Pour qui reste insensible au charme de Brest, port militaire et sous-préfecture du Finistère, nous recommandons une retraite dans l’abbaye de Daoulas, à une trentaine de kilomètres au sud de l’agglomération, où se tient jusqu'au 5 décembre 2021 une manifestation dédiée à « l’amour, récits d’Orient et d’Occident ».
Nous sommes ici près de Plougastel, le royaume de la fraise, mais point de serres en vue, seulement des landes au vert intense parsemées de vergers, et un peu plus loin l’extrémité de la mer d’Iroise, qui baigne Brest et sa rade.
Il y a huit ou neuf siècles, des chanoines réguliers de l’ordre de saint Augustin ont fondé une abbaye en ce lieu stratégique qui fait la jonction entre le pays de Léon et le pays de Cornouaille, le premier sous l’autorité de l’évêque de Brest, le second sous l’autorité de l’évêque de Quimper.
Cette abbaye romane a connu bien des avanies au cours des siècles. Il en reste toutefois de magnifiques restes qui témoignent de sa splendeur passée : cloître, fontaine et oratoire, etc. L’abbatiale fait aujourd’hui office d’église paroissiale pour le village mitoyen.
Gardons-nous des clichés
Les bâtiments communautaires de l’abbaye abritent une école ainsi qu’un espace culturel dédié à des expositions temporaires. Jusqu’au 5 décembre 2021, on peut ainsi y voir une exposition dédiée à « l’amour, récits d’Orient et d’Occident ».
Manuscrits, livres, enluminures, arts décoratifs, peintures et vidéos tentent un parallèle sur les manières d’aimer dans le monde chrétien et dans le monde islamique.
L’exposition montre une femme occidentale soumise à un mâle brutal et inapte à l’amour, du moins avant le mouvement #metoo ; tout le contraire de la femme musulmane ! Elle ne fait pas non plus dans la nuance en amalgamant le monde musulman sous la forme d’un bloc indistinct, du Maroc à l’Inde, du VIIe siècle à nos jours. Les Mille et une Nuits sont abondamment citées mais sous les traductions très subjectives de Galland et Mardrus.
Reste la découverte de quelques œuvres touchantes, prêtés par les musées nationaux ou les musées bretons, ainsi que des extraits de films désuets (Fernandel dans le rôle d’Ali Baba) et de chefs-d’œuvre à voir et revoir (Roméo et Juliette dans l’adaptation de Zeffirelli, 1968).
Autour de l’abbaye a été aménagé dans les dernières décennies un « jardin des simples ». Il s’étage sur plusieurs niveaux, avec des aperçus sur l’abbaye, le village, la campagne et la rade et nous donne à voir et sentir des plantes médicinales et des arbres de toutes les régions du monde.
Ce jardin se prolonge dans le village, classé à juste titre parmi les plus beaux villages de France, avec ses maisons en pierre et ses murets couverts de fleurs, ses ruelles tranquilles et ses chemins bordés d’arbres fruitiers.
Jardin, parcs et village sont le théâtre, jusqu’au 5 décembre, de balades photographiques qui ajoutent au plaisir de la flânerie. De grands panneaux nous donnent à découvrir l’œuvre du photographe Babak Kazemi, qui a revisité un grand texte de la culture persane, « Shirin et Farhad », du poète Nezami Ganjavi (1175).
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