Le Grand Palais (Paris) présente 200 œuvres magistrales : France 1500, entre Moyen Âge et Renaissance (jusqu'au 10 janvier 2011). On regrette l'absence d'accompagnement pédagogique.
L'art des décennies qui entourent 1500 est souvent présenté en France comme celui d'une période de transition, voire comme un entre-deux sans grand intérêt entre un Moyen Âge gothique agonisant et une Renaissance italianisante dont les effets commencent tout juste à se faire sentir, grâce aux guerres italiennes menées par Charles VIII, Louis XII et François Ier.
Pour corriger cette impression, le Grand Palais consacre une grande exposition à la France en 1500, afin de montrer qu'elle n'est pas simplement à la traîne de l'Italie ou encore de la Flandre, mais qu'elle est aussi le creuset d'une nouvelle esthétique.
Le pays se remet alors de la guerre de Cent Ans : plusieurs régions connaissent un vigoureux essor économique et deviennent des grands centres artistiques, comme Paris, Lyon, Moulins (où les Bourbons ont leur cour), le Val de Loire, la Champagne, la Bourgogne, avec en particulier le cardinal Jean Rolin, évêque d'Autun (mort en 1483), ou encore la Normandie, où l'archevêque de Rouen, Georges d'Amboise (mort en 1510), fait aménager le château de Gaillon. Le patronage des rois et de leur entourage - on pense ici en particulier à Anne de Bretagne - mais aussi des nobles et ecclésiastiques, permet aux artistes d'exprimer leur talent dans de bonnes conditions.
Le visiteur peut ainsi admirer les tranquilles vierges à l'enfant, rayonnant de tendresse, ou les extraordinaires enluminures, soit sur des manuscrits, soit sur des imprimés où on laisse des blancs à cet effet. Les Grecs et Romains représentés y combattent en grand apparat de chevaliers, les donateurs en revanche sont souvent représentés de manière très naturalistes sur les scènes religieuses.
Et pourtant, on ressort de l'exposition avec un sentiment de frustration. Comme souvent au Grand Palais - et c'est malheureusement une tendance qui fait aussi des ravages ailleurs - l'ambition des commissaires semble se limiter à l'accumulation de pièces spectaculaires, non à l'explication de ces œuvres au public. L'audioguide remplit peut-être cette fonction, mais on a jusqu'à nouvel ordre le droit de ne pas en prendre et d'avoir malgré tout des informations.
L'exposition est divisée en deux sections principales :
- la première, au rez-de-chaussée, présente ainsi, après une brève introduction, les œuvres par centres de production, mais sans vraiment expliquer les spécificités de chacun.
- à l'étage, l'exposition prend un tour plus thématique, mais là non plus, on n'a pas cru bon de nous expliquer ce qui fait précisément qu'un tableau reflète à la fois un style italianisant et une influence flamande.
Il n'est pourtant pas difficile d'agrandir un détail d'une œuvre et de l'expliquer, soit sous forme électronique, soit de façon plus classique sur un panneau, quitte à écarter certaines pièces pour se concentrer sur les plus remarquables ou les plus emblématiques de leur temps.
De plus, d'un point de vue proprement historique, les explications sont très insuffisantes. On aimerait par exemple une analyse plus sérieuse des conséquences de l'invention de l'imprimerie et de la multiplication des gravures, qui permettent la diffusion des reproductions de tableaux ou de statues à travers l'Europe et peuvent ainsi influencer les artistes.
En somme, on conseillera à regret, d'autant que le prix du billet d'entrée, sans être excessif, est tout de même conséquent (11 euros plein tarif), d'acheter un des nombreux suppléments ou numéros spéciaux de revues consacrés à l'exposition avant la visite, afin d'en profiter pleinement.
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