Dossiers d'Archéologie

Bimestriel, N° 370, Juillet-Août 2015, 9,80€

Bimestriel, N° 370, Juillet-Août 2015, 9,80€

Corse : richesses archéologiques de la Préhistoire à l'époque moderne

Dynamique, variée et ouverte sur l’extérieur, l’archéologie corse s’est enrichie ces dernières années de collaborations nombreuses et pluridisciplinaires.

Ce numéro des Dossiers d’Archéologie (juillet-août 2015) propose un voyage à travers les paysages et les cultures des hommes qui ont vécu sur l’île depuis ses premiers peuplements préhistoriques jusqu’à la domination génoise. Avec la participation de nombreux archéologues et spécialistes, richement illustré, il offre aux lecteurs les découvertes et connaissances les plus récentes sur le patrimoine archéologique de l’île.

Destination favorite des touristes, l'« île de Beauté » bénéficie d'un patrimoine archéologique méconnu. Il témoigne de toutes les cultures qui se sont succédées sur l’île depuis les chasseurs-cueilleurs arrivés il y a environ 10.000 ans, sans doute en provenance de Sardaigne.

Vue aérienne du dolmen de Casa di l’Urca à la suite des fouilles. © DRAC de Corse, F. Leandri

Les agriculteurs du Néolithique, qui arrivent ensuite vers 6.000 ans av. J.-C., vont laisser plus de traces : ils développent l’agriculture, l’élevage et installent les premiers villages. Depuis le sud de l’Italie en passant par la Sardaigne, ils apportent avec eux céréales et animaux domestiques, dont le fameux cochon corse redevenu sauvage depuis.

Ces populations sédentarisées construisent les premiers monuments de l’île : les dolmens, cercles de pierre et statues-menhirs, servant aux sépultures et sans doute à l’héroïsation des élites sociales. Ces mégalithes sont encore visibles un peu partout sur l’île.

Alignements d’I Stantari, plateau de Cauria. Certaines statues-menhirs portent des épées. Photo K. Peche-Quilichini.

À l’Âge du bronze, au IIe millénaire av. J.-C., la société se transforme : une élite guerrière émerge. Elle s’exprime également par l’érection de statues-menhirs toujours plus nombreuses et parfois ornées d’épées sculptées ou gravées. On peut en admirer sur le plateau de Cauria près de Sartène. Ce plateau est une réserve archéologique de plus de 60 hectares, riche d’un complexe hors normes de mégalithes et d’alignements de pierres.

Vue aérienne du castellu d’Araghju. © DRAC de CorseL’Âge du bronze est encore l’époque des castelli, des habitats perchés et fortifiés avec souvent une tour au sommet, comme celui d’Araghju.

Considéré pendant longtemps comme un « âge obscur », l’Âge du fer, au 1er millénaire av. J.-C., a laissé moins de traces matérielles visibles. Mais cette période est aujourd’hui entièrement redécouverte par les archéologues.

Elle révèle une l’île en forte connexion avec le reste de la Méditerranée et bien intégrée aux échanges commerciaux avec les Grecs, les Étrusques, les Carthaginois... comme en témoignent certaines épaves.

L’Âge du fer annonce la période suivante, qui voit s’implanter durablement les Romains, avec la fondation de la colonie militaire de Mariana vers 100 av. J.-C. Le comptoir commercial d’Aléria devient capitale de la province romaine de Corse et se dote de tout l’apparat monumental de sa nouvelle fonction : forum, temples, thermes, amphithéâtre etc.

Des bateaux livrent quantité de vin d’Italie, de Gaule et d’Espagne, mais aussi sauces de poissons et minéraux. Les échanges au sein de l’île sont à l’image de cet espace méditerranéen pacifié qui favorise le commerce à l’heure de la pax romana.

Le plateau de la colonie d’Aléria et son forum. © ctc

Avec le Moyen Âge, la Corse connaît une vague d’évangélisation portée d’abord par des prélats venus d’Afrique. Sagone, Mariana et Ajaccio sont les premiers grands évêchés de l’île. Dans les campagnes, des établissements religieux structurent le paysage.

La chapelle du Cap à Pianottoli-Caldarello. Photo D. Istria.

À partir du XIIe siècle, des fortifications protègent la population. Elles deviennent progressivement le siège de vastes seigneuries qui assoient l’autorité d’une famille sur un territoire alors que l’île est sous l’autorité toute théorique de l’évêque de Pise.

Château de Serravalle (Piedigriggio). © DRAC de CorseÀ la fin du Moyen Âge, la République de Gênes étend son empire à la Corse et chasse les Pisans. Pour lutter contre une piraterie endémique qui ronge l’île, la République décide d’ériger au XVIe siècle tout le long du littoral une ceinture de tours et citadelles qui servent de refuge aux habitants. Encore visibles partout sur les côtes corses, leur efficacité redoutable en fait des modèles de stratégie militaire pour toute l’Europe du XVIIIe siècle.

Après le rattachement de la Corse à la France en 1768, elles seront utilisées et entretenues jusqu’au XXe siècle. On leur prête même un rôle sanitaire, car la Corse restera à l’abri des grandes épidémies venues du continent en 1579 et 1655. Quelques-unes sont aujourd’hui fouillées : elles livrent de précieux témoignages de la vie quotidienne en Corse à l’époque moderne. Elles sont encore très nombreuses au bout de sentiers de randonnée entre ciel, mer et rocher.

Ludivine Péchoux, Dossiers d'Archéologie

Tour de la presqu’île d’Omigna. © fotolia.com /G. Besnard


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