII ne s'est pas plus tôt débarrassé de sa princesse allemande qu'il se remet en ménage avec un tendron de 18 ans à la cuisse légère, Catherine (ou Kathryn) Howard.

On peut se demander pourquoi Henri VIII, qui règne en souverain absolu et ne se gêne pas pour faire exécuter des conseillers défaillants, s'obstine à vouloir ainsi légaliser ses adultères... À 50 ans passés, le roi, qui plus est, est perclus de douleurs et franchement obèse, au point qu'on doit le hisser dans une nacelle d'un étage à l'autre de sa résidence.

Catherine se console de son destin en accordant des rendez-vous clandestins à deux amants. Mais le bon archevêque de Cantorbéry veille. Thomas Cranmer informe Henri VIII de l'inconduite de la reine. Après l'exécution des deux amants vient le tour de la reine. Elle est décapitée le 13 février 1542 dans la Tour de Londres, à tout juste 20 ans.

– 1543 : Catherine Parr la survivante

Henri VIII se marie pour la sixième fois le 12 juillet 1543 avec Catherine Parr, une femme de 31 ans, déjà deux fois veuve. Point belle mais instruite et attachée à la foi luthérienne, elle ne craint pas de tenir tête au roi. Après la mort du souverain, le 28 janvier 1547, elle se remarie avec... Thomas Seymour, frère de Jeanne Seymour. Elle en aura un enfant, une fille, à 35 ans et mourra quelques mois plus tard.

Édouard Seymour, frère aîné de Thomas, devient quant à lui Lord Protector (régent du royaume) sous le règne du jeune Édouard VI.

Publié ou mis à jour le : 2020-11-22 11:53:10
niki (16-02-2016 17:14:52)

contrairement à ce qui est indiqué dans l'article, kateryn parr était plutôt jolie - elle était particulièrement instruite, ce qui n'a jamais empêché une femme d'être belle ;)

Adelya22 (02-10-2014 21:21:19)

Il est vrai que les séries télévisées notamment celle des Tudors sont passionnantes par la mise en scène quelque peu romantique de l'histoire des Tudor. Il est important d'avoir la possibilité d... Lire la suite

Respectez l'orthographe et la bienséance. Les commentaires sont affichés après validation mais n'engagent que leurs auteurs.

Actualités de l'Histoire
Revue de presse et anniversaires

Histoire & multimédia
vidéos, podcasts, animations

Galerie d'images
un régal pour les yeux

Rétrospectives
2005, 2008, 2011, 2015...

L'Antiquité classique
en 36 cartes animées

Frise des personnages
Une exclusivité Herodote.net