Le 27 septembre 1748, une ordonnance du roi Louis XV abolit l'institution des galères et incorpore ces dernières dans la marine royale. Les forçats sont désormais internés dans des prisons côtières ou dans des navires hors service, notamment à Toulon, dans ce qui sera le bagne.
Résurgence du travail forcé sur les navires
C'est à Jacques Coeur, marchand et Grand Argentier du roi, que revint l'idée de recruter de force des rameurs à l'image de ce qui se faisait déjà sous l'Antiquité romaine. Comme il faisait face à une pénurie d’embauche de marins qui menaçait son négoce, il proposa à Charles VII de procéder à des enrôlements de force et lui demanda d’autoriser l’utilisation des « méchantes gens » responsables de l’insécurité dans les villes, en tant que mariniers-avironneurs.
Le 22 janvier 1443, Charles VII, convaincu, se décida à suivre les conseils de son Argentier et lui accorda le « privilège » d’enrôler par tous les moyens, y compris la force, et à condition de leur fournir une convenable rémunération, les « personnes oyseuses, vagabondes et autres caïmans » qui troublaient l’ordre et la paix des cités du littoral. Ainsi Jacques Cœur venait-il de fonder les bases de ce vieux bagne, de cette institution qui plus tard, et durant des siècles, porterait le nom infamant de « galères ».
Les condamnés étaient enchaînés à leur banc. À leurs côtés, les engagés volontaires n'étaient pas enchaînés. Quand la galère coulait, ceux-ci pouvaient tenter de survivre si, du moins, ils savaient nager... Les condamnés quant à eux coulaient avec l'épave. Les uns et les autres formaient... la chiourme.
En novembre 1564, un édit publié à Marseille fixe à dix ans le minimum de la peine des galères pour une raison essentiellement pragmatique : éviter les rotations trop rapides de rameurs, d'autant que leur formation requiert du temps : « Défendons à tous juges tant de nos cours souveraines qu?autres doresnavant user vers nos subjects de condamnation à temps de peine de gallères moindre que de dix ans. A laquelle peine de dix ans ils pourront condamner ceux qu?ils trouveront le mériter ».
Naissance de la Royale
Les galères s'étaient multipliées au siècle suivant, sous le règne de Louis XIV. Le Roi-Soleil avait manifesté sa volonté de dominer les mers comme le continent et il avait confié à son ministre Colbert le soin de créer une marine digne de ce nom, rivale des marines anglaise et hollandaise.
Colbert avait d'abord acheté des navires à l'étranger avant de lancer une industrie navale en France même. Dès 1677, la France comptait 116 vaisseaux dont douze de premier rang, avec 74 à 120 canons. Au total plus de six mille canons.
Les galères royales basées à Toulon étaient au nombre d'une quarantaine. Ces bateaux longs et bas, à un pont et deux mâts, étaient armés de canons à l'avant. À l'arrière, ils étaient surmontés du carrosse ou tabernacle, où se tenaient les officiers.
Chaque galère était placée sous le commandement de quatre officiers d'épée (des gentilshommes). Ils avaient sous leurs ordres une centaine de soldats, appelés bas-officiers, qui faisaient office de geôliers. Parmi eux les argousins, qui ferraient les galériens, et les pertuisaniers, qui surveillaient ceux-ci lors des corvées.
Les rameurs étaient des... esclaves turcs achetés sur les marchés de Livourne, de Gênes ou de Malte, ainsi que des condamnés de droit commun. À ceux-là s'ajoutaient de malheureux vagabonds, des huguenots ou encore des faux-saulniers, coupables de contrebande sur le sel. Ils dormaient ordinairement sur leur banc et vivaient dans une puanteur à peine supportable.
Saint Vincent de Paul s'était indigné mais en vain du sort de ces hommes. Leur malheur était le prix à payer pour la gloire de la « Royale », surnom encore actuel de la marine française.
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HAMONET (27-09-2020 13:09:14)
Article très intéressant comme toujours qui démonte des clichés souvent répétés !