Le 1er octobre 1946 est rendu le verdict du procès ouvert à Nuremberg, le 14 novembre 1945.
C'est le plus grand qu'ait eu à connaître l'Histoire et le premier qui ait mis en accusation un régime politique, celui fondé par Hitler en 1933. Il a permis de traîner 24 dirigeants allemands sur le banc des accusés sous quatre chefs d'inculpation : complot, crime contre la paix, crime de guerre et crime contre l'humanité.
Le choix de la ville n'est pas anodin. Nuremberg (Nürnberg en allemand) est au Moyen Âge au coeur de l'Histoire allemande. Mais pour des raisons moins sentimentales que pratiques, parce que située au centre de l'Allemagne moderne et bien reliée par le train et la route à toutes les régions du pays, elle est choisie par Hitler pour accueillir les réunions annuelles de son parti à partir de 1926.
Les Alliés ayant décidé de juger en ce lieu hautement symbolique les criminels nazis, on débloque à la hâte dix millions de deutschemarks pour restaurer tant bien que mal l'ancien palais de justice.
Les quatre juges du Tribunal et leurs suppléants représentent les quatre pays vainqueurs de la Seconde Guerre mondiale : États-Unis, URSS, Grande-Bretagne et France (le juge français s'appelle Henri Donnedieu de Vabres).
Les Soviétiques n'obtiennent heureusement pas que les nazis se voient imputer le massacre de Katyn... Les autres crimes qui leur sont imputés sont suffisamment accablants et avérés, en particulier ceux relatifs à la Shoah, pour justifier la condamnation à la pendaison de Göring, von Ribbentrop, Keitel, Kaltenbrunner, Rosenberg, Frank, Frick, Streichner, Sauckel, Jodl, Seyss-Inquart et Bormann (en fuite ou disparu).
Hess, Funk, Dönitz, Raeder, von Schirach et Speer sont condamnés à la prison. De façon quelque peu surprenante, Schacht, von Papen et Fritzche sont acquittés. Höss, commandant d'Auschwitz, sera remis ensuite à un tribunal polonais et pendu sur les lieux de son crime.
Une seconde vague de procès a lieu l'année suivante à l'initiative des Américains seuls. L'un d'eux juge les responsables des Einsatzgruppen de la Schutzstaffel (SS), qui pratiquèrent le génocide par balles en Europe orientale. Il débouche le 10 avril 1948 sur la condamnation à mort de 14 des 24 inculpés (4 seulement seront exécutés : Ohlendorf, Naumann, Blobel, Braune).
Les procès de Nuremberg ont un grand retentissement dans le monde entier et donnent le sentiment que justice est faite concernant les crimes nazis. Mais il faudra attendre le procès d'un second couteau, Adolf Eichmann, à Jérusalem, le 11 avril 1961, pour que l'opinion occidentale distingue parmi ces crimes la spécificité du génocide.
Le procureur américain Benjamin Ferencz rappelle dans le documentaire de Michaël Prazan (Einsatzgruppen, 2009) que c'est seulement pour des raisons matérielles, faute de place, qu'il n'y eut pas plus d'inculpés sur les bancs de l'accusation.
Il relate sa visite dans la cellule de l'un des condamnés, Ohlendorf, commandant de l'un des Einsatzgruppen. C'était un intellectuel bardé de diplômes, père de cinq enfants. Il lui demanda s'il avait un dernier souhait à formuler et, dit le procureur, au lieu d'un mot de regret ou de tendresse à l'égard de sa famille, il n'obtint qu'un cri de haine à l'adresse des juifs américains !
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Erik (26-09-2016 15:35:38)
Je me suis souvent demandé sur base de quoi Rudolf Hess s'est vu condamné à la prison alors que durant la période concernée, il y était déjà ...
Olivier Pène (25-09-2016 19:38:25)
Témoignage de Pierre Pène, qui était gouverneur du Bade et a assisté à une journée de ce procès : Le procès de Nüremberg n'était évidement pas de la compétence de Pierre Pène mais il ... Lire la suite