Situé à l'est du Sud-Est asiatique, l'actuel Viêt Nam (on écrit aussi Vietnam ou Viêt-nam) s'étire du nord au sud, entre la mer de Chine et des montagnes boisées, sur 330 000 km2. La plaine littorale, très étroite, s'élargit à l'endroit de deux deltas : le Mékong, au sud, et le Fleuve rouge (Song Koï) au nord.
Doté d'un climat chaud et de pluies abondantes grâce aux moussons, le Viêt-nam pratique avec succès la riziculture irriguée. Sa population est de 98 millions d'habitants (2020). À la charnière du monde chinois et du monde indien, le pays a affirmé son identité nationale avec le concours de missionnaires français. Il a enfin gagné son indépendance à l'issue de trente ans de guerres...
Le premier royaume connu est celui de Van Lang, au nord. Il remonte selon la légende à l'union d'une immortelle et d'un dragon. De leur union serait née la dynastie des 18 rois Hung qui régna de 700 à 257 av. J.-C.
Cette lointaine antiquité prend fin en 208 av. J.-C. quand un général d'origine chinoise fonde dans la même région le royaume de Nam Viêt, d'un nom qui signifie « pays du sud ». Un siècle plus tard, en 111 av. J.-C., l'Empire du Milieu (la Chine) annexe le royaume, l'asservit pendant plus de mille ans et le rebaptise Annam en 679. De cette longue période d'« occupation » date la méfiance des Vietnamiens à l'égard de leur puissant voisin.
Plus au sud, c'est encore l'influence hindoue qui prime. Le royaume du Champa s'épanouit dans la région de Hué, en relation étroite avec l'Inde.
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Cette série de cartes montre le bref processus (à peine plus d'un millénaire) pendant lequel l'Asie du Sud-Est s'est successivement imprégnée des cultures et religions de ses grands voisins (hindouisme, islam, christianisme, culture chinoise etc.
En 938, Ngo Quyen triomphe de l'armée impériale chinoise. La Chine, moyennant le payement d'un tribut triennal, reconnaît l'indépendance de l'Annam, lequel prend désormais le nom de Dai Viet.
Bien que séparée de la Chine et séduite par le bouddhisme, la société vietnamienne reste imprégné de doctrine confucéenne. Le royaume du Dai Viet étend son territoire vers le sud, aux dépens du Champa, en proie à un long conflit avec le royaume khmer d'Angkor (1145-1220).
En 1413, les Chinois sont de retour. Mais le mouvement de résistance mené par Lê Loi libère le delta du Fleuve rouge en 1426. Lê Loi fonde deux ans plus tard la dynastie des Lê postérieurs. Elle règnera sur le Dai Viet jusqu'en 1788.
Cette longue période de paix voit se constituer une société originale dotée d'une culture propre et d'un vif sentiment national.
À partir de 1524, la réalité du pouvoir échappe aux Lê. Le pays se déchire entre les seigneurs Trinh, qui contrôlent le nord, et les Nguyen au sud. Ceux-ci, installés à Huê, bénéficient d'abord de l'appui des Portugais, premiers Européens à installer un comptoir, Hoi An.
Au cours du XVIIe siècle, les Nguyen absorbent définitivement l'ancien Champa et étendent leur domination à tout le delta du Mékong et au Cambodge. C'en est fini de la culture indienne dans le delta du Mékong.
Au début du XVIIe siècle, sous les Nguyen, des missionnaires débarquent au sud de la péninsule. Il s'agit de jésuites français qui ont choisi de s'implanter au Vietnam pour la simple raison que c'est la seule partie de l'Asie encore disponible (les missionnaires espagnols et portugais sont déjà très présents dans les autres parties de l'Extrême-Orient).
Les Vietnamiens se montrent réceptifs à la christianisation et dès 1658, on compte dans le pays pas moins de 300 000 catholiques. En remplacement des idéogrammes chinois, peu appropriés à leur langue, le père jésuite Alexandre de Rhodes leur donne un alphabet inspiré de l'alphabet romain, le quoc ngu. Il est toujours en usage.
Beaucoup plus tard, le 28 novembre 1787, soit à la veille de la Révolution française, Monseigneur Pigneaux de Béhaine, évêque in partibus d'Adran (Arabie) et missionnaire en Asie du Sud, fait signer au roi Louis XVI un « petit traité de Versailles » par lequel la France s'engage à soutenir un prince local, Nguyên Anh.
Le fils de celui-ci, à peine âgé de sept ans, se rend pour l'occasion à Versailles !
En échange de son soutien, la France obtient le monopole du commerce extérieur et deux ports, Tourane et Poulo-Condor. Ces modestes établissements apparaissent comme l'amorce d'une revanche sur les Britanniques qui tiennent les Indes.
Monseigneur Pigneaux de Béhaine, devenu vicaire apostolique de Cochinchine, se voue corps et âme à son pays d'adoption. Il modernise la flotte de son protecteur, le prince Nguyên Anh, et fait venir trois navires et un corps de troupe pour le soutenir. Cela lui vaut de belles funérailles de la part des Vietnamiens lorsqu'il meurt, en 1799.
En 1801, Nguyên Anh est chassé par une révolte et se réfugie à Bangkok.
Mais il reconquiert son trône avec l'appui des jésuites français, de leurs « engagés volontaires » et de leur flotte. L'année suivante, il se proclame empereur de l'ensemble du pays sous le nom de Gia Long. Huê est confirmée comme capitale de ce que l'on nomme désormais Viêt-nam.
Mais la lune de miel entre Français et Vietnamiens prend fin après la mort de Gia Long (1820). Ses successeurs adoptent une politique isolationniste et en viennent à persécuter les catholiques. Louis-Philippe Ier prend prétexte des persécutions pour bombarder Da Nang en 1847. Et lorsque surviennent de nouveaux massacres de chrétiens à l'initiative de l'empereur Tu Duc, l'empereur Napoléon III en profite pour lancer une entreprise de conquête.
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