Clémentine Portier-Kaltenbach (Jean-Claude Lattès, 300 pages, 18 €, 2010)
Nous avons savouré Grands z'héros de l'Histoire de France, par Clémentine Portier-Kaltenbach, une revue enjouée des antihéros de notre Histoire : Kerguelen, Villeneuve, de Grasse et d'Estaing, Grouchy, Népomucène Lemercier et bien d'autres...
Journaliste et historienne, Clémentine Portier-Kaltenbach s'est prise de sympathie pour les antihéros très décriés ou injustement ignorés de notre glorieuse Histoire.
Le résultat est un livre d'une pétulante drôlerie. Idéal pour la plage ou les siestes à l'ombre des pommiers. À tout seigneur tout honneur, le livre débute par une dédicace de Clemenceau au président Félix Faure, décédé dans les conditions délectables que l'on sait : «En entrant dans le néant, il a dû se sentir chez lui !».
À regret, Clémentine Portier-Kaltenbach a dû faire un tri parmi les candidats à la gloire éditoriale. Ainsi a-t-elle relégué dans l'introduction un certain Henri Deledicq qui assista à la signature de l'Armistice dans le wagon de Rethondes et en tapa le texte sous la dictée du maréchal Foch. Trop ému, il inversa les carbones de sa machine à écrire de sorte que les chefs de guerre, à l'exception d'un seul, signèrent - sans s'en apercevoir - des documents en texte inversé et donc illisibles !
Consciencieuse et méthodique, l'auteur a répertorié ses personnages en plusieurs catégories, s'interrogeant à chaque fois sur la pertinence du jugement de l'Histoire. Elle débute son enquête avec les zéros pointés et les faux nuls : Vercingétorix, Charles VII, Charles IX... et le plus convaincant de tous, le comte de Chambord.
La mer est à l'origine de vocations nombreuses de zhér'eaux en France, comme pour mieux montrer que la vocation maritime du pays n'est pas à la hauteur de sa rivale anglaise. Il y a d'abord le comte de Kerguelen (1734-1797) qui donna son nom à un archipel glacé sur lequel il n'eut jamais le courage de poser le pied. Il y a aussi Chaumareys, le naufrageur de La Méduse et Villeneuve, le vaincu de Trafalgar, qui mériterait de partager avec Napoléon 1er le déshonneur de la défaite...
Parmi les chefs de guerre, on a bien sûr une pensée pour Soubise (Rossbach, 1757), Grouchy (Waterloo, 1815), Bazaine (Metz, 1870), etc. L'historienne clôt (provisoirement ?) son palmarès avec Napoléon Zéro, autrement dit Léon Bonaparte, fils naturel de Napoléon 1er, né en 1806 d'une liaison avec Éléonore Revel, une amie de Caroline Bonaparte. Comment il finit ? Comme tout zhéro qui se respecte : dans l'anonymat et, hélas, la misère.
Publié ou mis à jour le : 10/06/2016 09:42:47
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