509 à 133 av. J.-C.

Grandeur de la République romaine

Après une longue et obscure gestation, Rome devient, en 509 av. J.-C., une république. Comme la plupart des cités-États de l'époque (Athènes, Carthage...), elle se dote d'un gouvernement aristocratique ou oligarchique, autrement dit dominé par une minorité de privilégiés.

La cité est alors dirigée par un Sénat où siègent les représentants des familles patriciennes, dont les origines se perdent dans la nuit des temps.

André Larané
SPQR

Socle de statue sur le forum de Trajan (Rome)La République romaine se définit comme une institution ayant à sa tête le Sénat et le peuple romain représenté par les tribuns de la plèbe. Rien à voir avec un État territorial caractérisé par ses frontières ! C'est ce qui ressort des quatre lettres qui s'affichent partout avec fierté : SPQR, ce qui veut dire Senatus populusque romanus (« Le Sénat et le peuple romain »).

Camille Corot, Le Forum vu des jardins Farnèse, 1826; Paris, musée du Louvre. Agrandissement : Le Forum Romain aujourd'hui

République sénatoriale

Les institutions républicaines se stabilisent peu à peu au prix de nombreux conflits qui opposent la plèbe aux patriciens et à leurs clients. À la base, il y a toujours les Comices curiates qui votent les lois et élisent chaque année les magistrats.

Les magistrats qui supervisent le gouvernement de la cité, comme autrefois les rois, sont les praetores, plus tard appelés consuls. Au nombre de deux, ils sont élus seulement pour un an. Ils exercent le commandement de l'armée (l'imperium). Un préteur urbain les remplace lorsqu'ils doivent s'absenter de la cité.

Le Sénat républicain est composé d'anciens magistrats nommés à vie. Ses avis aux magistrats, les senatus-consulte, font autorité.

En 494 av. J.-C., les plébéiens, écrasés par les taxes et criblés de dettes, font sécession d'avec les patriciens et se disposent à fonder une nouvelle ville sur l'Aventin (d'où l'expression : « se replier sur l'Aventin » !). Pour les amadouer, les patriciens leur accordent la création de deux postes de magistrats à part : les tribuns de la plèbe

Obligatoirement issus de la plèbe et inviolables, les tribuns de la plèbe ont mission de défendre les intérêts de la plèbe contre les éventuels abus de l'aristocratie patricienne. Ils détiennent aussi un droit de veto qui leur permet de bloquer toute décision jugée hostile à la plèbe.

De 451 à 449, dix anciens consuls - les Décemvirs - sont chargés de rédiger la « loi des XII tables ». Celle-ci établit l'égalité civile entre patriciens et plébéiens.

Au fil des décennies, les riches plébéiens se rapprochent de l'égalité politique. Ils obtiennent que leur soient accessibles toutes les magistratures. Il advient même que sur les deux consuls élus chaque année, l'un d'eux doive obligatoirement être plébéien.

Les citoyens ne peuvent accéder à une magistrature sans avoir au préalable exercé la magistrature inférieure. C'est la carrière des honneurs (cursus honorum). Elle commence avec 1) les tribuns de la plèbe, qui peuvent s'opposer aux décisions des autres magistrats. Après viennent 2) les questeurs, en charge des finances, puis 3) les édiles, en charge des affaires municipales, 4) les préteurs, qui rendent la justice, 5) les deux consuls, qui dirigent le gouvernement et l'armée et peuvent, en cas de situation grave, nommer un dictateur pour six mois maximum. Enfin viennent 6) les censeurs, au nombre de deux, qui dénombrent les citoyens et surtout recrutent les nouveaux sénateurs.

Comme dans les autres cités du monde méditerranéen, notamment en Grèce, l'armée fait appel à des conscrits. Tous les hommes libres de 17 à 46 ans peuvent être mobilisés à l'exception des plus pauvres. L'armée romaine est surtout composée de fantassins regroupés en légions de 4 000 hommes.

La République à l'épreuve

Très tôt, la République doit combattre des voisins hostiles : les Étrusques eux-mêmes, les populations montagnardes, les autres Latins, sans parler de quelques peuples plus lointains comme les Gaulois ou Celtes dont un chef, Brennus, pille la ville vers 390 av. J.-C.

Les oies du Capitole

L'historien Tite-Live raconte dans sa volumineuse Histoire de Rome la guerre que livra sa ville aux Gaulois du nord de la péninsule italienne (la Gaule cisalpine) vers 390 av. J.-C.
La jeune république se remet avec peine d'une guerre de dix ans contre sa voisine, la cité étrusque de Véiès. Le général Camille (Marcus Furius Camillus), qui s'est emparé de Véiès en 396 av. J.-C., est accusé d'avoir détourné une partie du butin et choisit de s'exiler. C'est ce moment-là que choisit une troupe de Gaulois de la tribu des Sénons pour assaillir Rome. À leur tête un chef du nom de Brennus.
Après avoir écrasé l'armée romaine sur les bords de l'Allia, un affluent du Tibre, ils pénètrent dans la ville, la pillent et l'incendient. Les Romains doivent se replier sur la forteresse du Capitole. Des Gaulois tentent d'en escalader les murailles pendant la nuit mais les défenseurs sont prévenus à temps par les oies sacrées du temple de Junon, qu'ils ont eu la décence d'épargner malgré la disette !
Au bout de sept mois de siège, les Romains rendent malgré tout les armes et acceptent le tribut que leur impose Brennus, à savoir mille livres d'or. Au moment de la pesée, comme ils mettent en doute la régularité de l'opération, Brennus jette sa lourde épée sur le plateau des poids et lance : « Vae victis ! ». Les Romains ne pipent mot mais quelque temps plus tard, ils rappellent Camille et lui octroient le titre de dictateur...

Camille (Marcus Furius Camillus) réorganise l'infanterie romaine en légions (4000 à 5000 hommes) subdivisées en manipules (compagnies) et centuries (sections). Il vainc les Étrusques de Véiès et les Gaulois. Cela lui vaut d'être surnommé le « deuxième fondateur de Rome » (après Romulus).

Les épreuves forgent les qualités des soldats-paysans de Rome ! Après avoir soumis les Latins, les Étrusques et repoussé les Gaulois, les légions romaines doivent affronter les Samnites descendus des Abruzzes. Enfin, en 272 av. J.-C., les Romains s'emparent de Tarente, métropole de la Grande Grèce, un ensemble de colonies grecques prospères installées au sud de la péninsule italienne. Toute la péninsule est désormais soumise à Rome. Ce n'est pas encore un empire universel mais ça en prend le chemin.

Après la conquête de l'Italie, cette armée disciplinée et résolue va disputer à Carthage la Méditerranée occidentale. Ce sera le point de départ d'un empire à vocation universelle, unique en Occident par son étendue et son rayonnement. Les trois guerres puniques (d'après l'autre nom donné aux Carthaginois) vont témoigner de l'opiniâtreté des Romains et révéler leur vocation impérialiste.


Publié ou mis à jour le : 2024-04-07 10:38:07

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